Martyr Arafat Jaradat |
I - Abolir la détention « administrative »
Le résistant Samer Issawi est toujours en grève de la faim, depuis plus
de 230 jours. Sa sœur Shirine a annoncé à la presse que les autorités de
l’occupation ont proposé à Samer la libération à condition d’être déporté vers
la bande de Gaza, proposition qu’il a refusé net, considérant que l’occupation
procède à un nettoyage ethnico-religieux de la ville occupée d’al-Quds, pour en
faire une ville juive et sioniste. Il a jugé que sa vie n’était pas plus chère
que la capitale palestinienne occupée.
Samer Issawi a purgé la peine pour laquelle il a été arrêté et détenu, à
la date du 6 mars, celle de s’être déplacé vers les territoires occupés de
Cisjordanie. Il avait été condamné à 6 mois de prison. Aujourd’hui, il est
maintenu en prison pour un autre motif concocté par les services sécuritaires
de l’occupation. Il risque, comme Ayman Sharawneh, tous les deux prisonniers
libérés lors de l’accord d’octobre 2011, à être condamné à purger le reste de
la peine pour laquelle il avait été arrêté auparavant et dont il a accompli 10
ans de prison. En effet, l’occupation se venge des prisonniers libérés lors de
cet accord, profitant du silence international sur ses violations et crimes, et
profitant surtout de la complicité criminelle de l’impérialisme.
Ayman Sharawneh poursuit également la grève de la faim, qu’il a reprise
il y a plus de 80 jours, malgré son état de santé critique. L’occupation lui a
également proposé la déportation à Gaza, il y a une semaine. Il n’a toujours
pas répondu, sa famille souhaitant qu’il reste en vie, mais respectant toute
décision prise par Ayman.
Trois détenus « administratifs » du Jihad islamique sont
toujours en grève de la faim depuis 12 jours, il s’agit de Mohammad Najjar, du
camp d’al-Fawwar, de Zakaria Al-Hih, de Sourif, et de Ibrahim Ibrahim, du camp
Aqaba, dans la province d’Ariha, arrêtés puis détenus sans aucune charge. Ils
réclament leur libération immédiate et l’abolition de la détention
administrative.
Plusieurs détenus « administratifs » ont subi le
renouvellement de leur détention : Ayman Hamdane, 6 mois, Ayman Zaaqiq, 4
mois et Issa Awawdeh, 2 mois. Tous avaient été arrêtés en 2011 en tant que
membres du Jihad islamique.
Tareq Qaadane et Jaafar Izzidine, détenus « administratifs »,
avaient suspendu leur grève de la faim, en attendant la décision du tribunal de
l’occupation. Celui-ci n’a pas pris de décision, puisque la séance a été
reportée, mais le juge avait déclaré qu’ils seraient libérés à la fin de la
durée à laquelle ils ont été condamnés, et qu’elle ne serait plus renouvelée
après le 21 mai 2013. Transférés à un hôpital à l’intérieur de l’Etat sioniste
pour quelques jours, ils ont été remis en prison.
Le mouvement de solidarité avec les prisonniers en lutte déclenché il y
a plusieurs semaines dans les territoires occupés a son premier martyr,
Mohammad Asfour, qui a succombé à ses blessures le mercredi 6 mars. Le martyr
Mohammad Asfour est tombé en défense de la dignité du peuple palestinien et des
prisonniers. Il avait été gravement blessé
par les forces de l’occupation lors d’une manifestation de soutien aux
prisonniers en lutte. Les sionistes avaient alors « offert » de le
soigner dans leurs hôpitaux pour éviter son martyre, par crainte de susciter de
nouvelles révoltes. Mohammad Asfour (22 ans) était étudiant à l’université
d’Abu Dis, dans la banlieue d’al-Quds. Nombreux sont les dirigeants de la
résistance palestinienne à appeler à une révolte généralisée contre
l’occupation, à partir du vendredi 8 mars, date de ses funérailles. Mais
l’Autorité Palestinienne de Ramallah veille : pas question de révolte
avant la venue du président américain Obama. L’occupant sioniste craint
également ces « troubles » en Cisjordanie.
Les prisonniers palestiniens détenus dans les prisons sionistes lancent
un mouvement de protestation progressif en soutien aux prisonniers en lutte.
Ils protestent contre l’assassinat du prisonnier Arafat Jaradat et réclament la
fin de l’isolement de Darrar Abou Sissi. Ils réclament l’intervention des
autorités égyptiennes pour obliger l’Etat sioniste à respecter l’accord
d’échange d’octobre 2010. Dans un communiqué publié le 5 mars, les prisonniers
ont annoncé le début de leur mouvement disant que « le mouvement des
prisonniers est capable de prendre l’initiative et d’affronter le geôlier
sioniste ». Ils ont appelé le peuple palestinien à se soulever et à
considérer la journée du vendredi 8 mars « vendredi de la colère, de
soutien et de fidélité aux prisonniers ».
Les Palestiniens sont de plus en plus en colère contre les organisations
internationales dont le mutisme envers la cause des prisonniers grévistes de la
faim n’a jamais été aussi flagrant. De l’ONU au CICR, c’est la même attitude
qui prouve qu’elles sont en réalité un bras de l’occupation. De même, de
nombreuses associations de défense des droits de l’homme que les Etats
européens ont financées depuis les accords d’Oslo montrent à présent leur vraie
nature : leur financement leur interdit d’être actifs dans le soutien aux
prisonniers palestiniens et de mobiliser en leur faveur, alors qu’elles
multiplient depuis des années des rapports sur les « droits de
l’homme » dans les territoires occupés palestiniens. Ils sont surtout en
colère contre les Etats occidentaux qui sont considérés comme les principaux
partenaires de l’Etat sioniste dans sa politique coloniale et répressive. Les
étudiants de l’université de Bir Zeit ont chassé le consul britannique et l’ont
empêché de tenir une conférence le 5 mars dernier. Sur sa voiture, fut collée
la photo du prisonnier en lutte S amer
Issawi. Sheikh Khodr Adnane a rappelé la révolte des étudiants de Bir Zeit
contre la visite de Jospin, en 2000. Il fut arrêté par l’Autorité palestinienne
à cette époque. Il a déclaré que les universités palestiniennes sont et doivent
rester un lieu de protestation contre l’occupation et ses alliés et que
« la visite des représentants de l’impérialisme à nos universités est
interdite ».
2 – Statistiques
Les autorités de l’occupation sioniste ont arrêté 382 Palestiniens au
mois de février 2013. Parmi eux, 72 Palestiniens de la ville de Nablus, et 70
de la ville d’al-Quds. Au cours de ce même mois, trois députés du mouvement
Hamas ont été enlevés, dont Ahmad Attoun député de la ville d’al-Quds et
refoulé vers Ramallah.
Entre 2009 et 2011, seuls 77 ont été annulés par le tribunal militaire
sioniste sur les 2867 ordres de détention administrative prononcés par l’armée
d’occupation sur avis du shabak, soit 2,6%. En 2011, 855 ordres de détention
administrative ont été prononcés, 539 ont été approuvés, 21 annulés et 272 ont
été réduits, dont 26 réduits fondamentalement. Une augmentation de 64% a été
enregistrée au cours de 2011 pour les ordres confirmés, par rapport à l’année
2010.
L’Unicef (organisme international de l’ONU) vient de publier un rapport
sur les enfants détenus dans les prisons sionistes. Selon cet organisme, 700
enfants palestiniens sont arrêtés tous les ans. Mis à part les rapports qu’ils
publient de temps à autre, à quoi servent ces organismes qui ne prennent aucune
mesure concrète contre l’occupation ?
3 – Arrestations et condamnations
Le tribunal de l’occupation a condamné Intissar Sayyad, de la ville
d’al-Quds, à 30 mois de prison ferme, l’accusant d’avoir tenté de poignarder un
soldat sioniste. Intissar Sayyad est mère de quatre enfants. Elle a refusé
d’avouer ce dont elle est accusée, malgré l’interrogatoire violent subi depuis
son arrestation.
Nader Jaffal, membre de la direction centrale du FDLP, et prisonnier
libéré (40 ans) a été arrêté à Abou Dis, dans la banlieue d’al-Quds. Nader
Jaffal avait été détenu dans les prisons de l’occupation pendant 15 ans, et fut
libéré en 2009.
14 prisonnières sont détenues dans les geôles de l’occupation, la
doyenne étant Lina Jarbouni, des territoires occupés en 1948. La plus jeune est
Hadeel Abou Turki, 17 ans.
Les forces de l’occupation ont arrêté le prisonnier libéré, blessé et
paralysé, Mu’tazz Ubayd, de la ville d’al-Khalil au début du mois de mars. Il a
été libéré une semaine plus tard.
Thamer Sabaana, frère du caricaturiste palestinien Mohammad Sabaana,
arrêté et détenu depuis le mois de février, a été arrêté par les forces de
l’occupation. Son crime ? Son soutien actif aux prisonniers en lutte, puisque
Thamer a lancé depuis plusieurs mois un mouvement populaire de solidarité avec
les prisonniers. Il avait déjà été arrêté plusieurs fois.
Le prisonnier Mukhles Sawafta de Toubas entame la 23ème année
de sa détention dans les prisons sionistes. Il avait été arrêté le 9 mars 1991
et condamné à la prison à perpétuité après avoir été accusé d’avoir tué un
soldat sioniste. Il n’avait que 17 ans à l’époque. Le résistant Sawafta est
privé de visites familiales depuis 11 ans, pour des motifs soi-disant
sécuritaires. Lors de son arrestation, il a été isolé pendant 7 mois dans la
prison de Junayd, pour interrogatoire. Puis tansféré à la prison de Telmond, il
y a été isolé pendant 8 mois où il fut victime de traitements inhumains.
Depuis plusieurs mois, les forces spéciales de l’occupation mènent des
raids contre les diverses prisons où sont détenus les Palestiniens, et
notamment dans la prison du Naqab. Les sections 6 et 7 sont particulièrement
visées. Les prisonniers palestiniens y sont battus, comme au cours du dernier
raid où le prisonnier Sami Usayleh a été violemment battu avant d’être mis en
isolement.
4 – Libération
Shadi Issawi, frère de Samer Issawi, a été libéré après 14 jours. Il a
subi un interrogatoire dur et pénible et a été contraint à payer 8000 shekels.
Une récente étude a montré que les Palestiniens non seulement subisssent
l’occupation, mais la financent et financent les tribunaux et les prisons en
étant obligés de payer des amendes, aux tribunaux et prisons sionistes.
5 – Ils ont perdu la dépouille d’un martyr
Le tribunal suprême sioniste vient d’annoncer que les autorités de
l’occupation ont égaré la dépouille d’un prisonnier tombé martyr, il y a trente
ans, dans la prison de Ascalan. Il s’agirait du martyr Anis Mahmoud Dawla.
D’après Qaddoura Farès, président du Club des prisonniers, l’occupant aurait
vendu les organes du martyr ou procédé à des expériences sur son corps. Que les
sionistes soient aussi criminels, n’est pas étonnant, les massacres commis en
Palestine depuis leur arrivée en Palestine au début du siècle dernier le
prouvent. Mais c’est l’attitude du CICR qui est étrange, puisqu’il est normalement
chargé de suivre les dossiers des prisonniers. Si le CICR et les organismes
internationaux sont incapables de protéger les prisonniers, à quoi servent-ils
donc ?
Mahmoud Dawla avait été arrêté le 30 juin 1968 lors d’une bataille
contre l’occupation dans la région d’al-Aghwar (Jourdain). Le tribunal
militaire l’avait condamné à la perpétuité. Il mourut en martyr dans la prison
de Ascalan, le 31 août 1980, suite à la détérioration de sa santé, des suites
des conditions de détention. Sa dépouille mortelle n’a jamais été rendue à la
famille. Des centaines de martyrs palestiniens ont subi le même sort. Leurs
familles réclament leurs corps. Et parmi eux, le prisonnier d’origine libanaise
Yahia Skaf, combattant au Fateh qui a participé le 11 mars 1978 à l’opération
Kamal Adouane. Aucune nouvelle de lui n’est parvenue depuis son arrestation et son
corps n’a jamais été remis à sa famille.
6 – Solidarité
Les prisonnières libérées vivant dans la bande de Gaza ont décidé
d’entamer une grève de la faim devant les locaux du CICR. Elles protestent
contre le silence international vis-à-vis des prisonniers palestiniens et les
conditions de détention. 22 autres femmes palestiniennes avaient décidé
également de mener une grève de la faim dans
la tente de la solidarité érigée en soutien aux prisonniers en lutte. Elles ont
décidé de soutenir les prisonniers en lutte, en premier lieu Samer Issawi, en
participant elles aussi à sa lutte.
L’Union des radios et télévisions islamiques critique le silence
médiatique vis-à-vis des prisonniers en lutte. Elle a décidé d’intensifier les
émissions sur la situation des prisonniers et leur lutte actuelle.
L’Autorité palestinienne prépare la visite d’Obama : pour relancer
les négociations, elle exige deux « gestes » de la part du
gouvernement sioniste : le gel de la colonisation et la libération des
anciens prisonniers détenus dans les geôles de l’occupation. Cependant, le
premier ministre Netanyahu considère que la libération de 123 prisonniers du
Fateh détenus avant les accords d’Oslo en 1993 ferait l’affaire..
Les étudiants palestiniens de l’Université « israélienne » à
Haïfa avaient décidé de se mobiliser pour les prisonniers palestiniens. Ils ont
proposé de se tenir debout pendant une minute de silence sur le campus de
l’université. Les étudiants sionistes les ont accusés de soutenir les
« terroristes ». La direction de l’université a mobilisé ses sbires
de la sécurité pour empêcher la minute de silence.
Une caravane de solidarité avec les prisonniers en lutte, et notamment
le prisonnier Maher Younes en grève de la faim, est partie jeudi 7 mars de la
ville de ‘Ara (dans le Triangle, territoires occupés en 48), de la maison de Maher
Younes, vers la prison de Gilboa, où sont enfermés la plupart des prisonniers
originaires des territoires occupés en 48.
L’Autorité Palestinienne de Ramallah et ses appareils sécuritaires
maintiennent plus de 200 résistants appartenant à divers organisations
palestiniennes dans leurs prisons. Il s’agit souvent de prisonniers libérés,
mais aussi de militants actifs dans le soutien aux prisonniers en lutte. La
chasse aux militants et résistants a été récemment déclenchée suite aux
manifestations contre l’occupation. Pour accueillir le président américain
Obama qui compte profaner la mosquée al-Aqsa en y entrant sous la protection
sioniste, l’AP essaie coûte que coûte de réprimer toute protestation contre
l’occupation.
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