I - Abolir la détention « administrative »
Les prisonniers poursuivent leur combat, pour la libération et les
valeurs humaines les plus élevées. Ils ont
gardé leur moral, comme leurs familles et les avocats l’affirment. Ils exigent
leur libération immédiate, ils s’élèvent contre l’injustice et l’humiliation. Ils
veulent vivre dans la dignité, dans leur patrie. Ils veulent chasser l’occupant
qui est soutenu par la « communauté internationale ». Leur lutte
défie l’occupation d’abord, mais aussi toutes les instances internationales qui
prétendent défendre les droits de l’homme, à commencer par l’ONU et ses organisations,
puis celles qui ont été érigées en références d’un monde soumis à
l’injustice : Amnesty International et ses semblables.
Dernière lettre du combattant prisonnier Ayman Sharawneh ?
Les autorités de l’occupation continuent à transférer Ayman sharawneh
d’une prison à l’autre, alors qu’il poursuit la grève de la faim, affichant un
sadisme rare, afin de le déstabiliser, et même le tuer. Ayman le sait. Il a
écrit une lettre d’adieu à sa famille, son peuple, aux combattants et
résistants pour une Palestine libre et libérée. Il dit : « je suis en
train de dire adieu à toutes les parties de mon corps. Le rein droit ne
fonctionne plus, le gauche fonctionne à 50%. Mon pied gauche est paralysé, mon
œil droit ne voit plus, et mon état de santé est en détérioration constante….
Si je m’en vais, Samer Issawi et d’autres prisonniers en lutte ont besoin de
votre soutien, ils relèvent de votre responsabilité….. Mon moral est très
élevé, et je jure par Dieu le Tout-Puissant que je n’arrêterai pas ma grève
avant de retourner dans ma maison et ma famille. Ce vendredi premier février,
j’ai cessé de boire de l’eau et refuse toute consultation médicale de la part
des sionistes haineux. Si je tombe martyr, mon sang poursuivra les occupants de
sa malédiction.
Je vous remercie pour votre solidarité. Je sais pertinemment que la
solidarité avec les prisonniers grévistes ne dépasse pas les quelques centaines
de personnes, comme si la question des prisonniers était secondaire, nous
sommes passés à la marge. J’espère que vous saurez réagir à la mesure des
sacrifices consentis. Quand est-ce que vous allez vous réveiller ?
Je demande à tout être libre de notre peuple d’agir et de ne pas
abandonner les prisonniers au sort des chiffres inscrits sur le tableau des
martyrs. A ma famille, je vous demande
d’éduquer mes fils dans la voie de l’islam et la vie digne . J’ai vécu,
digne et fier, défendant ma patrie et mon peuple. J’ai accepté ce que mon
Seigneur m’a accordé. »
Akhram Rikhawi enfin libéré. Il avait repris la grève de la faim fin janvier pour
exiger le respect de l’accord qui avait mis fin à sa lutte il y a quelques
mois. Akram Rikhawi, de la bande de
Gaza, avait mené une grève de la faim de trois mois. Les autorités de
l’occupation avaient accepté qu’il soit libéré le 23 janvier dernier. Elles
n’ont pas tenu parole. Il avait repris sa grève.
Les Brigades des martyrs d’Al-Aqsa, branche armée du Fateh, et le Front de la
libération nationale (FDLP) menacent : la trêve (implicite) avec l’ennemi
sera rompue si un quelconque malheur arrivait aux prisonniers en lutte. Par
ailleurs, les Brigades d’al-Aqsa ont lancé un appel au président de l’AP,
Mahmoud Abbas, pour qu’il assume ron rôle et sauve les prisonniers
palestiniens, et un autre appel à l’Egypte qui a supervisé l’accord d’échange
d’octobre 2011 afin d’intervenir auprès de l’occupation à propos de ce dossier.
De son côté, sheikh Nafez Azzam, membre du bureau politique du mouvement
du Jihad islamique, a déclaré que les dirgeants réunis au sommet islamique au
Caire pouvaient faire pression sur les Etats-Unis et les Etats européens et
« perturber » l’Etat sioniste en intervenant sur les dossiers des
prisonniers et de la colonisation dans les territoires occupés en 1967.
8 mois après avoir été libéré, Adnan Asfour (49 ans) de Nablus a de nouveau
été arrêté le 4 février dernier. Adnan Asfour fut détenu administratif pendant
40 mois, pour appartenance au Hamas, ce qui signifie qu’il représente une
menace à la sécurité de l’occupant, selon le Shabak.
2 – Statistiques
Le rapport mensuel d’un organisme de solidarité avec les prisonniers
indique que 370 Palestiniens ont été arrêtés au cours du mois de janvier 2013,
en Cisjordanie et la bande de Gaza, la majorité en Cisjordanie. C’est dans la
ville d’al-Quds où les arrestations furent les plus nombreuses, avec 92
Palestiniens arrêtés, puis la ville d’al-Khalil (82), la région de Jénine (44),
la région de Bethlehem (36) et Nablus (35). 72 enfants et 5 femmes ont été
arrêtés pendant ce mois. Le nombre total des prisonniers dans les geôles de
l’occupation s’élève à 4750 prisonniers, à la fin du mois de janvier 2013,
répartis sur 17 prisons et centres de détention et d’interrogatoire.
Les autorités de l’occupation ont multiplié les incursions et
répressions dans les prisons, notamment dans la prison de Ascalan et de Naqab,
qui a subi 7 incursions (sections 8 et 9). A cause des mauvaises conditions
dans les prisons, les prisonniers Hisham Mohammad Taha (23 ans), d’al-Khalil,
Mu’tassem Raddad et Nizar Mohammad Sadar (29 ans) ont dû être transportés d’urgence
à l’hôpital.
42 prisonniers détenus administratifs ont subi le renouvellement de leur
détention, parmi eux dr. Mohammad Izzat Sayyed, de Jénine (2ème
fois), et le dirigeant du Hamas Jamal Tawil.
7 prisonniers libérés de la ville d’al-Khalil ont été à nouveau arrêtés
par l’occupant. 150 enfants ont été arrêtés au cours du mois de janvier dans le
bourg d’al-Issawiya (al-Quds).
Prisonniers de la ville d’al-Quds
224 Palestiniens de la ville d’al-Quds sont actuellement prisonniers. 38
d’entre eux sont condamnés à perpétuité par l’occupation. Une femme, Intissar
al-Hadra, arrêtée il y a deux mois, est détenue dans la prison de Hasharon. 15
enfants maqdisis sont détenus dans la prison de Hasharon également.
Après la rafle menée par l’occupation contre les militants et dirigeants
du mouvement Hamas en Cisjordanie, le nombre des députés détenus s’élève à 16
députés au conseil législatif, la plupart des « détenus
administratifs ». Parmi eux, le député d’al-Qods, précédemment expulsé
vers Ramallah, Ahmad Attoun.
3 – Libérés
Le dirigeant du mouvement du Jihad islamique sheikh Bassam Saadi
a été libéré le 4 février, après une détention de 21 mois. Il avait été arrêté
le 5/5/2011, cinq jours seulement après sa libération d’une détention
administrative de 8 ans (2003 – 2011). Il a été accueilli dès sa sortie de la prison
de Ofer par des dizaines de manifestants, qui l’ont accompagné jusqu’au village
de Arrabe, pour affirmer sa solidarité avec les familles des prisonniers en
grève de la faim, sheikh Tareq Qaadane et Jaafar Izzidine. Il s’est ensuite
rendu au camp de Jénine, à son domicile, après être passé au cimetière des
martyrs, prier sur les tombes des martyrs, dont ses fils Ibrahim et Abdel Karim,
tombés lors de la défense du camp en avril 2002. Son épouse Nawal a été arrêtée
il y a environ trois mois, ainsi que son beau-fils, Ashraf Jada’. Dans le camp
de Jénine, où des centaines de Palestiniens sont venus l’accueillir, il a
réclamé une grande mobilisation digne des prisonniers en lutte, pour exiger
leur libération et a annoncé que les prisonniers préparaient un mouvement
général de grève de la faim.
Le 5 février, le prisonnier Khaled Abou Rayaleh (41 ans) a été
libéré après 20 ans et quelques mois d’emprisonnement, ayant été accusé de
résistance à l’occupation. Il fut arrêté le 12/8/1992 pour appartenance aux
groupes du martyr Imad Akl, qui dépendent du mouvement Hamas.
Le 10 février, le prisonnier Bashar Irshid (39 ans) de la région
de Jénine a été libéré après 9 ans de détention dans les prisons de
l’occupation. Accueilli par la foule à partir de la prison de Meggido, Bashar
s’est arrêté un moment devant la tente de soutien aux prisonniers en lutte
installée à Jénine ; il a confirmé la vague de répression actuelle contre
les prisonniers.
4 – martyr
Le prisonnier libéré Ziyad Radayda (36 ans) , un des combattants du
mouvement du Jihad islamique, et libéré quatre ans auparavant, est décédé des
suites d’une longue maladie depuis son incarcération. Il habitait le village
Ubaydiya, près de Bayt-Lehem. C’est l’occupation qui est la seule responsable
du martyre de Ziyad, a affirmé un responsable du ministère chargé des
prisonniers à Ramallah. L’occupation, par sa politique sadique envers les
prisonniers, vise à se débarrasser des prisonniers en les laissant mourir ou
handicapés à vie.
5 – Traitements inhumains et refus des soins
Les autorités carcérales sionistes sont responsables du décès de
centaines de prisonniers palestiniens et arabes, à cause de leur refus de les
soigner. Elles sont également responsables du handicap de milliers de
prisonniers. C’est le cas précisément du prisonnier Nahed Al-Aqra’, de Gaza,
arrêté en 2007 et condamné à trois perpétuités. Nahed a été arrêté blessé, mais
il ne fut pas soigné. Il suivait un traitement en Jordanie avant qu’il ne soit
arrêté, mais les autorités carcérales n’ont pas poursuivi ce traitement. Son
pied gauche devra être tranché. Ce nouveau crime envers les prisonniers
palestiniens ne soulève aucune émotion de la part de la Croix-Rouge
Internationale, ni des organisations internationales.
6 – Ils veulent torturer sans « témoins »
Le shabak (service de renseignements sioniste) ne tient pas à ce que ses
interrogatoires musclés des prisonniers palestiniens soient filmés, même par
les services sionistes. Le shabak souhaite torturer sans « témoins »,
même sionistes. Il faut rappeler que la torture physique et morale est admise
dans l’Etat de la colonie sioniste en Palestine, et que c’est le seul Etat où
la torture n’est pas illégale. Craignant les « dérapages » ou
prévoyant les multiples procès qui pourraient être intentés contre les services
sécuitaires, des libéraux sionistes ont réclamé que les « scènes de
torture » (les interrogatoires) soient filmés. Le shabak refuse.
7 – Solidarité
Les militants solidaires de la lutte des prisonniers inaugurent de nouveaux
moyens en vue de populariser la solidarité dans les territoires occupés. Ayant
réalisé depuis quelques temps que les rassemblements devant les sièges du CICR
ou autres organismes manquaient de dynamisme et s’essouflaient et ne
concernaient plus que les mêmes personnes, les militants et les familles ont
installé le village « briser les chaînes » dans la région de Jénine,
qui fut vite démantelé par l’occupation, puis à présent « la forêt du
prisonnier » dans la même région. Un bout de terrain visé par la
colonisation a été investi par les militants et paysans qui l’ont nommé
« forêt du prisonnier » pour à la fois lutter contre la colonisation
et réclamer la libération des prisonniers.
Dans les territoires occupés en 48, plusieurs manifestations se sont déroulées devant
les prisons « israéliennes », réclamant la libération des prisonniers
en lutte. Le mouvement des jeunes du Front national démocratique ont produit
une vidéo « pourquoi ce silence ? Les prisonniers sont en
danger » concernant la lutte des prisonniers. Une manifestation s’est
également déroulée à Yafa.
Jamal Zahalqa, membre dirigeant de Rassemblement National démocratique,
a lancé un appel à diverses personnalités internationales, leur demandant
d’intervenir en faveur de la libération des prisonniers en lutte. Sur sa page
Facebook, il lance une campagne de solidarité, demandant d’écrire à Ban Ki-Moon
et à Amnesty International.
Dans l’exil, les Palestiniens réfugiés au Liban ont organisé plusieurs
rassemblements de solidarité avec les prisonniers grévistes de la faim ou les
prisonniers dans leur ensemble : dans le camp de Ayn el-Helwé, dans celui
de Baddawi, mais aussi devant le siège de la Croix-Rouge Internationale, et au
siège du syndicat des journalistes.
A Jénine, les familles des prisonniers en lutte ont pris l’initiative
d’interpeller les passants en leur offrant des roses et leur demander de
multiplier les invocations à Dieu pour libérer les prisonniers. Elles ont
également organisé une soirée aux bougies dans les rues de la ville.
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