28/01/2021

Le Sacré Nié

Mosquée de Beer Saba' dans le Naqab occupé

 

Il ya 16 ans déjà, l'Association Arabe pour les Droits de l'Homme (Nasra - Nazareth, en Palestine occupée en 1948) publiait ce rapport sur la profanation des lieux saints musulmans et chrétiens par les autorités de l'occupation sioniste. Depuis, l'association n'existe plus, du fait de la répression coloniale, mais l'association Palestine en marche (France) avait traduit ce rapport. Bien que datant de 2004, ce rapport est toujours d'actualité, même s'il faut ajouter des dizaines de sites religieux profanés depuis et démolis, que ce soit dans les territoires occupés en 48 ou 67. Le colonialisme sioniste en Palestine veut supprimer toutes traces de l'histoire véritable de la Palestine: non seulement il colonise et occupe au présent, mais il veut inventer une histoire étrangère à la région. L'invention d'une religion "abrahamique" pour faire croire à l'enracinement des envahisseurs sionistes ne peut modifier le cours de l'histoire ni changer la nature de l'invasion coloniale.


 

 

 

LE SACRÉ NIÉ

 

LA DESTRUCTION ET LA PROFANATION

DES LIEUX SAINTS

MUSULMANS ET CHRÉTIENS EN ISRAËL

 

Décembre 2004

Rapport rédigé par Arab Association for Human Rights

(Association Arabe pour les droits de l'Homme) – Nazareth

Brochure traduite et réalisée par l’Association Palestine en Marche

 

 

Recherche et rédaction: Alexander Key

Assistant de recherche: Safa Ghanadri

Révision et mise à jour: Jonathan Cook, Christine Koleski et Adv.Tarek Ibrahim

Conception: Ghada As’ad

Photographies: Arab Association for Human Rights

 

Arab Association for Human Rights (HRA)

P.O. Box: 215, Nazareth 16101

Tel: + 972-(4)- 6561923, Fax: + 972-(4)- 6564934

E-mail: hra1@arabhra.org

Website: www.arabhra.org

  

TABLE DES MATIÈRES

 

1)     Introduction                                                                                                                 

2)      Les obligations d’Israël quant à la liberté de religion d’après la loi internationale

3)      Profanation des Lieux Saints

        A) Histoire de la Terre Sainte après 1948                                                                  

         B) Refus d’accès et abandon                                                                                     

         C) Empêcher les tentatives de réparation des lieux de culte                                     

         D) Changer l’usage des Mosquées : en Synagogues, Restaurants, Boutiques

         E) Villages non reconnus et lois de planification                                                                                                                                              

         F) Le problème des cimetières                                                                                 

4)       Quatre études de cas: Restrictions de la liberté de prière                                       

          A) Intimidation: Accès à Al-Manshiya                                                                   

          B) La Destruction comme moyen d’intimidation: Um al-Faraj                              

          C) Mauvais usage et fermeture: la Grande Mosquée de  Bir al-Seba’ (Beersheva)

          D) Prière interdite:la Mosquée de  Ghabisiya                                                          

5)          Autres Formes de Discrimination contre les musulmans et les chrétiens en Terre Sainte                                                                                                                    

         A) Lois                                                                                                                      

         B)Budgets                                                                                                                  

         C) Archéologie                                                                                                         

        D) Tourisme                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                      

        E) Attaques contre des chefs religieux                                                                                                                            

6)     Conclusion                                                                                                                 

Appendix (A): Photographies                                                                                            

Appendix (B): Liste des Lieux Saints                                                                               


OBJET ET CADRE DU RAPPORT

 

CADRE GEOGRAPHIQUE

Ce rapport concerne la zone située à l'intérieur de la Ligne Verte - la ligne d'armistice déterminée après la guerre de 1948. Ceci est la frontière internationalement reconnue d'Israël. Elle comprend Jerusalem Ouest mais non Jerusalem Est ou la vieille ville de Jerusalem, qui ont été toutes deux occupées par Israël durant la guerre de 1967. Ce rapport ne parle pas de la mosquée al-Aqsa, située à côté du Mur des Lamentations, ni d'aucun autre lieu saint de la vieille ville de Jerusalem. Cette restriction dans le domaine géographique d'étude est due au fait que le HRA a pour vocation de travailler pour les  Palestiniens qui vivent à l'intérieur de la Ligne Verte. 

 CADRE CHRONOLOGIQUE

Ce rapport s'intéresse seulement aux lieux saints qui ont été détruits depuis 1948 et utilise donc le nombre de lieux de culte en fonction au début de 1948 comme référence à partir de laquelle il est possible de mesurer le niveau de destruction. En ce qui concerne les violations du droit de libre culte des citoyens arabes, ce rapport prend en compte seulement les incidents caractéristiques qui se sont produits depuis 2000. 

QU'EST-CE-QU'UN "LIEU SAINT"?

Le terme "lieu saint" fait référence aux mosquées, aux églises, aux synagogues, aux cimetières et à tous les maqams et tombeaux. Il exclut toutes les propriétés appartenant à des institutions religieuses  à usage de lieu d'habitation ou de lieu administratif, comme les orphelinats, les hostelleries et la terre. Le terme "lieu de culte" fait référence aux lieux utilisés régulièrement pour la prière et fait donc référence aux mosquées, aux églises, aux synagogues et aux maqams. 


INTRODUCTION

 

La liberté religieuse constitue une des composantes essentielles des droits civiques, tout en étant un des moyens principaux d'expression des droits culturels. Ceci parce que les libertés religieuses sont liées aux cultures et aux identités individuelles et collectives des citoyens de n'importe quel Etat. 

En Israël, la question de la liberté religieuse est d'une importance particulière pour les populations musulmane et chrétienne - les Arabes palestiniens citoyens d'Israël - et pour leur capacité à concrétiser leurs droits .

Ces derniers comprennent le droit de protéger, restaurer et développer leurs lieux saints. Le sujet de la liberté religieuse touche aux sentiments humains fondamentaux liés à la dignité des êtres humains, et il englobe des lieux religieux ou saints tels que les cimetières qui relient la société qui vit dans le présent, à la terre et au passé. 

Les conventions internationales et les déclarations, y compris la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, protègent les libertés religieuses, en les associant aux libertés de pensée et de conscience et en soulignant le droit de manifester sa religion ou ses croyances. En 1981, la communauté internationale a réaffirmé son attachement à de tels droits quand elle a ratifié la Déclaration sur l'Elimination de toutes les Formes d'Intolérance et de Discrimination Basées sur la Religion ou la Croyance. Cette proclamation souligne que "le mépris et les violations des droits de l'homme et des libertés fondamentales, en particulier le droit à la liberté de pensée, de conscience, de religion ou de quelque croyance que ce soit, ont amené, directement ou indirectement, des guerres et de grandes souffrances à l'humanité. L'article trois  de la même déclaration stipule" la discrimination entre les êtres humains sur la base de la religion ou de la croyance constitue un affront à la dignité humaine et un désaveu des principes de la Charte des Nations-Unies et sera condamnée comme violation des droits de l'homme et des libertés fondamentales proclamés dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme et énoncés en détails dans la Convention Internationale sur les Droits de l'Homme." 

Ce rapport révèle que non seulement les gouvernements successifs d'Israël ont manqué à leur obligation de protéger les droits religieux et culturels de la minorité arabe palestinienne qui vit en Israël, mais qu'ils ont fait le contraire. Le rapport montre comment les autorités ont systématiquement violé ces droits en fermant des lieux de culte et en empêchant des Arabes chrétiens et musulmans d'y entrer et en ne faisant rien pour contrer l'atmosphère d'intimidation qui empêchent les citoyens arabes de se rendre dans leurs lieux de culte par peur. Le rapport montre aussi qu'Israël est directement responsable de la désacralisation des bâtiments religieux dans les villages démolis, y compris des mosquées et des églises, en autorisant leur utilisation comme étables et granges ou leur transformation en boutiques et mêmes en bars. Dans certains cas, l'Etat n'a rien fait pour empêcher des groupes de juifs extrémistes de s'emparer d'un lieu saint musulman ou chrétien et le transformer en un site auquel seuls les croyants juifs ont accès. 

Le rapport montre aussi que les corps officiels et gouvernementaux ont puni durement les personnes qui ont tenté de changer la situation, en les emprisonnant, en leur infligeant des amendes et en confisquant leurs biens. Les autorités ont aussi bloqué les efforts des communautés locales pour rénover et d'entretenir leurs lieux saints. En conséquence, beaucoup de sites sont à l'abandon, et certains commencent à tomber en ruines à cause de la négligence et des facteurs naturels. De plus, l'Etat reconnaît seulement les lieux saints juifs dans la mise en place de la législation qui en permet la protection et le financement public. 

Dans ce rapport, le HRA ne prétend pas dresser une liste exhaustive de toutes les violations commises dans le domaine des droits religieux, mais apporte plutôt la preuve de l'existence d'une pratique officielle systématique basée sur la discrimination raciale contre les citoyens arabes- musulmans et chrétiens.

Le HRA demande à la communauté internationale de prendre les mesures nécessaires pour arrêter cette politique. Nous croyons que la poursuite et l'intensification de telles violations allumera la haine et nourrira l'extrémisme religieux et raciste, nuisant ainsi aux relations sensibles entre les différents groupes nationaux et religieux de l'Etat d'Israël.

 


 

Les obligations d'Israël quant à la liberté de religion d'après la Loi Internationale sur les Droits de l'Homme

Article 18 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme (1948) :

"Chacun a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion; ce droit inclut la liberté de changer de religion ou de croyance, et la liberté, seul ou en communauté et en public ou en privé, de manifester sa religion et sa croyance par l'enseignement, la pratique, le culte et les pratiques religieuses.."

Bien qu'elle n'ait pas le statut d'un traité, les tribunaux israéliens ont soutenu que la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme reflète bien la loi coutumière internationale et les règles de la loi coutumière internationale sont considérées comme liant Israël tant qu'elles ne contredisent pas les lois adoptées par la Knesset.[1]

Dautre part, en tant que membre des Nations-Unies, Israël est engagé par la Charte des Nations-Unies à promouvoir et encourager " le respect universel pour et l'application des droits de l'homme et des libertés fondamentales pour tous sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion " et à participer à des actions communes avec les Nations-Unies et à des actions séparées en faveur de l'accomplissement de ces buts. [2]

En plus de cet engagement qui découle du fait d'être membre des Nations-Unies, Israël a choisi de signer et ratifier la Convention Internationale des Droits Civiques et Politiques  (ICCPR en anglais).[3] Bien qu'elle ne soit pas directement utilisée dans les tribunaux israéliens, la  ICCPR a un statut important dans la loi israélienne. Le Président de la Cour Suprême israélienne a déclaré que la loi du pays doit être interprétée autant que possible en accord avec les obligations internationales de l'Etat, et que seul un langage exprès, clair et sans équivoque dans une loi du pays qui contredit une loi internationale outrepassera cette obligation.[4]

Article 18 de la ICCPR : "1. "Chacun a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion; ce droit inclut la liberté d'avoir ou d'adopter une religion ou  croyance de son choix, et la liberté, seul ou en communauté et en public ou en privé, de manifester sa religion et sa croyance par l'enseignement, la pratique, le culte et les pratiques religieuses.."

article 12 : 2. "Personne ne sera soumis à une contrainte qui compromettrait sa liberté d'avoir ou d'adopter une religion ou une croyance de son choix."

Article 27 de la  ICCPR :"Dans les Etats où existent des minorités ethniques, religieuses ou linguistiques, les personnes appartenant à de telles communautés ne doivent pas se voir refuser le droit, en communauté avec les autres membres de leur groupe, de jouir de leur propre culture, de professer et pratiquer leur propre religion, ou d'utiliser leur propre langue." 

En ce qui concerne l' Article 27, Le Comité des Droits de l'Homme des Nations-Unies pour la ICCPR, organisme qui surveille l'adhésion des Etats à la ICCPR, a déclaré que la minorité a le droit de "maintenir" sa religion et qu'il incombe à l'Etat signataire de protéger le "développement soutenu" de "l'identité religieuse" de la minorité.[5]

Le Commentaire Général N°4, émis par le Comité des Droits de l'Homme des Nations-Unies déclare que le droit à la liberté de religion "englobe un large éventail d'actes":

"Le concept de culte s'étend aux actes rituels et de cérémonie qui expriment directement la croyance, ainsi que différentes pratiques inhérentes à de tels actes, y compris la construction de lieux de culte..."

La Déclaration sur l'Elimination de toutes les Formes d'Intolérance et de Discrimination Basées sur la Religion ou la Croyance Elimination a été proclamée par  la résoltuion 36/55 de l'Assemblée Générale des Nations-Unies le 25 Novembre 1981. L'Article 6(a) de la déclaration fait valoir le droit:

"De pratiquer le culte ou de s'assembler à propos d'une religion ou d'une croyance, et de créer et maintenir des lieux dans ces buts."

La Déclaration des Nations-Unies sur les Droits des Personnes Appartenant à des Minorités Nationales ou Ethniques, Religieuses et Linguistiques a été adoptée par la résolution 47/135 de l'Assemblée Générale du 18 Décembre 1992.

Les Articles 1(1) et 4(5) demandent aux Etats "de favoriser les conditions pour la promotion" de l'identité religieuse, et de "favoriser la connaissance de l'histoire, des traditions, de la langue et de la culture" de la minorité.

 

PROFANATION DES LIEUX SAINTS

A) L'histoire de la Terre Sainte après 1948

Avant 1948 tous les lieux saints musulmans en terre Sainte étaient la propriété du waqf (pluriel awqaf), un terme islamique qui signifie "fondation religieuse". Ces lieux saints islamiques appartenaient directement à l'autorité musulmane basée à Jerusalem, un arrangement ratifié par les autorités au pouvoir avant la création de l'Etat d'Israël : les autorités ottomanes, suivies en 1922 par les autorités du Mandat britannique. Après la création d'Israël en 1948, toutes les propriétés waqf ont été confisquées et pendant une période placées sous la "tutelle" de l'Etat. Plus tard, la propriété a été transférée à l'Etat.

Il n'y a jamais eu de décision des autorités religieuses musulmanes de désacraliser ou de cesser d'utiliser aucune des mosquées ou autres propriétés religieuses possédées par le waqf.[6]

Les propriétés religieuses chrétiennes ont continué à appartenir à la branche compétente de l' Eglise Chrétienne en Terre Sainte. Les monastères et les couvents, en particulier, ont continué à fonctionner comme avant 1948, sans doute en grande partie à cause de la prise en cause des sensibilités et du pouvoir du monde chrétien occidental et du Vatican. [7] Toutefois, une grande partie de la terre chrétienne, y compris dans les villages détruits, a fait l'objet de la même procédure implacable de confiscation de la part de l'Etat qui s'appliquait à la terre palestinienne dans le nouvel Etat israélien. Ces terres, une fois passées en possession de l'Etat, sont administrées par des organismes qui s'assurent qu'elles profitent à des citoyens juifs plutôt qu'Arabes. [8] En plus de la confiscation de toute la terre qui appartenait aux 750.000 Palestiniens devenus réfugiés après la guerre de 1948 , Israël a également confisqué 70% des terres des Arabes qui devenaient citoyens de l'Etat. [9] Par exemple, la terre sur laquelle le parlement israélien (la Knesset) est construit a été confisquée au Patriarcat Grec Orthodoxe en 1948.[10]

Alors que les autorités religieuses peuvent en théorie autoriser la désacralisation d'un lieu de culte pour le rendre disponible à d'autres usages, aucune des mosquées et des églises dont il est question dans ce rapport n'a été libérée de cette façon.

La destruction des lieux saints chrétiens et musulmans doit être vue dans le contexte de la destruction à grande échelle de plus de 400 villages palestiniens à l'intérieur des frontières du nouvel Etat juif au cours de la guerre de 1948 et dans les années qui ont suivi. Dans certains cas, les lieux de culte ont été détruits en même temps que des habitations privées par les troupes de l'armée israélienne qui dévastaient tout. Une fois que ces zones étaient nettoyées, la terre était généralement réaffectée à des communautés d'immigrants juifs, souvent pour former des kibboutz ou des moshav, et pour leur usage exclusif. La plupart des destructions ont eu lieu pendant la période du "gouvernement militaire", entre 1948 et 1966, qui s'appliquait seulement aux citoyens arabes et restreignait durement leur liberté de mouvement. 

Toutefois, seuls quelques lieux de culte ont été entièrement détruits en 1948; la plupart sont restés tandis que les maisons qui les entouraient étaient détruites. Le fait que les églises et les mosquées ont reçu un traitement différent est une preuve qu'Israël reconnaissait que les lieux de culte avaient des statuts différents. 

Cependant, comme le montrera ce rapport, leur traitement par la suite suggère que, bien qu'Israël soit conscient des sensibilités internationales sur cette question, ses actions montrent qu'il ne respecte pas toujours la nature consacrée de ces lieux. 

B) Refus d'accès et abandon

La destruction totale des lieux saints a eu surtout lieu dans la zone la plus construite au centre du pays, dans la ceinture de banlieues entre les deux plus grandes villes, Tel Aviv et Jerusalem. Cette région est largement peuplée de juifs israéliens, et, dans beaucoup de cas, le développement s'est fait sans considération de la protection ou de la préservation des lieux saints musulmans et chrétiens situés dans ces zones. La mosquée de al-Khairiya, par exemple, a depuis longtemps été rasée et couverte par les faubourgs tentaculaires de Givatiyim à l'est de Tel Aviv.[11] Mais le même phénomène se repoduit ailleurs dans le pays: l'église qui a été enregistrée en 1949 par la Commission de Conciliation des Nations-Unies pour la Palestine, à l'est d'Acre, a été aussi totalement détruite et la terre donnée à deux kibboutz.

Dans les zones rurales, on peut encore trouver des restes de lieux de culte chrétiens et musulmans.Cependant, la façon dont ils sont traités par l'Etat est un motif sérieux d'inquiétude. Ils sont, sans exception, hors d'atteinte pour la population locale chrétienne et musulmane, en général à cause d'une barrière ou d'un ordre militaire qui les déclare "zone fermée". Les lois passées par l'Etat pour empêcher les réfugiés palestiniens de retourner dans leurs villages sont aussi utilisées pour empêcher les réfugiés de l'intérieur, les Arabes qui ont la citoyenneté israélienne et qui vivaient autrefois dans ces villages, d'accéder à leurs lieux saints, même s'ils vivent tout près.

Le Règlement d'Urgence 125, hérité du Mandat britannique en 1945, donne le pouvoir au Gouverneur Militaire de déclarer des zones "zones fermées" dans lesquelles personne ne peut entrer sans un laissez-passer écrit.[12]

Ce refus d'accès a amené le manque d'entretien et la détérioration des lieux de culte. Dans d'autres cas, des communautés juives agricoles s'en sont vus attribuer le contrôle, et les ont utilisés, par exemple, comme enclos pour des animaux. En Avril 2004, un fermier juif a transformé la mosquée Ain al-Zaytouna près de Safad en étable: il a commencé par enlever la première pierre qui porte le nom de la mosquée et la date de sa construction et a ensuite couvert les murs de graffiti en Hébreu. [13]

Les coquilles sans toit d'une église et d'une mosquée se dressent toujours dans le village de Suhmata au  Nord de la Galilée (voir photo 1 in Appendix (A)). Le seul moyen d'y accéder pour les visiteurs est de garer leur voiture sur le bas côté près du portail d'entrée d'un champ où paissent des vaches appartenant à une communauté juive agricole et ensuite de marcher. Cependant, les habitants arabes rapportent que les plaques d'immatriculation des voitures garées près du portail sont relevées et que leurs propriétaires encourent des poursuites. [14]

Les effets combinés de la législation qui déclare des zones "fermées" et l'intimidation par la surveillance exercée par les officiels, y compris la police, empêchent dans les faits les citoyens arabes d'accéder à leurs lieux de culte. 

Il y a pléthore d'histoires individuelles sur la restriction d'accès aux lieux saints et les tentatives d'en gêner l'entrée. Sheikh Kamel Rayan a essayé de visiter et de photographier la mosquée du village du Nord de Khalisa, qui se situe maintenant dans la ville juive de Kiryat Shemona. Toutefois, il a été bloqué sur son chemin par le personnel d'un musée qui a été installé dans la mosquée.[15] Quand Maha al-Naqib, responsable d'un projet de rénovation dans la ville mixte de Lid, a emmené un groupe d'enfants en camp d'été au village proche de Zakariya, les habitants juifs d'une communauté voisine ont insulté les enfants.[16] ‘Abd al-Malik Dahamshe, membre arabe de la Knesset , a tenté de visiter une mosquée dans le village détruit de Balad al-Sheikh près de Haifa, mais en a été empêché par les autorités.

Le refus d'accès permet que le mauvais traitement de ces sites continue, en général sans aucun contrôle. Le Jerusalem Post a publié en 2001 le compte-rendu d'un réfugié de l'intérieur, Ghazi Shbeta, quand il s'est rendu en compagnie d'un journaliste dans une mosquée en ruines du village détruit de Miska au centre d'Israël . Il a montré au reporter le cimetière où sa mère était enterrée : la terre en avait été labourée huit ans auparavant par la compagnie d'agrumes qui exploite maintenant la terre du village. "Je me suis plaint auprès d'eux et ils se sont excusés. Ils ont dit que c'était un accident et qu'ils n'endommageraient plus aucune tombe dans le futur- mais ils l'ont fait." [17]

Les "désacralisations" et les attaques sur les lieux de culte musulmans et chrétiens ne cessent de se répéter mais on en entend rarement parler dans les media israéliens et la police mène rarement une enquête. Les exemples les plus récents font état d'incendies volontaires au maqam de Sheikh Shehada à ‘Ain Ghazal en Janvier 2000.[18] En Mars 2004 des incendiaires ont mis le feu à la Mosquée des Quarante à Bissan, qui est maintenant sous la responsabilité de l'Administration des Parcs Publics.

Les dégâts étaient très étendus, le toit s'est effondré. Quand des responsables musulmans ont essayé de photographier les dégâts, la police leur a confisqué leurs cartes d'identité. [19]

En Juin 2004, un habitant de Tiberiade a tenté de mettre le feu avec un cocktail Molotov à la mosquée al-Omery au centre de la ville. Il criait: " Je ne veux plus voir d'Arabes ou de musulmans devant mes yeux...Je les brûlerai tous! " Il y a eu plusieurs tentatives de brûler la mosquée al-Omery et la mosquée voisine de al-Bahar , qui a été attaquée pour la dernière fois en Février 2000.[20]

 La nuit du 11 Août 2004, des personnes non identifiées ont jeté des pierres sur la mosquée Hasan Bik à Jaffa, faisaint voler les vitres en éclats. Muhammad Ashkar Abu Ghazi de l'Association Al-Aqsa a déclaré que ces actes de vandalisme inquiétaient les habitants de Jaffa car ce n'était pas la première fois qu'une telle chose arrivait. Il a dit aux journalistes du journal arabe Sawt al-Haqq wal-Hurriya que peu de temps auparavant, quelqu'un avait écrit en hébreu sur le mur de la mosquée: " LES ARABES DOIVENT ETRE CHASSES."[21]

Des dizaines de lieux de culte en ruines, certains d'une grande valeur historique, culturelle et religieuse, sont laissés à l'abandon et menacés d'une détérioration plus grand encore. il y a cinquante ans, l'église catholique de al-Bassa, un village du nord de la Galilée, qui remonte à au moins 200 ans, était un beau bâtiment de deux étages de style Byzantin. Aujourd'hui, le deuxième étage où se trouvaient l'école et la maison du prêtre, n'est plus qu'un tas de gravats, et le reste de la structure menace de s'effondrer. (voir photo 2 in Appendix (A)). Aucune réparation n'est autorisée car la terre appartient à l'Etat et est située dans ce qui est maintenant une zone industrielle. 

Il y avait environ 3000 habitants dans le village de al-Bassa en 1948. Après la guerre, ils sont devenus soit des réfugiés de l'intérieur, soit des réfugiés en exil et leurs maisons ont été déclarées "zones fermées" sous le gouvernement militaire. Néanmoins, quand le gouvernement militaire a pris fin en 1966 et que les restrictions sévères sur les mouvements des citoyens arabes ont été levées, l'ordre qui empêchait de s'approcher du village vide a été renouvelé. En 1970 et 1971, l'Etat a démoli toutes les maisons afin de développer une zone industrielle pour la communauté juive qui s'y était installée. 

Les seuls bâtiments à ne pas être détruits ont été deux églises et la mosquée.[22]

A al-Bassa, l'église catholique s'est effondrée, l'église orthodoxe, vieille de 100 ans, est laissé à l'abandon, et la mosquée est utilisée par le kibboutz voisin comme abris pour les chèvres. (voir photo  3 in Appendix (A)). Les protestations des citoyens arabes ont parfois réussi et les animaux ont été sortis mais ils ont toujours été remis là après une courte période. Au moment de la visite du HRA, le sol était couvert d'une couche épaisse d'excréments d'animaux. Il y a aussi un cimetière musulman et un cimetière chrétien dans le village, complètement envahis par les herbes. Quand une route de service pour nouvelle zone industrielle a été construite, les restes d'une église byzantine avec une mosaïque ont été découverts dans le cimetière chrétien et ont été détruits. [23]

Un tel schéma se répète dans tout le pays. La Mosquée Bahar à Tiberiade est laissée à l'abandon, près d'une promenade bien entretenue et au milieu de grands hôtels modernes. Une autre mosquée à Tiberiade est l'impressionnante mosquée décorée al-Zeidani, qui est fermée et entourée de tous côtés par un centre commercial. La mosquée est pleine d'ordures et couvertes de graffiti au milieu d'un espace public bien entretenu. [24]

C) Empêcher les tentatives de réparation des lieux de culte

L'Administration des Terres d'Israël (ILA, Israel Lands Administration) a le contrôle des lieux saints et le manque de protection gouvernementale de ces bâtiments a empêché les musulmans et les chrétiens de réparer leurs lieux de culte. Quand des fidèles ont essayé de rénover des bâtiments ou de les réclamer comme lieux de culte, on a fait obstruction à leurs tentatives et on les a intimidés. Dans plusieurs cas, des mosquées ont été détruites après avoir été réparées. 

Un exemple frappant est celui de Sarafand, un village détrui près de Haïfa, où seule la mosquée a été laissée debout. Le bâtiment avait environ 100 ans, faisait 350 mètres carrés, et on le considérait comme une des mosquées les mieux construites de Palestine. [25] En 2000, les habitants musulmans ont commencé à vouloir réparer la mosquée: des citoyens arabes ont passé cinq mois à travailler sur la mosquée. 

Ils avaient commencé à pouvoir tenir la prière dans le bâtiment réparé depuis seulement six semaines, quand les autorités ont envoyé des bulldozers au milieu de la nuit du 25 Juillet 2000 pour raser la mosquée. Aucun corps officiel n'a revendiqué la destruction.

Cependant, la réponse de l'ILA à la mise en place d'une tente de protestation par les fidèles après la destruction de la mosquée est instructive. 

L'ILA est allé devant le tribunal de Haifa, a exigé le retrait de la tente, ajoutant que le bâtiment de Sarafand n'était pas une mosquée. Cette affirmation peut en partie être contredite par le fait que c'était le seul bâtiment laissé debout dans le village- le schéma de ne pas détruire physiquement les bâtiments de lieux de culte se retrouve dans toutes les démolitions de villages de 1948 aux années 1970. Après plus d'un an de harcèlement par la police des Arabes qui protestaient, avec, entre autres, la confiscation de la carte d'identité pour 19 d'entre eux, le tribunal de Haifa a émis un jugement interdisant la reconstruction de la mosquée. Il a aussi ordonné le retrait de la tente de protestation car elle se trouvait sur une terre de l'ILA.

Dans le village détruit de Hittin, à quelques kilomètres à l'ouest du lac de Tibériade, se dresse un minaret de pierre pointu, au milieu de mauvaises herbes luxuriantes, à côté d'un kibboutz. La mosquée d'origine a été construite sur ordre de Saladin en 1192 pour commémorer la Bataille de Hittin au cours de laquelle son armée a battu les Croisés. Des réfugiés du village qui vivent maintenant dans la ville voisine de  Deir Hanna ont essayé d'empêcher la mosquée de tomber en ruines et le kibboutz de faire paître leur bétail sur le terrain afin de pouvoir à nouveau utiliser la mosquée comme lieu de culte. Selon un ancien villageois, Abu Jamal, 73 ans, les anviens habitants ont organisé un camp d'été d'enfants annuel pour essayer de nettoyer le site de la mosquée à la fin des années 90. En 2000, ils ont alors contacté le Ministère de l'Education, de la Culture et des Sports qui leur a dit qu'il leur allouerait de l'argent pour restaurer la mosquée. Toutefois, quand les fonctionnaires du ministère se sont présentés, il a été dit aux anciens villageois qu'ils avaient une heure pour nettoyer la mosquée de la saleté laissée par les vaches avant qu'elle ne soit clôturée. Aujourd'hui, une clôture de fer massive entoure la mosquée. Son épaisseur, sa hauteur et l'absence de portail suggèrent qu'ell est davantage destinée à éloigner les anciens habitants plutôt que les vaches. Toutes les salles de la mosquée ont été condamnées et sont hors d'atteinte. "Les ouvriers ont cassé les anciennes canalisations d'eau" dit Abu Jamal en désignant le sol où les canalisations en argile datant du temps de Saladin gisent, fracassées. "Ils ont aussi emporté la pierre d'inauguration historique où la date de la mosquée était inscrite. " [26]

Les mêmes problèmes se sont produits dans les villages de Wadi Hawarith et Ijzim. En Février 2000, des membres du moshav local Yashin ont détruit la mosquée de Wadi Hawarith deux semaines après que sa rénovation par des citoyens musulmans a été terminée. Les plaintes déposées à la police n'ont pas donné lieu à une enquête. [27] La mosquée de Ijzim, où se trouve maintenant le moshav Kerem Maharal, a été décrite par l'ancien député maire de Jerusalem Meron Benvenisti comme "grande et magnifique" et datant de "la fin du dix-neuvième siècle". Pourtant, parce que l'accès en a été durement restreint, elle est en danger croissant de s'effondrer. Selon Benvenisti, quand les anciens habitants du village ont essayé de nettoyer le site et de consolider les murs qui penchaient dangereusement, les habitants du moshav local les en ont empêchés.[28]

 

la mosquée du village Al Abassiya transformée en synagogue


D) Changer l'usage des mosquées : en Synagogues, Restaurants, Boutiques

Alors que les citoyens arabes ont été empêchés d'accéder aux lieux saints, l'usage ou le détournement de ces sites est souvent excusé par les autorités.

Dans plusieurs cas, les lieux de culte musulmans ont été transformés en lieux de culte juifs, avec l'accord tacite de l'Etat. Comme beaucoup de ces transformations ont été opérées au début de l'histoire de l'Etat, elles sont aujourd'hui considérées comme irréversibles. Pourtant, les mosquées transformées, utilisées aujourd'hui comme synagogues, n'ont jamais été désacralisées par les autorités musulmanes. 

En voici un exemple qui date de 1993, quand le minaret de la mosquée al-Nabi Rubin, que l'on pouvait voir depuis l'autoroute principale qui longe la côte entre Tel-Aviv et Ashdod a été soufflé par une explosion-prétendûment par des juifs extrémistes religieux. [29] Depuis lors, des groupes juifs ont transformé la tombe du prophète musulman qui se trouve à l'intérieur de la mosquée en lieu de culte juif. Des inscriptions en hébreu ont été faites sur la tombe et les murs, et ils ont ajouté de l'encens et des bougies. (voir photo 4 in Appendix (A)).[30]

Plus récemment, en Juin 2004, des juifs extrémistes sont entrés par effraction dans le tombeau de Sheikh Sima’an, près de Kafr Saba, et remplacé les symboles islamiques par des symboles juifs, remodelé la tombe à l'intérieur selon les rites juifs et ensuite cadenassé le site afin d'être les seuls à y avoir accès.  Ils prétendent que c'est le tombeau de Shimon Ben Yaakov. Enfin, des panneaux ont été installés sur les routes voisines afin d'indiquer le nouveau lieu de culte. [31] A côté de là, la synagogue Binyamin Ben Ya’acov a un mihrab (niche de prière), dont l'entrée porte une dédicace musulmane gravée. Pourtant, l'Etat et les fidèles juifs considèrent que c'est un lieu saint juif. [32]

Un processus similaire a été entrepris pour changer le caractère islamique du Maqam de Sheikh Shehada dans le village détruit de ‘Ain Ghazal. Le 25 Août 2004, un ancien habitant du village, Ali Hamoudi Abd al-Haq, qui revendique d'être un descendant du Sheikh, a dit à un groupe de citoyens arabes qui visitaient les villages non reconnus que le maqam avait été désacralisé de façon répétée et délibérée. Il a ajouté que la police n'avait pris aucune mesure pour empêcher la profanation du tombeau bien qu'ils aient eu connaissance du fait. Abd al-Haq a montré au groupe l'endroit par où des inconnus avaient pénétré dans le tombeau, en brisant les vitres et comment ils avaient brisé la pierre tombale qui identifiait clairement le maqam comme lieu de repos éternel de Sheikh Shehada. Sur le mur du maqamn quelqu'un avait peint les mots suivants en hébreu: "ceci est la tombe du rabbin Gideon Bin Azra."[33]

La mosquée du village de Lifta, dans les faubourgs ouest de Jerusalem, n'existe plus. Le village lui-même est toujours debout, avec ses rues bordées de maisons à l'abandon qui servent aujourd'hui de sentiers de promenade dans la nature. 

Toutefois, le site de la mosquée a été transformé en mikveh – bains rituels juifs. Des inscriptions en hébreu peintes sur une arche de pierre près de la piscine montrent la nouvelle destination du site. A cause de sa position centrale, ce mikveh est régulièrement utilisé par des juifs. [34]

Les mosquées des villages détruits de Wadi Hunin et al-Yazur ont été transformées en synagogues, comme l'a été la Mosquée du Tombeau de Jacob à Safad, et les maqams de al-Tire, al-Sitt Sakina à Tiberiade, Kofr ‘Anan, et Dalata.[35]

La mosquée du village détruit de ‘Abassiya se trouve maintenant au centre de la ville juive de Yehudiya, près de l'aéroport Ben Gurion. La mosquée a été changée en synagogue, fermée, et le cimetière a servi de terrain de construction pour des maisons. Sur un mur, près de là, on peut lire:  "MORT AUX ARABES" (voir photos 5 & 6 in Appendix (A)).[36] Le changement d'utilisation sans accord des autorités musulmanes, l'implantation d'une nouvelle communauté juive sur le site et les graffiti sur le mur se combinent pour démontrer clairement le mépris du gouvernement israélien pour les lieux de culte arabes. 

Les mosquées sont aussi transformées pour d'autres usages, non religieux, dont certains sont souvent sacrilèges pour les fidèles locaux. Les mosquées d'Ascalan et de Kaysaria ont été transformées en restaurants, et la Mosquée ‘Ibsesu à Bir al-Seba’ (Beersheva) est maintenant une boutique.[37] La mosquée du village de Ein Hod, au sud de Haifa, qui est maintenant une colonie d'artistes juifs, a été transformée en bar. Le village détruit de al-Zib sur la principale route côtière entre Acre et Nahariya a été transformé en terrain de camping et en plage. La mosquée du village qui surplombe la mer est toujours là: toutes ses issues sont condamnées et il n'y a aucun panneau indiquant que c'est un lieu saint. Beaucoup de citoyens musulmans palestiniens se rendent sur le terrain de camping, mais l'Etat leur refuse l'accès à leur héritage religieux et l'opportunité de prier aujourd'hui. A al-Zib, l'Administration des Parcs Nationaux, un organisme gouvernemental, a fermé la mosquée. 

Il existe toutefois des exemples suggérant que dans certains cas, les autorités israéliennes ont davantage pris en compte les sensibilités chrétiennes que les sensibilités musulmanes. La population arabe a été chassée du village de Ein Karim, au sud-ouest de Jerusalem, en 1948. Les bâtiments sont restés debout et sont depuis habités par des juifs israéliens. Le village abrite plusieurs églises qui sont d'importantes étapes traditionnelles pour les pèlerins sur leur chemin vers Jerusalem.

Elles sont restées intactes et en fonction. Pourtant, La seule mosquée du village, située sur une place centrale, est couverte de graffiti à l'intérieur, ses murs extérieurs sont couverts d'herbes, et tout accès est interdit par une comninaison de parpaings et de portails en fer. Comme il s'agit d'une région très fréquentée par les touristes, les déprédations de la mosquée ont été dissimulées derrière un haut mur de pierre. Au pied de la façade avant se trouve le "Puits de Marie", une source sacrée pour les chrétiens que les autorités israéliennes entretiennent soigneusement. Le site musulman voisin a été désacralisé et interdit d'accès, alors que l'accent a été entièrement mis sur le christianisme. [38]

 

mosquée de Yafa transformée en restaurant par l'occupant

 

E) Villages non reconnus et lois d’Urbanisation

Selon Bimkom, une association d'urbanistes israéliens, "l'urbanisation de l'espace en Israël est hautement centralisée et n'est ni accessible ni clairement comprise par la plupart des citoyens et des habitants du pays auxquels elle est destinée." [39]

Il est clair, cependant, qu'un tel contrôle s'exerce largement pour le bénéfice des citoyens juifs plutôt que des citoyens arabes. Depuis la création de l'Etat en 1948, ce dernier a acquis la propriété privée des citoyens arabes par des mécanismes de confiscation de sorte qu'aujourd'hui l'Etat possède 94% de la terre. Grâce à l'ILA et les organismes d'urbanisme dans lesquels les Arabes sont sous-représentés, l'Etat a la possibilité de décider le découpage en zones de tout usage de la terre.

Le phénomène du "village non reconnu" est le résultat d'une loi connue sous le nom de Loi d'Urbanisation et de Construction Nationales" passée en 1965. Dans les faits, cette loi a sorti des zones d'urbanisation des villages arabes qui, dans beaucoup de cas, préexistaient à l'Etat d'Israël et les a redéfinis comme des zones agricoles non constructibles. La majorité de ces villages se trouvent dans le Naqab (Negev), où l'Etat essaie de pousser les Bédouins hors de leur terre pour les faire vivre dans des townships. Ces villages n'apparaissent sur aucune carte, leurs habitants ne sont pas enregistrés sur les listes électorales, et les villages ne sont pas reliés aux réseaux d'eau, d'électricité et de tout à l'égoût d'Israël.[40]

Tout bâtiment dans un village non reconnu est aussi par définition sans permis, ce qui signifie qu'il est sujet à un ordre de démolition. Ceci s'applique que le bâtiment ait été construit il y a longtemps et rétroactivement défini comme sans permis, ou construit récemment. Les lieux de culte n'échappent pas au régime de non-reconnaissance de la loi d'urbanisation de l'Etat israélien, pas plus qu'ils n'échappent au fait d'être sans permis ou à la démolition. Dans le village de Tel al-Mileh, au sud du Naqab, le 5 Février 2003, à 6 heures du matin l'Etat a détruit la mosquée du village par l'intervention de la police militaire et d'un nombre important de bulldozers. La mosquée faisait environ 150 mètres carrés et avait coûté plus de 100,000 shekels ($22,000) réunis grâce à une souscription des villageois et avec l'aide de l'Institut du Negev pour la terre et la Population. C'était le seul lieu de culte du village. Elle avait été construite après des années de pression publique. Bien que les habitants aient reconstruit le bâtiment après sa démolition, la mosquée demeure "illégale" et sous la menace permanente d'être démolie.[41]

En 1996 et en 2001, le Comité d'Urbanisation et d'Habitat Local de la région de Misgav en Galilée a émis deux ordres administratifs de démolition concernant une mosquée dans le village non reconnu de Husseiniya.

Le Comité a statué que la mosquée était "construite illégalement sur une terre agricole", bien que le tribunal d'Acre ait rejeté l'ordre de démolition. Le village a été reconnu par l'Etat a la fin des années 90 mais cela n'a pas allégé son fardeau. En Octobre 2003, le plan d'ensemble pour le village, soumis au Ministère de l'intérieur pour approbation, spécifiait que la partie Est du village, où se situe la mosquée, était réservée à l'usage agricole ou tout autre usage non constructible.[42] Son avenir est donc loin d'être garanti.

En Octobre 2003, la presse arabe a rapporté que les habitants du village non reconnu de Katamat en Galilee s'étaient vus proposer un marché par les autorités de l'Etat: ils supprimaient leur mosquée et en échange l'Etat ne démolirait pas 13 de leurs maisons qui étaient sous ordres temporaires de démolition gelés. [43] En décembre 2003, des bulldozers ont détruit la Mosquée Salaam à a-Za‘rora, un village non reconnu près de Ksaify dans le Naqab, un an et demi après sa construction sur les terres du village. [44]

De telles menaces pèsent aussi sur les lieux de culte en usage dans les villes mixtes Juifs/Arabes. A Lid, à l'est de Tel Aviv, les citoyens arabes composent presque 22% de la population de la ville. Il y a quatre mosquées "sans permis" et une cinquième qui a reçu un permis après avoir été transformée en club de jeunesse, ce qui a permis de la désigner comme "lieu à usage public". Les quatre mosquées en usage sont toutes sous la menace d'un ordre de démolition qui pèse sur elles, et une des plus grandes a dû recourir à des batailles juridiques pour ne pas être détruite. Elle reste en usage, bien que sa construction ait été arrêtée au stade de murs de béton nu. La même histoire s'est passée dans la ville mixte voisine de Ramle.[45] Il y a  23800 citoyens musulmans d'Israël dans le district de Ramle ce qui inclut Lid.[46]

Le 1er Juillet 2003, l’Etat a démoli une autre mosquée en fonction, cette fois dans le centre de la plis grande ville arabe d’Israël, Nazareth. Plus de 500 soldats et membres de la police militaire sont entrés dans la ville à l’aube, sans avertissement, ont barré la rue principale et démoli la mosquée.  A l’époque de sa detruction la mosquée consistait seulement en un rez-de-chaussée qui servait de centre à la communauté et une tente de prière.


F) Le Problème des Cimetières

Il y a beaucoup plus de cimetières en Terre Sainte que de mosquées ou d'églises. Alors que l'on trouvait des mosquées et des églises seulement dans les villages les plus grands et qu'elles servaient souvent un groupe plus large de villages plus petits, chaque hameau ou petit village avait son propre cimetière. Comme tous les cimetières du monde, ceux-ci étaient des sites sacrés, importants pour la communauté comme des lieux où l'on commémorait le souvenir de la famille et des amis et où l'on rendait visite à ceux que l'on aimait. La plupart des cimetières musulmans et chrétiens dans les plus de 400 villages détruits comprenaient les tombes de parents de citoyens arabes vivant en Israël. Il n'y a pourtant quasiment aucune protection pour ces cimetières contre la destruction et les dégradations, souvent approuvées par l'Etat.

Dans le cas de al-Bassa, dont il a été question plus haut, les tombes musulmanes et chrétiennes ont été retournées et les os laissés à l'abandon pendant la construction de la route et des bâtiments de la zone industrielle. L'Etat n'a fait aucune tentative pour protéger ou respecter ces cimetières. Ceci est vrai à travers tout le pays. Selon Benvenisti, "L'état des cimetières musulmans abandonnés est si honteux qu'il soulèverait une tempête dans tout autre pays. " [48]

Connaître le nombre total exact de cimetières musulmans et chrétiens qui existaient en Israël en 1948 n'est pas une tâche facile. Selon la Fondation Al-Aqsa, il y a 461 cimetières musulmans et chrétiens dans les districts au Nord du pays:Tiberiade, Safad, Haifa, Acre, et Baysan.[49] Mais l'Association Al-Aqsa  n'a pu enregistrer que 72 tombes musulmanes dans les districts au Sud:  Ramle, Tulkarem, Yafa, Jerusalem et Bir al-Seba’.[50] Le nombre plus réduit peut être attribué à un niveau de développement urbain et suburbain juif israélien beaucoup plus important dans les régions sud et centre de l'Etat, qui a entraîné la totale disparition de plusieurs lieux saints et de nombreux cimetières. Quand on rapporte au sud le nombre de cimetières et de villages au nord, on peut raisonnablement considérer qu'il y avait environ 900 cimetières musulmans et chrétiens à l'intérieur d'Israël en 1948.  [51]

 

La tombe de Nabi Rubin dans la mosquée transformée  en tombe juive

 

 Sur la plupart des cimetières, on a construit des routes, des maisons et des usines et ils n'existent donc plus. Le village détruit de Sarafand al-‘Amar, à l'ouest de  Ramle, a été remplacé par la colonie juive israélienne de Tsirifin, et au cours des cinq dernières années, les autorités ont retourné les tombes au bulldozer, les ont couvertes de sable, et planté de l'herbe sur la terre nivelée afin de faire un terrain de football. La Fondation al-Aqsa a saisi la Cour Suprême, mais le jugement a été favorable à la municipalité. [52]

Au cours de Juillet 2004, la Fondation Al-Aqsa a mené une enquête sur les dommages causés par le Service des Antiquités d'Israël sur un cimetière islamique dans le village de Ijzim. Le Service a découvert le cimetière au cours de fouilles pour découvrir des artefacts à la demande d'un citoyen juif qui avait acheté une portion de terre du cimetière et avait obtenu qu'elle soit changée de zone en vue de construire. Bien qu'il ait su que le lieu était un cimetière, le Service a continué à creuser, sans considération pour la sacralité de ce lieu qui abrite la tombe d'une importante figure de la révolution de 1936.[53]

En Février 2004, une société de construction, Maatz, a endommagé en grande partie le cimetière du village de Arab al-Sbeh en faisant stationner les bulldozers sur les tombes. Des pierres tombales ont été utilisées comme gravat pour le pavage et l'écoulement des eaux. Et deux mois plus tard, en Avril 2004, Maatz a déposé des pierres sur les tombes dans le village détruit de Tira, au sud de Haifa, pendant la préparation de la construction d'une route sur demande de la municipalité de Tirav Karmel.[54]

Parmi les cimetières encore existants, la majorité est à l'abandon, ou il est impossible de s'y rendre et de les entretenir. En tant que propriété waqf, les cimetières musulmans appartiennent à l' ILA, qui les laisse envahir par les herbes ou les alloue pour un usage agricole ou autre. Deux associations de la société civile musulmane, la Fondation Al-Aqsa et l'Association al-Aqsa, travaillent à protéger les cimetières, en les restaurant et en oeuvrant sur le plan légal pour empêcher leur destruction. Les résultats du travail de cette communauté est remarquabble dans les villages détruits éloignés où les deux organisations ont nettoyé et clôturé des cimetières envahis par les herbes et non signalés. Cependant, l'ampleur de la tâche et l'absence de soutien de la part de l'Etat, fait que ce travail attire rarement les parents des personnes inhumées. Prenons l'exemple du cimetière de al-Smiriya, qui se trouve sur la route principale entre Acre et Nahariya. Le plus gros des mauvaises herbes a été enlevé, les tombes ont été redressées, et il y a une barrière métallique; pourtant le cimetière n'est pas signalé et coincé entre une route et une zone industrielle. [55]

La comparaison avec les cimetières juifs israéliens révèle des différences douloureuses. Le cimetière juif israélien Givat Shaul à Jerusalem dessert la zone du village arabe détruit de Deir Yassin. Un sondage d'Haaretz, en Mai 2002, sur les aménagements du cimetière juif donne 5/10 pour ses sections les plus anciennes et 9/10 aux sections les plus récentes. Le sondage a critiqué le manque d'organisation des possibilités de parking et "l'état de négligence" des toilettes mais a vanté "la propreté et le bon état" des nouvelles sections. [56] Il a cependant oublié de mentionner le cimetière arabe voisin de Deir Yassin, qui n'est pas signalé et creusé par les graffiti à côté de la route. De hauts buissons l'entourent et rendent difficile l'accès au site, les tombes sont brisées et abandonnées. [57] Des parents de citoyens israéliens sont enterrés là mais parce qu'ils sont arabes, ils sont traités différemment par l'Etat. [58]

Quatre études de cas : restriction de la liberté de prière

En Israël, l'Etat empêche les Musulmans et les Chrétiens de prier dans leurs lieux saints. L'Etat émet des ordres légaux qui déclarent que des mosquées vides et des églises qui existent encore sont des "zones fermées", ou détruit le lieu saint ou le transforme en institution dont la fonction est contraire à la prière. 

Les barrières légales sont de deux sortes: les administrateurs du territoire de l'Etat ou les forces de sécurité émettent un ordre qui interdit l'accès à un lieu de culte ou donnent un ordre verbal ou un avertissement de ne pas approcher d'un lieu de culte. Un autre barrage à l'accès existe : la peur. Les lieux saint musulmans et chrétiens qui sont maintenant au milieu de zones juives souffrent d'un climat d'intimidation raciale qui empêche effectivement les citoyens arabes de se rendre sur leurs lieux de prière. 

Les quatre études de cas qui suivent illustrent les problèmes auxquels la minorité arabe doit faire face. 

A) Intimidation: Accès à Al-Manshiya

Al-Manshiya est un village côtier d'Israël au nord d'Acre et au sud de la ville balnéaire de Nahariya. Ses habitants arabes autochtones ont été chassés en 1948 et aujourd'hui seul un petit nombre vit en Israël dans des villages avoisinants comme al-Makr. Après 1948, la terre sur laquelle se trouve la mosquée de Al-Manshiya a été donnée par l'Etat au Fonds National Juif (FNJ), une organisation quasi gouvernementale qui travaille unniquement au bénéfice des juifs. [59] La mosquée est fermée et dégradée par des graffiti racistes .

Le cimetière de al-Manshiya couvre environ un tiers de kilomètre carré. C'est un morceau de terre laissé à l'abandon qui se trouve dans ce qui est aujourd'hui une colonie juive relativement étendue. Le maqam qui lui fait face est devenu une maison arabe privée.

En 2001, certains des habitants qui avaient été chassés et qui sont maintenant des citoyens israéliens ont tenté de nettoyer le cimetière. Un habitant juif a appelé la police qui a menacé d'arrêter les citoyens arabes. Ensuite, la police a dressé des procès-verbaux pour toute la rangée de voitures appartenant aux citoyens arabes qui étaient garées sur le côté de la route. Les citoyens arabes ont fait remarquer l'absence de marquage interdisant de se garer, le fait que la route était peu utilisée et la présence de voitures appartenant à des citoyens juifs garées à proximité. La police a averti les Arabes qu'ils auraient une nouvelle amende pour "parking illégal" s'ils tentaient de revenir.

Un des habitants d'origine de al-Manshiya, qui a préféré rester anonyme, a déclaré: "Si j'essaie de me rendre dans le cimetière où est enterré mon grand-père, les voisins appelleront la police et la police m'emprisonnera comme elle l'a dit.[60] Quand il a été question de la mosquée de al-Manshiya, lui et deux de ses parents d'âge moyen savaient où elle se situait mais ont déclalré que s'en approcher était "interdit". La mosquée se trouve au centre d'un nouveau lotissement juif israélien, dont les bâtiments se dressent au-dessus de la mosquée sur trois côtés. Les portes et les fenêtres sont condamnées, l'escalier qui conduit au toit est démoli, et on peut lire sur le dôme peint en blanc de la mosquée le graffiti raciste de plus de 30 centimètres de hau : « MORT AUX ARABES. »

B) La  Destruction comme arme de dissuasion : Um al-Faraj

Um Al-Faraj est un village au Nord-est d'Acre, sur la côté nord d'israël. En 1953, les habitants arabes de Um al-Faraj ont été chassés et déplacés vers la petite ville arabe voisine de Mazra’.

Le "moshav"* Ben Ami  a été créé sur la terre de Um Al-Faraj, et la mosquée, contruite en 1934, utilisée comme grange par le moshav.[61] Afin de protester contre cette désécration, les anciens habitants ont formé un comité et sont allés voir le conseil d'administration du moshav. Suite à cette démarche, le moshav a accepté de ne pas utiliser la mosquée mais son usage comme lieu de culte était toujours interdit. 

Le 4 Décembre 1997, la mosquée de Um al-Faraj a été détruite. Aucune enquête sérieuse n'a été menée et aucune preuve permettant d'identifier les auteurs de cet acte n'a été découverte, mais les anciens habitants pensent que les habitants du moshav ont détruit la mosquée. Les anciens habitants ont décidé de rebâtir la mosquée et ont demandé l'autorisation au comité régional de planification. Ce comité a déclaré que bien que la mosquée ait été détruite sans autorisation, elle ne pouvait être reconstruite sans un ordre des tribunaux. quand l'affaire est passée devant les tribunaux, le juge a ordonné que la terre soit laissée "en l'état" mais qu'elle pouvait être utilisée par les habitants du moshav. La mosquée n'a donc pu être reconstruite. 

Dawud Badr, coordinateur de l'Association pour la Défense des Droits des Personnes Déplacées en Israël, a déclaré que les protestations organisées des anciens habitants de Um al-Faraj étaient la principale raison de la destruction de la mosquée. [62] Cette destruction et le rejet du droit de culte des citoyens arabes près d'une zone juive ont été ensuite légitimés rétroactivement par la décision du tribunal d'interdire la reconstruction.

La destruction de la mosquée de Um al-Faraj sert d'avertissement aux anciens habitants des autres villages détruits qui tentent de restaurer ou réclamer leurs lieux saints : de telles demarches peuvent avoir pour résultat des violations plus graves de leurs droits religieux. Il est utile de mentionner que les évènements de Um al-Faraj, qui se trouve sur la même ligne côtière que al-Manshiya, ont été évoqués par l'interviewé de al-Manshiya comme une raison supplémentaire de ne pas faire pression pour l'exercice de ses droits de visite à la mosquée de son village.

C) Détournée de son usage et fermée : la Grande Mosquée de  Bir al-Seba’ (Beersheva)

Bir al-Seba’ est la plus grande ville israélienne du Naqab : 23.000 musulmans y vivent et y travaillent. De plus, 114.000 musulmans vivent dans les villages environnants. La Grande Mosquée de Bir al-Seba’, construite en 1906 grâce à des contributions des tribus bédouines environnantes, est aujourd'hui fermée et tombe en ruines. Les citoyens musulmans prient dans le parking avoisinant pour protester publiquement, ou en privé chez eux et sur leurs lieux de travail. Il n'y a pas d'autre mosquée en fonction à Bir al-Seba’. Une mosquée privée qui existait avant 1948, la Mosquée Ibsesu, a été transformé en "Restaurant Marie" par ses nouveaux propriétaires juifs après 1948 et est aujourd'hui une boutique. 

En 1966, une fois que le gouvernement militaire a été levé, les Bédouins sont revenus à Bir al-Seba’ et ont protesté contre l'état dans lequel se trouvait leur mosquée. Au fil du temps, la mosquée a été utilisée comme prison, palais de justice et enfin comme musée pour des antiquités locales. Les expositions présentaient des figurines figuratives, considérées comme sacrilèges par les musulmans pieux. Suite aux protestations, le musée a été fermé en 1991, mais la mosquée n'a pas été rendue à la prière. A ce jour, la Grande Mosquée de Bir al-Seba’ reste fermée et vide. La municipalité dit qu'"elle est fermée pour des réparations".

La première plainte enregistrée sur l'état de la mosquée remonte à huit ans. Depuis lors, les musulmans qui ont tenu une prière de protestation à l'intérieur même de la mosquée ont vu leurs chaussures confisquées par la police.  Nuri al-‘Uqbi, President de l' Association pour la Défense et la Protection des Droits des Bédouins en Israël, a été arrêté pour avoir écrit " Ceci est une mosquée" sur le panneau du musée qui reste à l'extérieur de la mosquée et un dossier criminel a été ouvert contre lui par la police. Cette accusation pour vandalisme sur un lieu public est la seule dans son genre : la police n'a entrepris aucune action contre l'accumulation croissante de graffiti à l'intérieur et à l'extérieur de la mosquée au cours de ses années de fermeture et d'abandon. En Janvier 2004, le tribunal l'a condamné à une amende de 1000 shekesl ou à une peine de sept jours d'emprisonnement. Il a refusé de payer l'amende et attend d'être emprisonné. 

Quand les musulmans ont décidé de lancer une bataille juridique pour la réouverture de la mosquée comme lieu de culte, le gouvernement a décidé en Mai 2003 de mettre en place un Comité Ministériel chargé de la question. Toutefois, les musulmans sont restés sceptiques et ont continué à vivre sans mosquée ou sans lieu de remplacement. 

En Janvier 2004 la municipalité a lancé des appels d'offres auprès des  entrepreneurs locaux pour rénover la Grande Mosquée en tant que musée, malgré les délibérations en cours du comité ministériel. 

Les prières dans le parking ont lieu de façon irrégulière parce que "les gens ont peur" explique Nuri al-Uqbi.

D) Prière interdite : la mosquée de  Ghabisiya

La mosquée de Ghabisiya, qui existe depuis 240 ans, servait les communautés de Ghabisiya et les villages environnants de Sheikh Dawud, Danun, al-Nahr et al-Tal avant 1948. C'est l'une des mosquées fermées les plus célèbres en Galilée. 

L'histoire de la lutte contre l'interdiction de prière faite par l'Etat est longue mais jusqu'à présent infructueuse.

Après 1948, un groupe d'habitants de Ghabisiya a lancé une bataille légale pour empêcher leur éviction du village. Malgré une décision de la Cour Suprême en leur faveur, toutes les maisons du village ont été détruites à l'explosif en 1955 : seuls restaient la mosquée et le cimetière. Le groupe a alors consacré sa lutte à la réparation de ces deux lieux saints, qui tombaient tous deux en ruines. En 1972, le groupe qui s'était entre temps organisé en comité formel, a écrit au Premier Ministre d'Israël : "Dans le village restent une mosquée et un cimetière...la mosquée est délabrée et le cimetière où sont enterrés nos parents est à l'abandon et envahi par les herbes à un tel point qu'il est désormais impossible d'identifier les tombes… [nous demandons] de pouvoir réparer la mosquée et également de remettre en état le cimetière et de le clôturer.".

L'ILA a utilisé cette requête comme une occasion de saper davantage les revendications légitimes des habitants sur la mosquée et le cimetière. L'ILA a exprimé son intérêt " en utilisant la pétition des villageois comme un moyen d'obtenir la reconnaissance de l'expropriation de la mosquée."

En dernier lieu, l'Etat a refusé aux habitants l'autorisation de prier dans leur mosquée. 

En1995, la mosquée était ouvert à tous les vents et aux animaux sauvages. La saleté s'entassait à l'intérieur. En Octobre de cette année-là, le comité d'anciens habitants a pris la décision de nettoyer la mosquée afin de pouvoir y tenir la prière du Vendredi. Le 1er  Janvier 1996, l'ILA et des forces de sécurité sont venus à la mosquée, ont jeté dehors les tapis de prière, enlevé les copies du Coran et arrêté Dawud Badr, coordinateur du comité. Au poste de police, les officiers ont tenté de lui faire signer une déclaration comme quoi il ne retournerait pas prier à la mosquée. Dawud a refusé. Faute de preuves, le procureur n'a pu retenir de charges contre lui. 

Des meetings de protestation et des plaidoyers par des membres arabes de la knesset ont reçu un soutien symbolique des ministres. Mais un an plus tard, quand les fidèles, encouragés, sont retournés prier à la mosquée l'ILA et la police sont revenus. Le 13 Mars 1997, les tapis de prière et les Coran ont été de nouveau jetés hors de la mosquée et la mosquée fermée par une haute barrière en acier.

Aujourd'hui, il est impossible d'entrer dans la mosquée, sauf en escaladant un mur de pierre instable. L'intérieur est ouvert aux éléments et un arbre y pousse. Les fidèles musulmans de la mosquée prient chaque vendredi sur le sol nu à l'extérieur de la barrière.

la porte du khan ottoman à Akka : fermée par l'occupant

D'autres batailles légales menées en 1997 ont eu pour résultat la déclaration de l'ILA que le bâtiment n'était pas "une mosquée" bien que les archives de 1943 de la Hagganah fassent état de son existence. Le tribunal n'a pas été capable ou n'a pas eu la volonté de décider si empêcher les citoyens musulmans de prier dans leur mosquée était illégal et a déclaré l'affaire "non jugeable".

 

AUTRES FORMES DE DISCRIMINATION

CONTRE LES MUSULMANS ET LES CHRETIENS EN TERRE SAINTE

A) Les lois

L'Etat d'Israël offre une égalité juridique formelle entre les religions et la protection de leurs lieux saints sans distinction. La loi la plus importante est la Loi de Protection des Lieux Saints  5727 de 1967:

"Les lieux saints seront protégés de toute désacralisation ou autre forme de violation et de tout ce qui pourrait gêner la liberté d'accès de toutes les religions à leurs lieux saints ou affecter leurs sentiments envers leurs lieux saints (Article 1)

Cette loi prévoit aussi des peines d'emprisonnement de cinq à sept ans en cas de transgression . Elle est complétée par des articles du Code Pénal qui interdisent la désacralisation des lieux saints, ou les troubles du culte, et par des articles dans différentes autres lois sur l'écoulement des eaux, les parkings et les monuments qui interdisent les dommages aux lieux saints.[63]

Nulle part dans ce dispositif légal, qui est présenté dans les rapports de l'Etat sur la liberté de religion en Israël devant les organismes de surveillance aux Nations-Unies des traités sur les droits de l'homme, il n'est fait mention d'une distinction entre le Judaïsme, l'Islam et le Christianisme.[64] Cependant, dans une déclaration séparée sur la loi de 1967, faite au Ministère des Affaires Etrangères des USA, le gouvernement dit " qu'il a reconnu seulement les lieux saints juifs sous la Loi de Protection des Lieux Saints de 1967". Il ajoute qu'Israël "protège aussi les lieux saints des autres religions...[et] a donné des fonds pour certains lieux saints d'autres religions".[65]  Cette position montre clairement qu'Israël n'est pas prêt à honorer les engagements qu'il a pris dans ses propres lois sur l'égalité des religions.

B) Les Budgets

Avant sa récente dissolution, un seul département du Ministère des Affaires Religieuses s'occupait des religions non juives. Ce département employait à la fois des musulmans et des chrétiens pour gérer les biens et les subventions de l'Etat, qui incluaient des fonds pour réparer et entretenir les lieux saints. Il y avait toutefois des preuves nettes de discrimination dans les attributions de fonds. En 2003, le Ministère des Affaires Religieuses a alloué aux communautés musulmane, chrétienne et druze - qui représentent au total 18% de la population- seulement 1.88% de son budget de 350 millions de dollars. [66] Une enquête menée par le quotidien israélien Haaretz, a démontré que, durant toute son existence, le Ministère n'avait jamais donné de budget pour construire des mosquées. [67] La politique budgétaire de l'Etat israélien ne protège pas dans les faits les lieux saints des citoyens chrétiens et musulmans.

C) L’archéologie

Le Service des Antiquités d'Israël est responsable de tous les sites d'intérêt archéologiques et historiques, y compris les lieux saints des trois religions. La Loi sur les Antiquités de 1978 qui remplace la législation antérieure qui datait du Mandat britannique définit un monument historique comme suit:

"...un objet, soit détaché, soit attaché, qui a été fabriqué par une personne avant 1700…., y compris tout ce qui y a été ajouté et qui en constitue une partie intégrante.(Article 1)"[68]

L'Article 2 ajoute qu'un objet fabriqué après 1700 peut-être défini comme antiquité s'il est déclaré comme tel par le Ministère de l'Education. Benvenisti déclare que le Service des Antiquités connaît seulement deux sites postérieurs à 1700 qui ont reçu cette définition. Les deux sont des structures significatives pour les débuts du sionisme, à Jaffa et à Tel Aviv.[69]

Beaucoup d'objets en Terre Sainte, datant d'après 1700, sont importants pour le Judaïsme, l'Islam et le Christianisme, mais n'entrent pas dans le cadre de la protection offerte par l'Article 2 de la Loi de 1978. En 1984, afin d'augmenter la protection des artefacts juifs, un responsable de l'Agence Juive a créé le Conseil pour la Restauration et la Préservation des Sites Historiques en Israël, qui d'après son site internet, "identifie, restaure et protège le patrimoine - bâtiments et lieux - associé à la renaissance du pays, au sionisme, à la colonisation et à la sécurité... En tant qu'unique autorité chargée de préserver les sites historiques d'Israël, le Conseil n'est pas seulement responsable de leur restauration mais les défend aussi contre les plans d'ensemble nuisibles et les ordres de démolition". [70] Le Conseil reçoit des subventions de l'Etat et des administrations locales pour ses projets.

Il existe un besoin évident de protection des lieux saints des trois religions contre la négligence, les plans nuisibles et les ordres de démolition. Toutefois, le Conseil subventionné par l'Etat a pour vocation de travailler seulement pour les sites "associés avec la renaissance du pays.".[71] Les mosquées et les églises ne sont pas associées à la "renaissance" d'Israël en 1948, et l'Etat n'est pas intéressé à subventionner leur protection. En Terre Sainte, à la fois l'archéologie et le tourisme qui en découle devraient être des sources d'investissement, d'intérêt et de protection. Un exemple qui illustre la négligence officielle des sites dans les régions arabes concerne des bains découverts en 1993 par un chrétien arabe, Elias Shama, et sa femme belge, Martina. Ils ont acheté une boutique de cadeaux à côté du Puits de Marie dans le centre de Nazareth, là où l'église grecque orthodoxe déclare que s'est passée l'Annonciation (le moment où l' Archange Gabriel informe Marie de son immaculée conception). Les propriétaires ont rapidement découvert, en faisant des fouilles, une série de réseaux souterrains et un sol de marbre blanc. Celui a été identifié plus tard comme un hypocauste, le système de chauffage des bains anciens. 

Après enquête, le Service des Antiquités d'Israël a déterminé qu'il s'agissait de bains ottomans, du dix-neuvième siècle, et qu'ils ne présentaient aucun intérêt archéologique. Les propriétaires ont donc continué à fouiller sans aucune supervision. L'été 2003, le Professeur Richard Freund, du Centre Maurice Greenburg des Etudes Judaïques de l'Université de Hartford dans le Connecticut, a déclaré:

"Je suis certain que ce que nous avons là sont des bains de l'époque de Jesus, et les conséquences  pour notre archéologie et notre connaissance de la vie de Jesus sont énormes." [72]

La classification en site postérieur à 1700 par le Service des Antiquités a été utilisée comme prétexte pour ne pas fouiller un site historique de grande importance pour les chrétiens du monde entier. La permission donnée par le Service de creuser le site sans restriction a causé des dommages irréparables pour de futures fouilles archéologiques. Pour Nazareth, l'abandon du site par l'Etat est une discrimination évidente. 

A la place, l'Etat a concentré ses efforts sur des fouilles archéologiques en Galilée, sur ce qui était considéré comme des sites significatifs pour les juifs, tels que Zippori, à l'extérieur de Nazareth, et dans la ville juive israélienne de Beit Shean, et près de Tibériade où une synagogue a été identifiée. Par opposition, Nazareth, selon le Service des Antiquités, manque de sites de la période romaine d'une importance significative. Pourtant, la présence de vastes bains romains au centre de la ville contredit cette analyse, en offrant la possibilité de trouver de nombreux vestiges romains enfouis sous la ville. Le Service des Antiquités d'Israël, après les premières dénégations, a reconnu le site comme "datant au moins de la période romaine" mais il n'y a eu ni assistance officielle, ni subventions, ni suggestions pour des fouilles plus poussées.[73]

 D) Tourisme

Nazareth est considérée comme la ville du Christ et le site de l'Annonciation. C'est un des trois plus importants centres chrétiens du monde. Il est systématiquement sous-développé et l'histoire des bains de Elias Shama est un exemple important de l'échec du gouvernement à prendre la responsabilité de développer Nazareth pour les touristes. Les bains ont de grandes implications pour l'importance de Nazareth comme lieu de pélerinage. Les fouilles au centre de la ville où Jesus vivait pourraient révéler des artefacts qui datent du temps du Christ. 

On a espéré que le projet "Nazareth 2000 , un investissement de l'Etat de 100 millions de dollars au milieu des années 90, à l'époque de la visite du Pape Jean-Paul II en 2000, serait la réponse à ce problème. Après des années de sous-investissement discriminatoire de l'Etat dans les régions arabes d'Israël, Nazareth était engorgée par la circulation, manquait d'infrastructures, et luttait pour se débrouiller dans l'espace restreint qui lui restait après une vague de confiscations de terres par l'Etat pour installer des immigrants juifs dans une ville voisine, Nazareth Illit. Pourtant, en pratique, la plus grande partie de l'argent dépensé pour Nazareth 2000 est passé dans des améliorations du réseau routier. [74]

Bien que l'investissement Nazareth 2000 ait amélioré quelques zones autour des églises, son effet principal a été d'endommager la ville comme destination touristique et lieu de pélerinage. L'ancien marché couvert, qui avait été pendant longtemps un centre d'échanges entre Damas, Tyr et Jerusalem dans les siècles qui ont précédé 1948, a été fermé pendant plus d'un an et les boutiques ont dû déménager dans des tentes temporaires en bas de la rue principale. Seul le centre du marché a été repavé et rénové, sans grande préoccupation esthétique. Un marché délabré mais vivant a été transformé en un ensemble de rues fermées, aux portes, aux murs et aux bâches uniformes. La plus grande partie des zones d'habitations ont été laissées dans leur état de délabrement antérieur. Les hôtels construits grâce à des réductions d'impôts offertes par le gouvernement l'ont été à l'extérieur de Nazareth, soit dans la ville juive voisin de Nazareth Illit, soit hors de la ville sur la route du sud. Suite à un déclin de l'activité touristique, le nouvel Hôtel Renaissance qui avait été construit au sud-est de Nazareth, a été transformé en prison pour les travailleurs étrangers qui vivent illégalement ne Israël et attendent d'être expulsés. 

Le Puits de Marie a été repavé et transformé en zone piétonne. Là encore, des fermetures ont empêché les boutiques de travailler pendant longtemps, et le résultat au final a été une place uniforme, inaccessible en voiture et sans magasins ouverts. 

Les fouilles de la place ont révélé d'anciennes citernes à eau et des bâtiments de Croisés sous les vestiges ottomans. Pourtant, malgré la découverte de chapiteaux qui ressemblent à ceux découverts dans les ruines romaines de Baysan et de Tibériade, l'équipe de rénovation a décidé de ne pas creuser plus profond que la période des Croisés, choisissant à la place de paver la zone entière à temps pour la visite du Pape. [75]

Malgré "Nazareth 2000," la ville où Jesus a passé la plus grande partie de sa vie n'est toujours pas partie intégrante de l'infrastructure touristique en Israël. Les groupes touristiques font de courtes haltes à Nazareth dans la journée, généralement après s'être arrêtés déjeuner dans un kibboutz juif voisin, Mizra, et continuent ensuite leur trajet pour aller dormir dans des hôtels de la ville juive de Tibériade. Les commerçants arabes qui se trouvent devant l'Eglise Catholique de l'Annonciation entendent souvent les guides dire à leurs clients de ne pas acheter d'objets au marché de Nazareth à cause du manque de temps. [76]

Dr. Noam Shoval de l'Université Hebraïque de Jerusalem compare trois villes de Galilée: Nazareth, Safad et Acre.[77] Le centre d'intérêt de chacune d'elle est en lien avec les trois religions principales : le christianisme à Nazareth, le judaïsme à Safad, et l'islam à Acre. Shoval observe que les récits historiques arabes des deux villes arabes sont minimisés, alors que l'histoire juive de Safad est mise en valeur à l'exclusion de tout autre.  Nazareth et Acre ont toutes deux une riche signification historique et archéologique mais on été grandement sous-développées et laissées de côté par le tourisme organisé.  Acre est même devenu Site du Patrimoine Mondial mais reste dans un état de délabrement chronique. Le faible investissement de l'Etat à Acre s'est concentré sur le développement de l'ambiance du port et sur les bâtiments de l'époque des Croisés. 

L'histoire arabe et musulmane a été effectivement supprimée. (voir photos 12 & 13 in Appendix (A)).

Safad a aussi un riche patrimoine arabe et musulman : avant 1948, 11.000 Palestiniens y vivaient et il y avait huit mosquées. [78] C'est maintenant une ville entièrement juive et le développement intensif s'est centré sur l'histoire de la Kabbale, un courant juif mystique du Moyen-Age. Kabala et la célèbre synagogue de Safad ont été mises au coeur du développement touristique de Safad. 

L'archéologie israélienne divise l'histoire de la Terre Sainte en périodes. Cette chronologie commence avec les époques biblique, asmonéenne, mishnaique et talmudique, et ensuite passe rapidement du début de la période musulmane à une nomenclature des conquérants. Les 1400 années  d'autorité musulmane sont divisées en: début de l'époque musulmane, croisée, mameluk, ottomane et britannique.[79] Cette chronologie se termine avec ce que le Conseil pour la restauration et la Préservation des Sites Historiques en Israël appelle la "renaissance" du pays en 1948. 

L'histoire des Croisades est beaucoup utilisée dans le discours archéologique israélien, en particulier pour expliquer l'histoire d'Acre. Ceci s'est fait en minimisant ou en effaçant l'histoire arabe, musulmane et chrétienne. [80]

La promotion du tourisme, et les bénéfices financiers qu'il génère, sont une raison clé pour protéger les lieux saints. Pourtant l'Etat d'Israël structure et pratique le développement touristique en fonction de la nature religieuse de chaque site : les sites juifs ont une priorité haute, en second viennent les sites chrétiens et les sites islamiques bons derniers.

 

E) Les attaques contre des chefs religieux

Israël a gardé la mainmise sur les affaires religieuses chrétiennes et musulmanes : le contrôle des institutions se fait soit par la politique, soit par le harcèlement. Les Imams de toutes les mosquées en Israël sont nommés et payés par l'Etat. Cette pratique a conduit beaucoup de communautés musulmanes à nommer leur propre imam pour conduire la prière, laissant à l'imam nommé par l'Etat le rôle de gardien qui garde un oeil vigilant sur les activités. 

De telles tactiques ne se limitent pas à la communauté musulmane. Au printemps 2004, la révélation par les media qu'Israël bloquait l'émission de visas destinés à plus de 140 membres du clergé catholique, y compris des prêtres et des nonnes, pour des raisons sécuritaires, a fait grand bruit. [81] L'Etat a également refusé de reconnaître le  Patriarche grec orthodoxe, dûment élu, Erinaios I. Le Patriarcat représente la plus grande communauté chrétienne en Israël et dans les Territoires Occupés: "Selon un membre du Patricarcat, le Gouvernement israélien a refusé de le reconnaître afin d'essayer de soutirer des concessions légales et politiques du Patriarcat...Même si le fait de ne pas être reconnu n'empêche pas la capacité du patriarche à accomplir ses obligations spirituelles, cela peut affecter la possibilité de quitter Israël et y revenir sans restriction. »[82]

Des chefs religieux reconnus sont aussi régulièrement intimidés ou maltraités s'ils expriment des opinions politiques ou participent à des activités politiques. Récemment, le Patriarche latin en visite, Michel Sabbah, a été contrôlé et questionné si longtemps à l'aéroport qu'il a renoncé à son voyage et est retourné chez lui. 

Dr. Theodosis Hanna, un ecclésiastique au franc parler, porte-parole du Patriarcat grec orthodoxe à Jerusalem et en Terre Sainte, a été impliqué dans des manifestations aux checkpoints entre Jerusalem et Bethlehem pendant le siège de l'Eglise de la Nativité en Avril et Mai 2002. Au cours d'un incident en Avril 2002, lui et ses amis prêtres ont été repoussés du checkpoint par la force et son crucifix a été arraché.[83] Le 2 Août 2002, la Shabak (service de sécurité israélien) a emmené le Dr. Hanna dans ses bureaux à Jerusalem où il a été interrogé pendant sept heures. C'était la première fois qu'un chef religieux était arrêté de cette façon. Les enquêteurs ont déclaré que le Procureur Général d'Israël, Elyakim Rubenstein, avait ordonné l'arrestation et l'interrogatoire, qui s'est centré sur les opinions et les activités politiques du Dr. Hanna.

Le dirigeant de la fondation Al-Aqsa pour la restauration des Lieux Saints Islamiques, Sheikh Ra’ad Salah, a montré son franc parler sur les mêmes questions politiques que le Dr. Hanna. Dr. Hanna devait parler à un rassemblement du mouvement politique du Sheikh Ra’ad Salah en 2002 quand la Shabak l'a informé que bien qu'il n'enfreigne pas la loi en participant au rassemblement, on lui conseillait de ne pas parler "pour sa sécurité". 

En Mai 2003, Sheikh Ra’ad Salah a été arrêté au cours de la nuit, alors qu'il était au chevet de son père à l'hôpital. Son père est mort le lendemain. L'Etat accusait Salah, ainsi que d'autres membres de son mouvement religieux et la Fondation Al-Aqsa, d'avoir des liens avec des organisations militantes dans les territoires Occupés. Dans les semaines qui ont suivi, l'Etat a admis qu'il n'y avait aucune preuve qui permettait de lier le mouvement islamique à quelque groupe que ce soit dans les Territoires Occupés. 

Cinq des personnes arrêtées, y compris le Sheikh, sont toujours emprisonnés pendant que leur affaire est pendante. L'interrogatoire du Sheikh Ra’ad s'est concentré sur ses croyances religieuses, et les raisons qui motivaient ses actes de foi, comme le jeûne et le pélerinage à la Mecque. Malgré les protestations, il est resté en prison jusqu'à ce que l'Etat produise une série d'accusations contre lui et ses quatre collègues. Ils ont été accusés d'accepter des fonds provenant d'organisations qu'Israël jugent liées au "terrorisme". Cela faisait référence à des preuves faisant état de fonds qui étaient passés par des réseaux transparents en provenance d'organisations européennes et nord-américaines. 

Malgré la nature rétroactive et financière de ces accusations, Sheikh Ra’ad Salah et ses quatre collègues ont été maintenus en détention jusqu'à la fin de leur procès, qui a commencé en Octobre 2003. Les cinq accusés avaient été classés "prisonniers de sécurité", ce qui a un effet négatif à la fois sur la possibilté qu'ils ont de voir leurs avocats et leurs familles, et les perspectives d'un procès équitable à la fois devant le tribunal israélien et l'opinion publique israélienne. 

On doit noter que Sheikh Ra’ad Salah dirige une association de la société civile musulmane qui produit un travail remarquable dans la restauration et la défense pour protéger les lieux saints puisque cette protection n'est pas fournie par l'Etat. [84]

 

 

Conclusion

 

Par toutes ces pratiques, Israël manque à ses promesses et à ses devoirs d’après la loi internationale de protéger les lieux saints des deux autres principales religions en Terre Sainte et autorise la destruction et la profanation des sites sacrés pour les musulmans et les chrétiens. Selon les mots de Ghazi Falah, un géographe à l’Université  Lampeter du Pays de Galles : “Il est surprenant de noter la persistence de telles pratiques dans le territoire souverain d’Israël alors qu’en même temps toute profanation d’une synagogue ou d’un cimetière juifs en Europe déclenche des accusations d’antisémitisme délibéré. » [85]

La destruction par Israël des lieux saints chrétiens et musulmans pendant la guerre de 1948 a été aggravée les années suivantes par des violations continues de la loi internationale :

* par la destruction des mosquées quand des fidèles ont essayé de réclamer de tels sites, comme à Sarafand, Um al-Faraj et Wadi Hawarith;

* par la destruction des mosquées construites par des citoyens arabes à qui l’Etat refuse le droit à un lieu de culte, comme à  Tel al-Mileh ;

* par l’intimidation continue – par la  police, les fonctionnaires de l’Etat et les résidents juifs locaux- des fidèles qui tentent d’accéder à leurs lieux saints, comme à Ghabisiya, Hittin et Suhmata;

* par le fait de condamner les lieux de culte, ou de les déclarer « zones fermées », afin que les citoyens arabes ne puissent y accéder, comme à  al-Bassa, al-Manshiya et la Grande Mosquée de Bir al-Seba’;

* par la désacralisation illégale de façon à ce que les nouveaux propriétaires puisse effacer leur signification sacrée et les transforment en bars, restaurants, appartements, comme dans le cas des mosquées de Ein Hod, Ashkelon et Caesaria;

* par la caution officielle des actions entreprises par les fidèles juifs qui déclarent des lieux saints musulmans des lieux de culte juifs, comme à  al-Nabi Rubin, Lifta, Wadi Hunin et al-Yazur;

* par l’invisibilité quasi totale des cimetières aux yeux des autorités en charge de l’urbanisation, qui construisent des routes, des logements et des zones industrielles sur leur emplacement, comme à al-Bassa, Deir Yassin and Sarafand al-‘Amar.

Cette profanation des lieux de culte est exacerbée par d’autres formes ouvertes de discrimination : absence de reconnaissance légale des lieux saints chrétiens et musulmans, refus d’allouer des subventions, sous-développement du tourisme dans les zones arabes, le refus de protéger les lieux saints dans les zones arabes ou d’y entreprendre des fouilles, et la traque des chefs religieux qui critiquent la politique d’Israël.

Le but de ces différentes stratégies de l’Etat est évident : effacer le patrimoine chrétien et musulman des Palestiniens - soit par l’abandon et la destruction par les éléments naturels, soit par sa transformation en espace juif – et réduire au silence toute opposition.

Chaque citoyen arabe d’Israël devrait être libre d’utiliser les lieux saints de l’Islam et du Christianisme qui existent en Terre Sainte. Le fait que les lieux saints se trouvent dans une région dont les Palestiniens ont été explusés en 1948 ne devraient pas avoir d’impact sur leur liberté de culte aujourd’hui.  Israël a le devoir de prendre soin des lieux saints musulmans et chrétiens en Terre Sainte. L’Etat affirme qu’il remplit ce devoir obligatoire. Les informations données dans ce rapport prouvent que non. Il est aussi évident que les chefs religieux comme le Dr. Hanna et Sheikh Ra’ad Salah qui protestent contre le refus fait à leurs communautés de prier, doivent faire face à la coercition, l’intimidation et pire.

Au vu de ces faits, l’Association Arabe pour les Drois de l’Homme (HRA) fait les recommandations suivantes:

 

* L’Etat doit autoriser et faciliter, grâce aux subventions et d’autres moyens, la réparation et le développement des lieux saints par les sociétés civiles chrétienne et musulmane.

* L’Etat doit travailler à apporter le tourisme religieux dans les communautés chrétienne et musulmane à l’intérieur d’Israël d’une façon qui bénéficiera directement à ces communautés.

* L’Etat doit reconnaître formellement que les “lieux saints” auxquels il est fait référence dans la loi de 1967 sur la Protection des Lieux Saints sont juifs, musulmans et chrétiens, et appliquer cette législation.

* Le Bureau des Administrateurs qui gèrent la propriété waqf musulmane pour l’Etat doit être choisi de façon indépendante par la communauté musulmane.

* L’Etat ne doit jamais entreprendre de démolir des lieux saints qu’ils soient de tradition musulmane ou chrétienne, et doit entreprendre des enquêtes approfondies sur les attaques et les profanations de ces sites.

* L’Etat ne doit jamais empêcher les musulmans et les chrétiens de prier dans leurs lieux de culte.

 





 

Eglise du village de Suhmata (au nord)

 

Eglise catholique  de Bassa (nord)


Mosquée de Bassa (nord)





 

Notes

[1]  N. Lerner, Israël’s International Obligations Concerning Minorities and Discrimination in Relations between Ethnic Majority and Minority (Tel Aviv: International Centre for Peace in the Middle East, 1987), p. 8, cité in Arab Association for Human Rights (HRA), The Palestinian Arab Minority in Israël: Economic, Social and Cultural Rights (1998), p. 27.

[2]  Charte des Nations-Unies (1945), Articles 1(3), 55(c) and 56.

[3]  Israël  a ratifié la  ICCPR le 3 Octobre 1991.

[4]  A. Barak Interpretation in Law - Statutory Interpretation (vol. II), cité in E. Abraham, "The Right to Family Unity and Immigration Law," Palestinian Residency and East Jerusalem (Jerusalem: Hamoked, 1994), p. 20.

[5] Human Rights Committee, 50 ème Session, General Comment No. 23 (6.2 and 9): The rights of minorities (Article 27), 1994. Available at http://www.ohchr.org/english/bodies/hrc/comments.htm.

[6]  La terre Waqf qui était en usage religieux pendant la guerre de 1948 war et après (par exemple les mosquées dans les villages qui n’ont pas été détruits) a été donnée pour être administrée à un « Bureau des Administrateurs du wqf musulman » composé de « collaborateurs » nommés par les autorités. Ces « administrateurs » vendaient ou « échangeaient » la terre avec l’Administration des Terres d’Israël (ILA) sans rendre aucun compte à la communauté musulmane . Citation de Meron Benvenisti, Sacred Landscape: The Buried History of the Holy Land Since 1948 (Berkley: University of California Press, 2000), p. 298.

[7]  Ghazi Falah, "The 1948 Israëli-Palestinian War and its Aftermath: The Transformation and De-Significaiton of Palestine’s Cultural Landscape," Annals of the Association of American Geographers, vol. 86 (Blackwell Publishing, 1996), p. 279.

[8] En  1961 l’Etat a défini toutes les terres qu’il possédait ainsi que les terres possédées par l’agence Juive et le Fonds National Juif ( JNF) comme des “terres d’Etat”.  L’administration de toutes ces terres a été confiée à l’ILA, un organisme statutaire gouvernemental. Le bureau de l’ ILA est nommé par le gouvernement et comprend 7 fonctionnaires du gouvernement et six personnes désignées par le JNF. Le développement des terres de l’ ILA a été confié à une Administration du Développement de la Terre qui comprend une majorité de personnes du JNF dans son bureau. Le  JNF a pour mission de travailler pour les juifs seulement. Ainsi, l’organisme chargé de développer  94% de la terre d’Israël – les “ terres d’Etat administrées par l’ILA  –est dominiée par une organisation qui travaille exclusivement au bénéfice des citoyens juifs. Voir David Kretzmer, The Legal Status of Arabs in Israël (Boulder: Westview Press, 1990).

[9]  Chiffres de  Hussein Abu Hussein and Fiona McKay, Access Denied: Palestinian Access to Land in Israël (London: Zed Books, 2003).

[10]  Archimandrite Dr. Theodosios Hanna (Spokesman of the Greek Orthodox Church in Jerusalem and the Holy Land), interview by HRA , February 1, 2003.

[11]  Al-Khairiya avait 1420 inhabitants, une mosquée et 2 écoles élementaires en  1945. Voir Al-Aqsa Association for the Custody  of the Awqaf and the Islamic Holy Places (affiliated to the "southern branch" of the Islamic Movement in Israël, and  hereinafter referred to as "Al-Aqsa Association"), General Survey of Muslim Religious Property and Awqaf, vol. 1 (Kofr Bara: 2003).

[12]  Le règlement 125 faisait partie des Lois de Défense (Urgence) 1945 mises en place par le Mandat Britannique.

[13]  HRA, "Desecration of Islamic Cemeteries and Holy Places," Weekly Review of the Arab Press in Israël, No. 167. Available at http://www.arabhra.org/wrap/wraphome.htm.

[14] HRA enquête 30 Mai 2003.

[15]  Sheikh Kamel Rayan (president of Al-Aqsa Association), interview by HRA, June 19, 2003.

[16]  Maha al-Naqib (head of Shatil regeneration project in Lid), interview by HRA, June 19, 2003.

[17] Larry Derfner, "Where are the Mosques of 1948?" Jerusalem Post, May 18, 2001.

[18] Un maqam est un tombeau islamiquequi contient la tombe d’une importante figure religieuse. Ils varient en taille et certains sont utilisés comme lieux de culte.

[19] Sources: ‘Ain Ghazal – Said Badran, "Desecration and Arson at Maqam of Sheikh Shahada in the Cemetery of the Destroyed Village of ‘Ain Ghazal," Kull al-Arab, February 25, 2000; Forty Mosque – HRA, "’Forty Mosque’ Destroyed in Act of Arson," Weekly Press Review No. 161.

[20] HRA, "Attempt to Burn Down al-Omery Mosque in Tiberias," Weekly Press Review No. 174.

[21] HRA, "Assault on Hasan Bik Mosque in Yafa," Weekly Press Review No. 182.

[22] La destruction physique des bâtiments des villages était un processus d’Etat qui a commencé en 1965 et était décrit dans les rapports officiles sous les termes de “nettoyer » et « niveler » la terre. C’était un projet commun de l’ILA, le JNF, l’ Association Archéologique, et de la Société pour l’Amelioration du Paysage. C’est cette dernière organisation qui a eu pour politique de ne pas détruire « les bâtiments à l’architecture impressionnante », et l’exemple de al-Zib est cité. Le danger des bâtiments qui menaçaient de s’effondrer et des puits profonds pour le tourisme tourisme juif israélien a été une des raisons citées pour le processus de démolition. Et [épargner] « du chagrin aux citoyens arabes…quand ils passent près de leur village natal qui leur manque » en est une autre. Voir Tom Segev, "Where are all the Villages? Where are They?" Haaretz Hebrew edition, September 6, 2002. Translation from Between the Lines available at http://www.betweenlines. org

[23] L’avocat Salim Wakim, interview by HRA, June 6, 2003. HRA enquête de terrain 6 Juin 2003.

[24] HRA enquête de terrain 28  Septembre 2003..

[25] Les informations pour l’étude du cas de Sarafand provient des sources suivantes: Northern Islamic Movement officials, interview by HRA, 2003; Al-Hadaf Magazine, September 30, 2000; David Ratner and Jalal Bana, "Forgotten Mosques set for Renaissance," Haaretz English edition, December 31, 2000.

[26] Jonathan Cook, "Broken Lives," Al-Ahram Weekly, April 1-7, 2004.

[27]  Sheikh Rayan, interview; Derfner, "Where are the Mosques of 1948?"

[28] Benvenisti, pp. 208, 290.

[29] Nuri al-Uqbi (President of the Association for Support and Protection of the Rights of Bedouin in Israël), interviewé par le HRA, June 20, 2003; Al-Aqsa Association.

[30] HRA enquête de terrain 20 Juin  2003.

[31] HRA, "Maqam of Sheikh Sima’an in Kfar Saba Turned into a Shrine for Rabbi Shima’on Bin Yaa’kov," Weekly Press Review No. 174.

[32] . Derfner, "Where are the Mosques of 1948?"; HRA enquête de terrain 10 Juillet  2003; Al-Aqsa Foundation, Annual Report 2001 (Um al-Fahm, 2001).

[33] HRA, "Desecration of Maqam of Sheikh Shehada in Destroyed Village of ‘Ain Ghazal," Weekly Press Review No. 185.

[34] Jamil Arafat (auteur), interviewé par HRA,  9 Avril 9 2003; HRA enquête de terrain 9 Avril 9 2003. Le même processus a eu lieu dans le village détruit de Abu Susha où des inscriptions en hébreu ont été peintes sur la mosquée afin de tenter de la changer en synagogue. 

[35] . Sources: Wadi Hunanyn – Benevisti, p. 291; al-Tire – Falah, pp. 256-285; Yazur, Mosque of Shrine of Jacob, al-Sitt Sakina, Kofr ’Anan and Dalata – Al-Aqsa Foundation.

[36] HRA enquête de terrain 20 Juin 2003.

[37] Sources: Ashkelon – Al-Aqsa Association; Caesaria – Al-Aqsa Foundation; ‘Ibsesu – Nuri al-‘Uqbi, interviewé le 19 Juin 2003.

[38] HRA enquête de terrain 9 Avril 2003; Benvenisti, p. 291.

[39] Bimkom – Planners for Planning Rights, "About Us," http://www.bimkom.org/aboutEng.asp.

[40] Voir HRA Factsheet No. 4, "Les Villages non reconnus." Disponible sur http://www.arabhra.org/article26/factsheet4.htm.

[41] Voir Communiqué de Presse du  HRA  "Israëli Government Destroys Mosque in The Negev,"  7 Fevrier 2003. Disponible sur http://www.arabhra.org/pressrel/pressrel030207.htm.

[42] HRA, "Citizens of the Village of el-Husseinia are Preparing to Present their Appeals against the Suggested Village Planning Map," Weekly Press Review No.138.

[43] HRA, "The Israëli Authorities Suggest to the Citizens in the Village of Kutamat that they Remove their Mosque in Exchange for the State not Demolishing their Houses," Weekly Press Review No. 138.

[44] HRA, "Mosque and 12 Houses Demolished in the Negev," Weekly Press Review No. 150.

[45] Maha al-Naqib, interview; HRA enquête de terrain 19 Juin 2003.

[46] Bureau Central des Statistiques – Israël, "Statistical Abstract of Israël 2004: No.55," table 2.7. Available at http://www1.cbs.gov.il/shnaton55/st02_07x.pdf.

[47] Voir Communiqué de presse du  HRA  "Mosque Demolished by 500 Armed Forces in Nazareth," 2 Juillet  2003. Disponible sur http://www.arabhra.org/pressrel/pressrel030702.htm.

[48] Benvenisti, légende de la photo. 19.

[49] Al-Aqsa Foundation.

[50] Al-Aqsa Foundation.

[51] Ce chiffre est basé sur l'étude et l'estimation à la fois du nombre de cimetières détruits et non enregistrables dans le sud et du nombre de cimetières chrétiens dans le sud. il est difficile de faire le partage entre les cimetières chrétiens et musulmans. Plus de la moitié des villages qui existaient avant 1948 étaient des villages mixtes Musulmans/Chrétiens et devaient donc avoir des cimetières pour les deux religions, si ce n'est à la fois une mosquée et une église. Toutefois, l'Etat a été beaucoup plus dur à l'égard des biens religieux musulmans(waqf) que sur les biens religieux chrétiens: ainsi il reste davantage de cimetières chrétiens. 

[52] Al-Aqsa Association.

[53] HRA, "Israëli Antiquities Authority Disrupts Islamic Cemetery in Ijzim Village," Weekly Press Review No. 180.

[54] HRA, "Maatz Construction Company Uses Arab al-Sbeh Cemetery as a Parking Lot," Weekly Press Review No. 158;HRA, "Desecration of Islamic Cemeteries and Holy Places," Weekly Press Review No. 167.

[55] HRA enquête de terrain 6 Juin 2003.

[56] Dafna Lutzky, "Dying can be a Messy Affair," Haaretz English edition, 6 Mai  2002.

[57] HRA enquête de terrain 9 Avril  2003.

[58] Il faut noter que les cimetières musulmans et chrétiens au coeur des villes arabes existant en Israël, par exemple, le cimetière islamique qui se trouve face aux bureaux du HRA à Nazareth, fonctionnent de fait et sont entretenus par la communauté religieuse locale.

[59] Le Comité Aqsa  pour la Protection du Waqf Islamique et des Lieux Saints(predecesseur de l' Association Al-Aqsa et de la Fondation Al-Aqsa ) The Aqsa Committee Memorandum on the Islamic Waqf and Holy Places in Israël (Um al-Fahm, 1994), p. 23.

[60] HRA interview de terrain, 6 Juin 2003.

[61] moshav: colonie non collective

[62] HRA interview de terrain, 6 Juin 2003.

[63] Sections 170-173 du code Penal 5737-1977. Voir aussi  inter alia: Mines Ordinance section 8(1)(a); Drainage and Protection Against Flooding Law 5718-1958 section 22(a); Water Law 5719-1959 sections 70-71; Local Authorities (Sewage) Law 5722-1962 section 14; National Parks and Nature Reserves Law 5723-1963 sections 4-5; Building and Evacuation of Rehabilitation Areas Law 5727-1965 section 51; Antiquities Law 5738-1978. Traduction disponible sur http://www.knesset.gov.il/laws/special/eng/HolyPlaces.htm.

[64] Ceci est exposé dans les déclarations des représentants israéliens au Comité des Nations-Unies sur les Droits de l'Homme dans le Rapport Partiel de l'Etat d'Israël "Combined Initial and First Periodic Report Concerning the Implementation of the International Covenant on Civil and Political Rights (ICCPR)," 1998. Disponible sur http://www.unhchr.ch/tbs/doc.nsf/184758d9fcd7a2b1c12565a9004dc312/ff05b8854986b0398025662f00567574?opendocument.

[65] U. S. Department of State, Bureau of Democracy, Human Rights, and Labor, "International Religious Freedom Report 2002: Israël and the Occupied Territories." Il est intéressant de noter que dans le Rapport International sur la Liberté Religieuse en 2000 on peut lire "Le gouvernement a reconnu les lieux saints juifs sous la protection de la Loi sur les Lieux Saints de 1967" et qu'ensuite, en 2001 et 2002, les termes ont changé pour devenir" le Gouvernement a reconnu uniquement les lieux saints juifs sous la protection de la Loi sur les leiux saints de 1967" (c'est nous qui soulignons). Ces deux derniers rapports du Ministère des Affaires Etrangères US ajoutent aussi que "des groupes de musulmans se plaignet que le Gouvernement refuse d'entretenir les mosquées dans les régions où il n'y a plus de population musulmane". Rapports disponibles sur http://www.state.gov/g/drl/irf/rpt/.

[66] The State of Israel, Ministry of Finance, Budget for Ministry of Religious Affairs, 26 Marsh 26 2003. Disponible sur  http://www.mof.gov.il.

[67] Yair Ettinger, "Religious Affairs Ministry Leaves Mosques to the Islamic Movement," Haaretz English edition, 4 Decembre  2003.

[68] Benvenisti, p. 304.

[69] Benvenisti, p. 305.

[70] http://www.shimur.co.il.

[71] The Council for Restoration and Preservation of Historic Sites in Israel, "Feuillet d'Information," 2003.

[72] Jonathan Cook, "Is this where Jesus Bathed?" The Guardian, 22 Octobre 2003. Le Professeur a mené des recherches au radar dans la boutique des Shama.

[73] Ibid; Jonathan Cook, "Under Nazareth Secrets in Stone," International Herald Tribune,17 Décembre 2003; Elias Shama,interviewé par le HRA en 2003.

[74] Dr. Noam Shoval (géographe urbain à l'Université Hébraïque de Jerusalem). interviewé par le HRA, 6 Avril 2003.

[75] Elias Shama, interview.

[76] HRA enquête de terrain 2002.

[77] Dr. Noam Shoval, interview.

[78] UN Conciliation Committee for Palestine, Committee on Jerusalem, "The Holy Places: Working Paper Prepared par le Secretariat," April 8, 1949. Disponible sur http://domino.un.org/unispal.nsf/0/fd455e412ace30ad0525668e006ef702?OpenDocument&Click

[79] Benvenisti, p. 300.

[80] Visite du HRA au musée d'Acre subventionné par l'Etat 6 Juin  2003.

[81] Ruth Sinai, "No Longer the Keeper of the Gate", Haaretz English edition, 28 Mai 2004.

[82] Ministère des Affaires Etrangères US, Département de la démocratie, des droits de l'homme et du travail, "International Religious Freedom Report 2002: Israel and the Occupied Territories."

[83] Dr. Theodosios Hanna, interview.

[84] Voir le rapport du HRA  "The Right For Muslims to Take Part in Politics," 2003. Disponible sur http://www.arabhra.org/RightToPolitics.pdf.

[85] Falah, p. 281.

 

 

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