08/05/2018

Résistance en Palestine : Poursuivre le chemin de la libération N° 6 - Mai 2018

les amis du martyr Mohamad Ayoub autour de sa tombe

« La mission du journaliste palestinien sur le terrain n’est pas simple, elle signifie qu’il doit se préparer au martyre avant même de porter sa caméra. Les traités et les lois internationales ne suffisent pas à le protéger, car l’occupant ne les respecte pas. » (le journaliste Hashim Hamade, Gaza, blessé par balles au cours de la « grande marche du retour ».)

Les martyrs tombent dans la voie de la libération de la Palestine et du retour. Des dizaines de martyrs et des milliers de blessés, en majorité dans la bande de Gaza, affirment que la « grande marche du retour », décidée par le peuple palestinien et ses organisations et unions populaires, demeure le grand défi face à l’occupant qui persiste à tuer des civils désarmés, pour la simple raison qu’il se sent menacé. La communauté internationale représentée par les puissances occidentales laisse faire, montrant qu’elle est une alliée incondionnelle d’une entité criminelle qui bafoue quotidiennement des règles instaurées en fait pour empêcher les révoltes des exploités et des opprimés. 

Malgré l’alignement de plusieurs régimes arabes aux côtés de l’agression sioniste et américaine contre les peuples arabes et surtout le peuple palestinien, malgré la poursuite de la voie de  la capitulation par l’Autorité palestinienne, qui combat les militants et les combattants, pour mieux plaire à la communauté internationale, le peuple palestinien et ses forces combattantes savent qu’ils peuvent transformer le « deal du siècle » américain en « gifle du siècle », selon les termes de Isma’il Haniyé, chef du Hamas. Les dirigeants sionistes croient qu’en accentuant la judaïsation du pays, et notamment d’al-Quds, ils pourront remporter leur guerre contre les Palestiniens. Mais la force militaire et la répression féroce n’ont jamais gagné une guerre contre un peuple qui lutte pour sa liberté. Les tentatives de détruire le passé de la Palestine pour le remplacer par des fables sionistes ne peuvent venir à bout d’un peuple qui tire sa détermination et son espoir de sa conviction profonde qu’il est le détenteur unique et légitime de la terre. Ni Trump, ni Netanyahu, ni Mohamad b. Selman le saoudien, ni le roitelet du Bahrayn ne peuvent entamer la détermination, l’abnégation et le courage palestiniens. Quand des soldats sionistes armés jusqu’aux dents fuient devant des jeunes palestiniens désarmés qui parviennent à prendre le poste-frontière de Karm Abu Salem, dans la bande de Gaza, pour quelques heures, cela signifie que la bataille entre l’usurpateur et le légitime est à un tournant crucial.

Martyrs tombés entre le 8 avril et début mai 2018

Décès de Marwan Qdayh, à cause de ses blessures dûs aux tirs des soldats sionistes sur les participants à la grande marche du retour. Le martyr Marwan Qdayh, 44 ans, de Khan Younes, avait été visé par les sionistes le vendredi 30 mars.
Mohamad Marshud, décès après avoir été blessé par les soldats de l’occupation, près de la colonie Maale Adomim (15 avril).
Mohamad Hujayle, 31 ans, tué par un obus lancé par l’armée d’occupation sur Shaja’iyaa, dans la bande de Gaza. L’aviation sioniste a mené plusieurs raids à l’aube.
Abdallah Shihari, 28 ans, tué par l’armée de l’occupation, à l’est de Khan Younis, bande de Gaza, au cours de la grande marche du retour.
Islam Harzallah, 28 ans, tué au cours de la marche du retour, dans la bande de Gaza.
A’ed Hamayde, 23 ans, Amjad Qatrous, 18 ans, Hisham Abdel Al, 22 ans, Hashim Kallab, 18 ans, membres des Brigades Sayara al-Quds, sont tombés martyrs dans la bande de Gaza, le 14/4, en mission, « sur la voie de la résistance pour la libération de toute la Palestine ».
Le martyr Awda Hussayn (Abu Nidal), écrasé par un colon le mois dernier dans She’fat, est décédé à l’hôpital, sans avoir repris connaissance.
Ahmad Abu Aql, 25 ans, assassiné au cours du 4ème vendredi de la grande marche du retour dans la bande de Gaza. Visé à la tête, les médecins n’ont pu le sauver (20/4).
Ahmad Athamna, 24 ans, assassiné au cours du 4ème vendredi de la grande marche du retour, au nord de la bande de Gaza.
L’enfant Mohamad Ayub, 15 ans, de Jabalia, visé par un sniper sioniste, lors de sa participation à la 4ème journée pour la marche du retour.
Sa’d Abu Taha, visé par l’armée d’occupation, à l’est de Khan Younes, lors de la 4ème journée dans le cadre de la marche du retour.
Tahrir Wahbe (18 ans), décédé suite à ses blessures à la tête, deux semaines plus tôt, à l’est de Khan Younes, lors de la marche du retour (22/4).
Abdallah Shamali, 20 ans, décédé une semaine après avoir reçu une balle explosive dans son ventre, d’un sniper sioniste, à l’est de Gaza. Il était le fils du martyr dirigeant qassamite Mohammad Jibril Shamali, tombé en 2009.
Le journaliste Ahmad Abu Hussayn, tombé martyr après avoir été visé par les tirs des sionistes, au cours de la marche du retour. Il avait été blessé et transféré à Ramallah pour recevoir des soins.
Azzam Uwayda, 14 ans, de Khan Younes, décédé par suite de blessures infligées par l’occupant le vendredi 27 avril.
Abdel Salam Bakr, 29 ans, Khan Younes, Mohammad Amin al-Muqayad, 21 ans, et Khalil Atallah, 22 ans, de Gaza, tués par l’occupant au cours du vendredi 27 avril.
Les jeunes Atiya Amawi, Yousef Amawi de Khan Younes (20 ans) et Yousef Abu Jazar (16 ans), exécutés par l’occupant à la fin du mois d’avril.
Anas Abu Asr, 19 ans, décédé le 3 mai des suites de blessures infligées le vendredi 27 avril, dans la bande de Gaza.
6 membres des Brigades al-Qassam tombent à Dayr Balah, Gaza, suite à une explosion le 5/5. Les Brigades al-Qassam accusent les sionistes d’être responsablest, de cett explosion : Taher Shahine, Wissam Abu Mahruq, Musa Salman, Mahmoud Ustaz, Mahmoud Tawashi, Mahmud Qishawi. Les 6 martyrs avaient réussi à percer l’un des plus grands appareils d’espionnage installé par l’occupant pour espionner la résistance dans la bande de Gaza.
Baha’ Qdayh (23 ans) de Khan Younes, Mohammad Rayda (20 ans) sont tués par l’occupant début mai.

De nombreux blessés graves décèdent quelques jours ou semaines plus tard, à cause des faibles moyens dans les hôpitaux de Gaza, soumis au blocus, par les sionistes, les régimes arabes et l’Autorité palestinienne.
L’occupant détient encore les corps de 22 martyrs, tombés dans les villes et villages de la Cisjordanie occupée et dans la bande de Gaza.


Résistance

Aux « frontières » de la bande de Gaza : depuis le 30 mars, la zone « frontalière » séparant la bande de Gaza au reste de la Palestine occupée n’est plus une zone sauvage. Les 5 tentes principales du retour y ont été installées, et un nouveau genre de vie a été instauré. Les sirènes des ambulances qui annoncent le transport des blessés, les manifestants qui lancent des pierres, les marchands ambulants qui parcourent la zone, se mêlent aux chants patriotiques lancés par les haut-parleurs, les groupes folkloriques qui animent les soirées, les élèves qui viennent étudier, et les cours qui sont dispensés, alors que les soldats sionistes tirent sur les participants, tuant et blessant autant qu’ils le peuvent. La participation des femmes à cette initiative est massive. 

Une délégation de médecins palestiniens des territoires occupés en 48, sous la direction de dr. Salah Hajj Yehya, est arrivée dans la bande de Gaza, pour aider à soigner le nombre important de blessés. Les Palestiniens de 48 ont participé à la marche du retour, à la limite de la bande de Gaza, sur les terres d’un village démoli, Dimra, lors du vendredi consacrée au travailleurs, le 4 mai.

Au cours du troisième vendredi de la « grande marche du retour », qui a été la journée du « drapeau palestinien », les manifestants ont lancé un message fort à l’entité coloniale, lui rappelant ses soldats prisonniers. Plusieurs dizaines de milliers de participants se sont rendus vers les barbelés installés par l’occupant sur les terres de la bande de Gaza, en présence du haut conseil national de la marche, qui regroupe les forces et les organisations nationales et islamiques. Les jeunes ont brûlé le drapeau de l’entité sioniste, et ont levé le drapeau palestinien. 

La 4ème journée du vendredi, dans le cadre de « la grande marche du retour » a assisté à l’apparition massive des cerfs-volants, nouvelle arme utilisée par les participants. Ces cerfs-volants qui sont envoyés vers les colonies, portent des matières inflammables et causent des incendies dans les champs des colonies. Une nouvelle cellule a été constituée par les participants pour construire les cerfs-volants et les équiper. Les dirigeants sionistes menacent de lancer leurs avions supersoniques contre les cerfs-volants, et discutent la manière de s’y opposer. 

Les participants à la grande marche du retour dans la bande de Gaza ont déplacé les tentes du retour vers les barbelés, de 50 à 100 mètres, en préparation de la journée du 15 mai (18 avril). Cinq tentes avaient été installées au départ à 700 mètres des barbelés, le long de la bande de Gaza, du nord au sud. Ils répondent à l’armée sioniste qui les a bombardés de tracts, les appelant à ne pas s’approcher des barbelés ni de participer à la marche du retour : « Allez-vous en, ne suivez pas les ordres de votre direction, elle vous envoie vers la mort ou l’emprisonnement. »

La 5ème journée du vendredi, le 27 avril, se déroule sous le slogan « journée de la jeunesse révoltée ». Au cours de cette journée, les manifestants sont parvenus également à couper les barbelés qui séparent la bande de Gaza de la Palestine occupée en 48. Des affrontements ont eu lieu entre les Palestiniens et l’armée d’occupation dans plusieurs endroits de la Cisjordanie occupée, à al-Khalil, Ramallah, al-Bireh, Nablus (village de Bayta), Ariha, après la prière du vendredi.

La 6ème journée du vendredi (4 mai) dans le cadre de la « grande marche du retour » est consacrée aux travailleurs. Au soir de cette journée, les jeunes sont parvenus à entrer dans le poste sioniste installé à Karm Abu Salem, au sud de la bande de Gaza, incendiant tout le matériel de ce poste-frontière.

Au moment où les Palestiniens de la bande de Gaza participent à la « grande marche du retour », les Palestiniens en Cisjordanie et al-Quds poursuivent leurs opérations de résistance contre l’occupant et s’engagent dans des affrontements quotidiens, et notamment les journées du vendredi, avec l’occupant. La ville d’al-Khalil a été le théâtre de plusieurs affrontements avec l’armée d’occupation, et des coups de feu ont été tirés vers plusieurs colonies, de même que les Palestiniens ont poursuivi les coups de poignard dans la ville d’al-Quds. Au cours du mois d’avril, 13 sionistes ont été blessés par diverses opérations de résistance.

Répression et purification ethnico-religieuse

L’occupant supprime le droit de résidence de trois députés maqdissis et d’un ancien ministre, sous le prétexte de « non-allégeance » à l’entité d’occupation. Les députés Mohammad Abu Tir, Mohamad Atoun et Mohamad Twayteh, membres du conseil législatif palestinien pour la ville d’al-Quds et l’ancien ministre Khaled Abu Arfa, sont victimes, depuis plusieurs années déjà, de mesures oppressives par l’entité coloniale, qui les a emprisonnés puis expulsés hors de la ville d’al-Quds. Supprimer le droit de résidence dans la ville d’al-Quds est une mesure utilisée par l’occupant pour poursuivre le « nettoyage ethnico-religieux » de la capitale palestinienne occupée. La décision du tribunal s’est également appliquée contre la mère du martyr Baha’ Alayan, parce qu’elle n’a pas « dénoncé » l’opération menée par son fils contre l’occupant.

Quatre maqdissis ont été éloignés de la ville d’al-Quds et d’al-Issawiya où ils habitent. Ils avaient été arrêtés puis détenus pendant quelques jours, et ont été libérés à condition de leur éloignement. Sheikh Ikrima Sabri, orateur dans la mosquée al-Aqsa, est interdit pour la 5ème fois de se rendre dans un pays étranger, pour participer à des conférences, car l’occupant le juge « trop contestataire » de l’ordre sioniste. L’occupant démolit un immeuble dans al-Issawiya le 30 avril, qui appartenait à Jamal Alayan. Pour ce faire, la municipalité de l’occupation a investi le quartier dès l’aube et a ordonné le départ des habitants de l’immeuble, et ses équipes ont vidé les magasins et les appartements. L’association coloniale Elad s’est emparée de trois maisons dans la ville d’al-Quds et a expulsé les familles qui y habitaient, dont la famille Ruwaydi.

L’occupant ferme le centre Iliya dans al-Quds, pour les médias des jeunes, et considère qu’il s’agit d’une organisation terroriste. La poursuite par l’occupant des journalistes et médias palestiniens fait partie de la guerre déclarée contre l’information palestinienne. Les représentants des associations civiles maqdissies et les institutions médiatiques de la ville protestent contre la fermeture d’un centre très actif dans la dénonciation des violations sionistes. La police « israélienne » encercle les participants à cette protestation. Le 20/4, elle investit une imprimerie et détruit une partie, à l’ouest d’al-Quds, et s’empare du matériel.

 Le tribunal suprême de l’entité sioniste menace les familles bédouines de Khan al-Ahmar, à l’est d’al-Quds, de transfert collectif vers Abu Diss. Il s’agit pour l’occupant de « nettoyer » les terres situées entre la mer morte et la ville d’al-Quds, de toute population « non-juive ». Le site de Khan al-Ahmar fait partie des 146 sites bédouins en Cisjordanie occupée, menacées par la présence sioniste. La municipalité de l’occupation dans al-Quds ordonne le rasage des terres appartenant à des familles maqdissies de Sour Baher, qui sont les familles Nimr, Umayra, Awad et Dwayat. Les terres étaient plantées de 500 oliviers.

Une campagne militaire est menée par l’occupant contre Abu Diss, au cours de la deuxième semaine du mois d’avril. L’armée sioniste entendait soumettre la population, après avoir découvert que le mur de l’annexion a été démoli à plusieurs endroits. 14 Palestiniens ont été blessés au cours de cette campagne. 

500 colons envahissent les sites religieux musulmans au nord de Salfit. Ils ont envahi le village de Kafal Hares, le 10 avril, qu’ils ont l’intention de judaïser. Ils ont pratiqué des rites talmudiques et pensent que ce faisant, ces lieux musulmans seraient judaïsés.

382 Palestiniens de Cisjordanie (al-Quds y compris) ont été arrêtés au cours du mois d’avril, dont 69 mineurs âgés de moins de 18 ans. L’occupant a émis 338 ordres de détention administrative, en l’absence des détenus qui boycottent les tribunaux de l’occupation Les arrestations sont quotidiennes : le 14/4, 23 Palestiniens sont arrêtés, et parmi eux un dirigeant du Hamas, Jamal Tawil, dans al-Bireh. 

L’occupant impose des sanctions contre les compagnies de bus palestiniennes qui transportent les manifestants dans la bande de Gaza pour participer à la grande marche du retour. 14 compagnies sont visées.  L’armée sioniste bombarde plusieurs sites dans la bande de Gaza, dans le but d’empêcher les organisations de la résistance de poursuivre la « grande marche du retour » (18/4). Elle tire sur les ambulances qui transportent des blessés et sur les centres médicaux installés pour secourir les blessés.
L’occupant démolit la maison du prisonnier Ahmad Qunbu’, de Jénine (23/4).

 Les Palestiniens s’opposent à la démolition et affrontent les soldats et les équipes de la démolition.  Il ferme la section de l’institut technologique d’al-Khodari, dans la ville d’al-Khalil, et interdit le personnel enseignant et les étudiants d’y entrer.

Dans le Naqab occupé, l’occupant annonce sa volonté de détruire 9 maisons dans le village Um al-Hiran, dans al-Naqab occupé, les maisons appartenant aux familles qui ont refusé de signer l’accord de leur déportation. Le ministre de la guerre et le chef de l’armée sioniste ont approuvé le plan d’installer un village pour les services de renseignements de l’occupation à la place du bourg palestinien de Lqyia, dans le Naqab occupé. Le plan prévoit le vol de milliers de dunums du village palestinien pour construire une ligne de chemin de fer pour relier le centre à ce village.

Profanation des lieux saints

Les sionistes projettent de construire un centre commercial et touristique sur la place de la grande mosquée historique à Tabaraya, la mosquée Zaydaniya. Cette mosquée est considérée comme étant une des plus importantes mosquées de la Palestine, elle avait été construite en 1743 au centre de la ville de Tabaraya. Il y a quelques années, la mosquée avait été utilisée par les colons comme dépôt pour les travaux entrepris par la municipalité sioniste de la ville. Elle fut fréquemment profanée par les détritus.

Les colons sionistes incendient une mosquée dans le village de Aqraba, région de Nablus le 12 avril. Le mouvement du Jihad islamique en Palestine dénonce le terrorisme sioniste.

Les colons lèvent le drapeau de l’entité sioniste sur la mosquée al-Haram al-Ibrahimi, dans al-Khalil., le 16 avril. Isma’il Abu Halawa, directeur des Awqafs musulmans dans la ville, a déclaré que la profanation de la mosquée al-Ibrahimie est continue, elle ne s’arrête pas aux fêtes juives. 

Les colons profanent la mosquée al-Aqsa : au cours du mois d’avril, 3678 colons sionistes ont profané la mosquée. 

Le cimetière de Bab al-Rahma, dans la ville d’al-Quds est profané par les sionistes, qui envisagent de construire un parc « biblique » à la place d’une partie de ses tombes. Celles-ci ont été démolies et des barbelés empêchent les familles de se rendre au cimetière. Le cimetière de Bab-Rahma est un cimetière palestinien historique, situé à proximité de la mosquée al-Aqsa, dans la vieille ville d’al-Quds. 


Dans les prisons de l’occupation

Au cours d’une conférence de presse tenue par la famille de la jeune Ahed Tamimi, 17 ans, arrêtée et détenue pour avoir giflé un soldat sioniste et s’être opposée à l’invasion de son village, Bassem Tamimi a dénoncé le harcèlement verbal dont a été victime sa fille, lors des séances d’interrogatoire par le Shabak. Il a annoncé avoir porté plainte, sans cependant avoir confiance dans l’institution juridique de l’entité de l’occupation. 

Les prisonniers détenus administratifs poursuivent la grève des tribunaux de l’occupation, commencée il y a plus de deux mois. 

Le plus ancien détenu administratif, Ibrahim Aruj, de Bayt Lahem, se trouve en isolement, dans la prison de Megiddo. Il a réussi à transmettre à son avocat que les forces d’occupation se comportent de manière sauvage avec lui, il est constamment attaché, sauf une heure de temps pendant la récréation. La cellule est fouillée de manière provocante trois à quatre fois par semaine. La détention administrative a été récemment prolongée de 3 mois. Il est détenu depuis 2016 et est en isolement depuis le 31 janvier dernier. 3 de ses frères sont encore détenus, Issa dans la prison de Ofer, Ibrahim est en isolement dans la prison de Megiddo depuis deux ans et demi, et Isma’il est en isolement dans la prison de Ramon, depuis 1 an et 9 mois. Thaer Halahla, cadre du mouvement du Jihad islamique en Palestine, 35 ans, de la ville d’al-Khalil, a été victime du prolongement de la détention administrative. Il a été détenu pendant 13 ans, dont 6 ans et demi en détention administrative. L’occupant transfère le prisonnier Abdel Jabbar Jarrar (52 ans) de Jénine, vers la détention administrative. Père de quatre enfants, il souffre de divers maux et appartient au mouvement Hamas. Le détenu sheikh Khodr Adnane a été brutalisé lors de son transfert vers d’une prison à l’autre.

A l’occasion de la Journée nationale du prisonnier palestinien, les centres de solidarité ont établi les dernières statistiques : 6500 prisonniers palestiniens sont détenus dans les prisons de l’occupation, dont 350 enfants, 62 palestiniennes, dont 21 mères de famille et 8 mineures, et 6 députés du conseil législatif. 500 prisonniers sont des détenus administratifs. 1800 prisonniers sont malades, le cas de 700 d’entre eux nécessite des soins urgents. 48 prisonniers sont détenus depuis plus de 20 ans, 25 prisonniers sont détenus depuis plus de 25 ans, et 12 prisonneirs sont détenus depuis plus de 30 ans. 214 prisonniers sont décédés au cours de leur détention, depuis 1967 jusqu’au 8 avril 2018. Parmi eux, 72 martyrs sont décédés à cause de la torture, 60 martyrs sont tombés à cause de la négligence médicale, et plus de 80 prisonniers martyrs sont décédés suite à la répression et l’assassinat direct.

Quant aux prisonniers palestiniens de la ville d’al-Quds, ils sont au nombre de 570, avec 68 enfants. Mohammad Tayseer Taha a été condamné à 11 ans de prison, et Ahmad Manasra, à 10 ans et 11 mois, et Shuruq Duwayat à 16 ans. Le plus jeune enfant est Mohamad Houshie, 14 ans, qui est détenu depuis deux ans.

De la prison où il est détenu, le dirigeant au Fateh, Marwan Barghouty, appelle à rejoindre la « grande marche du retour »

Le tribunal de l’occupant condamne le prisonnier Youssef Aghbarieh, 22 ans, des territoires occupés en 48, à deux ans de prison pour avoir planifié l’attaque de l’ambassade américaine lors de son transfert vers al-Quds.

La liste noire des normalisateurs et lutte contre la normalisation

La normalisation des relations avec l’occupant sioniste fait un grand pas en avant dans les pays de la péninsule arabique (Arabie saoudite, Emirats, Bahrayn surtout) alors qu’elle est dénoncée par des comités de lutte contre la normalisation et des responsables politiques du Koweit. En plus des interviews accordés par les dirigeants sionistes aux quotidiens saoudiens, les rencontres se font de plus en plus fréquentes, dans le but de fomenter une guerre contre l’Iran. Les responsables saoudiens font pression sur Mahmoud Abbas pour accepter le plan américain de Trump, qui consiste à liquider la cause palestinienne en accordant des terres « autonomes » à l’Autorité palestinienne, avec Abu Diss pour capitale à la place d’al-Quds. C’est dans ce cadre politique que les relations avec l’entité sioniste se développent avec des pays arabes. Le Maroc, par exemple, accueille l’armée sioniste qui ouvre un camp d’entraînement sur son sol, au moment où il rompt ses relations avec l’Iran, l’accusant de soutenir « militairement » le POLISARIO. Début mai, les cyclistes des Emirats arabes unis et de Bahrayn participent au tour de cyclisme en Palestine occupée, dans le cadre du tour italien. 

Les juifs tunisiens et marocains sont encore une voie de passage dans les pays du Maghreb arabe. En Tunisie, récemment, une délégation de rabbins, venue de l’entité coloniale et de pays européens, a été reçue en grande pompe par le gouvernement tunisien, et notamment le ministère du tourisme. La délégation a réclamé une lutte contre « le terrorisme musulman ». Dans ce genre de rencontres, l’entité sioniste n’est pas dénoncée comme étant « terroriste ». Sous le couvert de respect des religions, le sionisme pénètre dans les pays arabes. C’est dans ce cadre que le mufti de Tunis, Uthman Batikh, accorde une interview à un journaliste « israélien », lui souhaitant un bon séjour à Tunis.

L’ambassadeur sioniste est de retour en Jordanie, malgré les protestations du parlement jordanien. L’ancien ambassadeur sioniste avait tué 3 jordaniens avant d’être retiré et salué par les dirigeants de l’entité d’occupation. Cette gifle donnée au régime jordanien et le refus du parlement n’a pas empêché le pouvoir jordanien d’accepter le retour d’un ambassadeur. C’est ainsi que fonctionne la démocratie dans ce pays arabe dominé par l’impérialisme.

La presse palestinienne

L’éditorial d’al-Istiqlal (N°1148), qui paraît à Gaza, considère que pour poursuivre la « grande marche du retour », plusieurs règles sont nécessaires : 1 – ne pas se tourner vers les médiations et les interventions étrangères pour la stopper ; 2 – il faut considérer la marche du retour comme la suite de l’Intifada al-Quds et son extention ; «3 – il ne faut pas qu’elle s’arrête au 15 mai prochain ; 4 – il faut poursuivre la coordination et l’entente entre les organisations palestiniennes de la résistance et les divers groupes des jeunes qui animent les marches et les tentes du retour. 5 – Il faut étendre l’affrontement avec l’occupant en Cisjordanie, al-Quds et les terres occupées en 48 et étendre la marche vers les pays où se trouvent les réfugiés ; 6 –les médias doivent se consacrer à dénoncer les pratiques criminelles de l’occupant ; 7 – les dirigeants des organisations doivent demeurer sur le terrain en permanence, pour rassurer les gens. 8 – il faut compter sur soi-même et aucunement sur « la communauté internationale » qui reste incapable d’affronter les Etats-Unis et l’entité sioniste. Il faut cependant garder le contact avec les institutions internationales, au moins pour leur faire admettre leur incapacité. 

Communiqués et déclarations

Le mouvement du Jihad Islamique en Palestine se félicite de la participation massive à la grande marche du retour, au cours des journées du vendredi. Mohamad Shallah, cadre du mouvement à Gaza a affirmé que les masses palestiniennes ont prouvé aux sionistes leur attachement à leur terre, et que les nouvelles générations n’ont pas oublié leur patrie. Il s’est félicité du caractère non partisan de la marche, où seul le drapeau palestinien est levé.

Abbas Zaki, membre du comité central du mouvement Fateh, déclare que le différend avec le mouvement Hamas ne doit pas conduire à instaurer des sanctions contre le peuple palestinien dans la bande de Gaza. Concernant la marche du retour, il a affirmé que « le peuple palestinien grandiose à Gaza est un don de Dieu à la Palestine, il mérite d’être hautement apprécié par la direction politique ».

Ahmad Mudallal, dirigeant au mouvement du Jihad islamique en Palestine, affirme, à la veille de la journée de la « jeunesse révoltée », que la marche du retour va se poursuivre jusqu’à atteindre ses objectifs, quel que soit le prix à payer. Il a considéré que cette marche est l’occasion historique pouvant mettre fin au blocus contre la bande de Gaza, qui dure depuis onze ans.

Issam Hammad, président adjoint du comité de coordination de la marche du retour a déclaré que les marches du retour sont un tournant dans l’histoire du peuple palestinien. Elles ont réussi à modifier la situation. Il a appelé à les poursuivre jusqu’à la réalisation de ses objectifs, dont la reconnaissance par l’occupant du droit au retour des réfugiés, expulsés en 48.

Isma’il Haniye, chef du Mouvement Hamas, a déclaré que la « grande marche du retour » va faire échec à tous les plans de liquidation de la cause palestinienne, et notamment au « deal du siècle », le transformant en « gifle du siècle ».

Dans la colonie

Comment riposter au « Hamas », qui a déclenché la marche du retour à Gaza : « Israël » mène une bataille sur le plan matériel (défense de « sa » terre) alors que Hamas mène une bataille sur le plan moral (mettre la question palestinienne en avant). Il propose donc : Insister sur le fait qu’Israël est dans son droit de riposter, il doit expliquer les critères selon lesquels ils utilise les armes, comme se défendre contre le terrorisme. Expliquer aux pays arabes amis (Egypte, Jordanie, Arabie saoudite) ce qui se passe, susciter le monde « sunnite » contre Hamas pour l’empêcher de mener les manifestations violentes et les tentatives d’infiltrer les barbelés. Il faut améliorer la pratique de l’armée et se préparer à la guerre, ne pas se contenter de défendre la ligne de barbelés, mais frapper au-delà. (Yamos Yadlin 9/4/)

Les cerfs-volants sont, d’après le quotidien sioniste Yediot Ahranot, la nouvelle arme des Palestiniens. Ils ont déjà incendié des centaines de hectares, champs de blé ou autres, dans les colonies sionistes et les colons se plaignent car, après avoir fait face à d’autres armes plus puissantes, ils se sentent impuissants devant cette nouvelle arme, que les Palestiniens de Gaza sont en train de développer, pour toucher encore plus. (Yediot Ahranot, 2 mai).

Du côté de l’Autorité palestinienne

Les arrestations des militants et des journalistes se poursuivent, pour raisons politiques. Deux journalistes ont été arrêtés, le 18 avril : le journaliste Hazem Nassir, prisonnier libéré et ancien détenu politique et Qassam Abdel Hafez, de Qalqylia. Le prisonnier libéré Hamza al-Qir’awi est toujours en prison, ce qui va l’empêcher de passer ses examens à l’université.
La Banque Arabe, sur lesquelles les Etats-Unis exercent des pressions, a décidé de clôturer plusieurs comptes appartenant aux familles des prisonniers. La famille de Marwan Barghouty, ainsi que la famille de Ahed Ghulmy, du FPLP, en ont été les victimes.

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