I - Abolir la détention « administrative »
Plusieurs prisonniers mènent la grève de la faim illimitée pour réclamer
l’abolition de la détention « administrative », forme de détention
arbitraire qui menace l’ensemble du peuple palestinien. La détention dite
administrative est une forme de torture psychologique puisque son
renouvellement est souvent prononcé quelques heures seulement avant le moment
de la libération prévue.
Pour la deuxième fois consécutive, Ayman Sharawneh a momentanément
arrêté sa grève, suite à la promesse reçue de revoir son dossier. Sa famille
juge son état de santé très préoccupant, puisque Ayman a persisté dans sa grève
de la faim pendant 6 mois consécutifs. Après avoir brutalisé Samer Issawi et sa
famille dans les locaux du tribunal militaire, la famille de Samer Issawi, qui
poursuit sa grève de la faim depuis 165 jours, est placée en état de siège. Les
forces de l’occupation ont même démoli la maison de son frère Ra’fat, située
dans le quartier Issawiya dans al-Qods, et coupé l’eau qui alimente la maison
familiale. L’occupation croit ainsi faire pression sur le gréviste de la faim. Sheikh
Khodr Adnan a commenté : « l’occupant se venge parce qu’il est devenu
impuissant. Il a donné ordre à la municipalité sioniste d’al-Qods de détruire
la maison et de couper l’eau. »
L’épouse de Jaafar Izzidine poursuit la grève de la faim, en solidarité
avec le mouvement lancé par les prisonniers détenus administratifs, Jaafar
Izzidine, Tareq Qaadan et Youssef Shaabane, qui réclament leur libération
immédiate et mènent la grève de la faim depuis 47 jours. Les trois prisonniers
résistants (appartenant au mouvement du Jihad islamique) ont été emmenés à la
prison Ramleh, où se trouve une sorte d’hôpital, à cause de la détérioration de
leur état de santé. C’est la bataille « pour la dignité des Palestiniens »
qui se poursuit. Les prisonniers grévistes ont décidé de poursuivre le
mouvement juqu’à leur libération. Vendredi 11 janvier, les trois prisonniers
ont été placés en isolement. Tareq Qaadan
a déclaré : « nous refusons la soumission à l’arbitraire des hommes
du Shabak (services de renseignements de l’occupation), ces arrestations ne
fixent pas notre destinée, nous ne plierons pas, nous refuserons la détention
administrative, de toutes nos forces ».
La campagne pour l’abolition de la « détention
administrative » doit s’élargir. La pression internationale, le boycott
des institutions sionistes, la campagne médiatique pour la libération des
prisonniers, doivent s’intensifier. Ne laissez pas les prisonniers
mourir ! Participez à la bataille pour leur libération !
2 – Statistiques
Le centre d’études consacré aux prisonniers palestiniens vient
d’annoncer que les prisonniers palestiniens détenus depuis plus de 20 ans dans
les prisons sionistes s’élève à 72. Le prisonnier Ahmad Ali Arida de Arraba, Jénine
(42 ans) détenu depuis le 4/1/1993 et condamné à 20 ans de prison, et le
prisonnier Mahmoud Jamil Abou Srour (41 ans) du camp Aïda au nord de
Beit-Lahem, arrêté depuis le 5/1/1993, et condamné à la prison à vie, ont
rejoint la liste des prisonniers détenus depuis plus 20 ans et plus. Deux
frères du prisonnier Ahmad Arida sont également prisonniers, dont Mahmoud
Arida, condamné à perpétuité. Le prisonnier Abou Srour a obtenu sa licence et
son diplôme d’études supérieures en études politiques. Il est interdit,
soi-disant pour raisons sécuritaires, des visites familiales.
Le nombre de prisonniers détenus depuis 25 ans et plus s’est élevé à 23
prisonniers. Le prisonnier appartenant au FPLP, Yassin Abou Khdeir, de la ville
d’al-Qods, est prisonnier depuis le 27/12/1987. Il est condamné à 28 ans de
prison pour résistance à l’occupation. Le plus ancien prisonnier palestinien
détenu dans les prisons sioniste est le prisonnier Karim Younes, des
territoires occupés en 1848, détenu depuis le 6/1/1983. A l’occasion du début
de sa 30ème année de détention, le doyen des prisonniers Karim
Younes a adressé une lettre très amère au Fateh, auquel il appartient.
3 – 12 députés palestiniens toujours détenus
Parmi eux, 7 députés en
« détention administrative », sans aucune charge, uniquement par
vengeance. Il s’agit des députés Mahmoud Ramhi, Fathi Qar’awi, Yasser Mansour,
Bassem Za’arir, ‘Imad Nofal, Hassan Youssef et Nayef Rajoub. Pami les ministres
toujours en détention, Wasfi Qubbaha, ancien minisre chargé des prisonniers,
‘Issa Ja’bari et Khaled ‘Arfa, ministre chargé d’al-Qods. L’Etat sioniste avait
arrêté 51 députés et ministres après les élections législatives de l’Autorité
palestinienne en 2006. Ils furent accusés d’appartenir au bloc du
« changement et de la réforme », lié au Hamas, que l’occupant avait
interdit. Le renouvellement de leur détention « administrative » a été maintes fois prononcé par les tribunaux
militaires sionistes. Les députés Ahmad Saadate, Jamal Tirawi et Marwan
Barghouti furent « jugés » et condamnés par les tribunaux militaires.
4 - Prisonnières palestiniennes en lutte
Lina Jarbouni, prisonnière originaire de Palestine 48, qui devait être
libérée dans le cadre de l’accord d’échange en octobre 2011, a refusé toute
démarche en direction des autorités carcérales, en protestation au refus de
l’administration pénitentiaire sioniste de réduire sa détention du tiers, ce
qui se fait en général pour les prisonniers palestiniens de 48, après plusieurs
années d’incarcération. Lina Jarbouni, accusée d’appartenir au mouvement du
Jihad islamique, a participé au mouvement de la grève de la faim au printemps
dernier en soutien à la campagne pour l’abolition de la détention
administrative. Lina Jarbouni a été arrêtée en 2002 et subi un interrogatoire
sauvage pendant un mois. Elle a été condamnée à 17 ans de prison. Bien que
malade, les autorités carcérales refusent de la faire soigner. Lina Jarbouni
est représentante des prisonnières auprès de l’administration pénitentiaire.
Dans la prison Hasharon où elle est incarcérée, se trouvent également : In’am
Hasanat, du camp Dheishé, Alaa Ju’bi, d’al-Khalil, Salwa Hassan d’al-Khalil,
Hadeel Abu Turki d’al-Khalil, Asmaa Batrane, d’al-Khalil, Noura Abou Wardé
d’al-Khalil, Muna Qaadan, sœur de Tareq Qaadan, en grève de la faim, de Jénine,
Nawal Saadi, de Jénine et Manar Zahawra de Beit-Lahem.
Par ailleurs, l’état de santé de la prisonnière Nawal Saadi (53 ans),
épouse de sheikh Bassam Saadi, tous les deux cadres du mouvement du Jihad
islamique en Palestine, et détenus administratifs, suscite la crainte de sa famille.
Mère de deux martyrs tombés au cours de la bataille de Jénine en 2002, Nawal
Saadi souffre de tension élevée. Elle a été arrêtée le 5 novembre 2012 et est
détenue dans la prison de Hasharon. L’occupation a plusieurs fois ajourné la
séance de son « jugement ».
67 femmes ont été arrêtées au cours de l’année 2012, plusieurs d’entre
elles en tant que « prisonnières administratives ».
5 – Portrait
Le prisonnier Mohammad Abu Ara (Abu Abada) est né à Aqaba, dans la
province de Jénine, en Cisjordanie, le 28 avril 1961. Il poursuit ses études
secondaires puis universitaires, à Toubas puis en Jordanie, et obient son
diplôme en « Fondements de la religion » en 1985. En 1996, son fils
cadet tombe martyr.
Abu Abada a été emprisonné 6 fois, au total 61 mois. Il est toujours en
« détention administrative » depuis le 29 juillet 2011. Sa première
détention fut du 14/12/1990 au 20/3/1991. Sa troisième détention fut la plus
pénible, à cause de l’interrogatoire subi pendant 65 jours, où il fut
sauvagement torturé, gardant les séquelles jusqu’à présent (cardiaque). Il fut arrêté le 29/7/2011 par les forces de
l’occupation alors qu’il se trouvait dans sa maison, à Aqaba. Son père décède,
le cœur meurtri de n’avoir pas vu son fils, à son chevet. Dans une lettre
adressée à sa famille, Abu Abada décrit les traitements « sadiques »
des gôliers et les maux qui rongent son corps et les corps de centaines de
prisonniers, livrés au froid et à l’humidité des cellules de la prison de
Meggido. Il y décrit son transfert à l’hôpital de Afoula, lorsque son état de
santé empire, les pieds et les mains liés, et enchaîné. Dans l’hôpital, les
chaînes relient ses pieds au lit, trois policiers le surveillent. Il est
tansféré en salle d’opérations toujours enchaîné, où il subit une intervention
chirurgicale au cœur. Dans la salle de repos, il est de nouveau enchaîné au
lit, sans pouvoir bouger. Ce sont les conditions dans lesquelles les occupants
sionistes soignent les prisonniers palestiniens.
6 – le poète Tahrir Barghouty : 12 ans de prison
Le poète Tahrir Khalil Isma’il Barghouty (44 ans) du village de Qobar,
dans la province de Ramallah, entame sa douzième année de détention. Autour de
plusieurs recueils de poèmes, il a été accusé par l’occupant d’acitvités
hostiles à l’occupation. Son poème « Malgré les chaînes, ils ont
échoué » a été offert à tous les prisonniers dans les prisons sionistes.
Des centaines d’intellectuels, poètes, romanciers, professeurs, écrivains et
journalistes palestiniens font partie de cette élite résistante, emprisonnée
par l’occupation.
7 – Solidarité
Bien que de nombreux commentateurs aient signalé la faible mobilisation
de la population palestinienne avec les prisonniers en grève de la faim, et
trouvé des explications à cela (division inter-palestinienne, problèmes
quotidiens, absence de perspectives, entre autres), la solidarité avec les
prisonniers grévistes de la faim se poursuit en Palestine : dans le
village de ‘Arraba, province de Jénine, une manifestation hebdomadaire mobilise
la population qui réclame l’abolition de la détention administrative :
sheikh Khodr Adnane et Bilal Diab (anciens détenus administratifs appartenant
au mouvement du Jihad islamique, ayant réussi à recouvrer leur liberté grâce à
la grève de la faim) en sont les principaux acteurs. A Gaza, un rassemblement
hebdomadaire des familles de prisonniers et des forces politiques et
associations de solidarité se tient devant les locaux de la Croix-Rouge
Internationale pour rappeler à cette institution internationale le sort réservé
aux prisonniers, et surtout son inaction et soumission aux autorités de
l’occupation. A Londres (Grande-Bretagne), un rassemblement a été organisé en
soutien aux prisonniers grévistes de la faim. Les participants ont réclamé à la
chaîne BBC de couvrir médiatiquement la situation des prisonniers et leurs
luttes. Une délégation des associations
des Palestiniens de 48 s’est récemment rendue en Irlande et Grande-Bretagne
pour expliquer la situation des prisonniers palestiniens de 48 et réclamer le
soutien le plus large à leur cause.
8 - Mahmoud Abbas refuse de rencontrer la mère de Samer Issawi
Ayant considéré qu’un président a la charge de protéger et de défendre
son peuple, la mère de Samer Issawi, prisonnier administratif en grève de la
faim depuis plus de 160 jours, a décidé de se rendre chez Mahmoud Abbas, pour
lui demander de réclamer la libération de son fils, puisque le nouveau statut
international de l’Autorité Palestinienne, lui aurait ouvert les portes de la
« communauté internationale ». Après avoir passé plusieurs heures aux
barrages et après être finalement arrivée à la Mouqataa de la présidence de
l’Autorité, Mahmoud Abbas a refusé de recevoir la mère de Samer Issawi, lui
faisant juste passer ce message : « demande à ton fils d’arrêter la
grève de la faim ! » Sans commentaire !!!
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