Mardi 18 février, devait être
discutée à la Knesset, organe législatif des sionistes, une loi concernant le
remplacement de la souveraineté jordanienne sur la mosquée al-Aqsa, par une
« souveraineté israélienne ». Ce projet fut annulé, en dernière
minute, à cause des réactions de la Jordanie, des Palestiniens et de quelques
régimes arabes ayant suivi l’affaire.
Plus grave encore que les falsifications
sionistes, c’est le silence ou même la collaboration active des pseudo-savants
occidentaux à cette distorsion de l’histoire de la région. Se basant sur les
mythes de la Bible et les lectures biaisées de celles-ci, ces pseudo-savants
ont entériné une histoire mythique au détriment des faits et de l’histoire
réelle de la région. Ils ont « avalé » mot pour mot la version
sioniste, à l’exception de quelques savants courageux, juifs ou chrétiens, qui
ont osé la remettre en cause. L’histoire réelle de la région, et notamment de
la Palestine, continue à être ignorée dans et par le monde occidental, non par
manque de sources arabes, grecques, romaines ou autres, pour ne parler que de
l’histoire antique et pré-islamique, mais par aveuglement et racisme, dont
l’orientalisme représente la face savante.
Le report de la discussion dans
la Knesset à propos de la souveraineté sur la mosquée al-Aqsa ne signifie pas
que le projet est annulé, loin de là. Sur le terrain, les organes sécuritaire,
juridique, humain, médiatique et politique agissent dans ce sens.
I - Al-Quds occupée : asphyxie et purification ethnico-religieuse
Colonisation accrue dans le
quartier de Ras al-Amoud, dans al-Quds : En 1997, les premiers colons
arrivent (trois familles) et installent un point de colonisation « Maale
Zitim », au centre du quartier. A partir de ce point, les colons se sont
étendus et multipliés, au détriment des Maqdisis et de leurs propriétés,
soutenus par la municipalité coloniale. A présent, la colonie comprend 116
unités de logement, occupées par 500 colons. Un nouveau projet de judaïsation
est à l’étude : il s’agit d’agrandir la colonie pour y installer des
bassins d’eau talmudiques et ajouter 150 unités de logements. Une autre colonie
est envisagée, toujours dans Ras al-Amoud par la municipalité sioniste, du nom
de « Maalot David », avec 104 unités de logement.
Le quotidien sioniste Haaretz
annonce un plan de colonisation dans Ayn Karem, à l’ouest de la ville
d’al-Quds, où se trouve l’hôpital Hadassa, qui croule sous les problèmes
financiers, selon le quotidien.
D’autres projets de construction
ont été approuvés par la municipalité de l’occupation : 558 unités de
logement dans plusieurs colonies situées à l’intérieur de la partie orientale
de la ville d’al-Quds. Le quartier Beit Hanina est également visé par la
colonisation, avec le projet de construire 22 unités de logement à place de
trois immeubles confisqués.
Le centre Wadi Helwa à Selwan
signale un projet colonial dans la partie est de Wadi Helwa, au sud de la
mosquée al-Aqsa, sur 1200 m2. Le projet consiste en un bâtiment de deux étages
pour installer un musée « sur l’histoire juive ». Selon le centre
Wadi Helwa, le projet est gouvernemental, exécuté par l’association Elad. 7
familles palestiniennes ont déjà reçu des avis d’expulsion, puisque le projet
devrait être sur leurs maisons et propriétés.
L’occupant mène une large
campagne de destructions de maisons dans la ville d’al-Quds : à Sour
Baher, Jabal al-Mukabber et Beit Hanina. Deux appartements situés à Jabal
al-Mukabber ont été démolis, ils abritaient deux familles, celles de Hussayn et
Nasser Ramadan Shukeyrat, composées de 15 personnes. Le 10 février, c’est une
autre maison située dans le même quartier qui est démolie, celle de Mohammad
Jaafara.
Des colons délivrent des ordres
d’expulsion à un centre éducatif (Omega) dans le quartier Sheikh Jarrah, avant
de brutaliser les étudiants qui s’y trouvaient. Ce quartier qui subit des
expulsions est le centre d’un projet colonial abritant une école talmudique et
des résidences sur 1,9 dunums.
Une dizaine de colons ont
encerclé trois maisons à Beit Safafa, au sud d’al-Quds, réclamant le départ de
la famille Salah, qui y habite. Par ailleurs, le vice-président de l’université
al-Quds, située à Abu Dis, a appelé à faire cesser les agressions et attaques
menées par l’occupation contre l’université. Il a rappelé que 31 agressions
contre l’université ont été menées depuis 2012.
L’occupant envisage la fermeture
de 30 écoles palestiniennes dans la ville d’al-Quds, sous le prétexte qu’elles
n’ont pas payé les taxes dues à la municipalité, parce qu’elles ont refusé de
suivre le programmes scolaire sioniste que l’occupant veut leur imposer. Ces
écoles ont même des difficultés à payer les enseignants, a dit Sayel Mohammad,
directeur de l’école al-Furqan, à She’fat.
La municipalité de l’occupation
prive d’eau 300 familles maqdisies de plusieurs quartiers dans la vieille
ville, prétextant l’accumulation des factures non-payées. Elle a ôté les
compteurs d’eau comme mesure de provocation et de vengeance envers les familles
palestiniennes. Celles-ci sont obligées de recourir à des voisins ou à la
mosquée al-Aqsa pour obtenir l’eau nécessaire. Le comité islamo-chrétien pour
le soutien à al-Quds et les lieux saints a considéré que cette mesure fait
partie de la judaïsation de la ville, et s’ajoute aux autres mesures et
pratiques quotidiennes de l’occupant, contre les Maqdisis.
Le procureur général de
l’occupation a accusé 4 Palestiniens de Jabal al-Mukabber d’avoir planifié des
attaques contre des buts « israéliens ». Les jeunes sont âgés de 19 à
21 ans. Le tribunal de l’occupation a également condamné le 5 février 6
Maqdisis pour faits de résistance et appartenance au mouvement Hamas. Tous les
jours, des jeunes sont arrêtés, brutalisés, conduits aux centres
d’interrogatoire. Certains sont libérés dans la journée, d’autres restent une
ou deux semaines, d’autres encore transférés aux centres de détention.
Plusieurs jeunes ont été condamnés à plusieurs mois de prison ou à de lourdes
amendes en contrepartie de leur libération. Certains assistent à la
prolongation de leur détention, sans motifs.
Un analyste sioniste remet en
cause dans Haaretz (19 février) la version « religieuse » de
l’occupation sioniste de la ville d’al-Quds et la prétendue
« réunification de la ville » pour des motifs religieux, montrant que
ce sont des motivations militaires qui ont été à la base de l’occupation et de
la « réunification », écrivant « la sacralité de la ville fut la
dernière chose à laquelle ont pensé les dirigeants militaires ».
II - Al-Quds occupée : les lieux saints
Les forces de l’occupation poursuivent
leur blocus de la mosquée al-Aqsa, en contrôlant et empêchant les fidèles, les
étudiants et les fonctionnaires des Awqaf musulmans d’y entrer. Par contre, ce
sont les colons, les policiers et membres des services sécuritaires sionistes
qui y déferlent sans arrêt. Le 5 février, ce sont 45 colons, 21 policiers et 55
membres des services de renseignements qui ont profané la mosquée. Le vendredi
7 février, les forces de l’occupation ont confisqué les papiers d’identité de
nombreux jeunes fidèles qui se dirigeaient vers la mosquée. Le 11 février,
l’occupant éloigne l’étudiante Samira Idriss et la prive d’entrer à la mosquée
pendant deux semaines. Le jeune Diya’ Zghayir, 17 ans, a été également privé
d’entrer dans la mosquée. Ghayth Gayth (23 ans) a été interdit d’entrer à la
mosquée pour une durée de 6 mois et de s’approcher de 20 mètres des portes de
la mosquée. L’étudiante Nujud Imtir a également été éloignée de la mosquée pour
une durée de 15 jours.
Le 11 février, 57 colons et une
dizaine de membres des forces sécuritaires ont mené une incursion dans la
mosquée. Le 21 janvier, 90 soldats et soldates de l’occupation avaient fait de
même.
Poursuivant ses agressions,
l’entité coloniale essaie d’installer des signes coloniaux dans la
mosquée : des caméras de surveillance et des drapeaux sionistes. Mahmoud
Abu Ata, porte-parole de « L’institution al-Aqsa pour le waqf et le
patrimoine » a déclaré à ce propos que l’Etat de l’occupation grignote la
souveraineté musulmane sur la mosquée, considérant que l’année en cours sera
très grave, à cause des projets sionistes visant la mosquée al-Aqsa. Sheikh
Ikrima Sabri, président du conseil islamique, a dénoncé l’incursion et la
profanation par le ministre sioniste Uri Ariel de la mosquée. De même, le
conseil islamo-chrétien pour le soutien à al-Quds et les lieux sacrés a dénoncé
les incursions répétées dans la mosquée, indiquant que les autorités politiques
de l’occupation ont légalisé et encouragé ces incursions et profanations.
Le rabbin Israël Ariel a demandé
aux députés et officiers de l’entité sioniste d’organiser des incursions
régulières dans la mosquée al-Aqsa pour contrôler les travaux de rénovation
menées par les Awqafs musulmans. Il a de même appelé les Juifs à mener des
incursions quotidiennes pour affirmer « la présence juive » et instaurer
une souveraineté « israélienne » sur le Dôme du Rocher.
Au cours d’une incursion, les
forces sécuritaires de l’occupation sont montées sur le sommet du Dôme du
Rocher et ont profané la mosquée. Avant eux, c’est le député ultrasioniste
Yehuda Glek qui y était monté, avec 9 colons, au mois de janvier.
L’institution « al-Aqsa pour
le waqf et le patrimoine » a mis en garde contre le projet de construction
d’un centre juif sur 2 dunums, de 5 étages, qui servira au contrôle de la
mosquée al-Aqsa.
III - Al-Quds occupée : résistance palestinienne
Des dizaines de fidèles ont passé
la nuit du 5 au 6 février dans la mosquée al-Aqsa pour empêcher les colons d’y
entrer, ceux-ci avaient lancé un appel pour une incursion. Les Awqaf musulmans
ont réclamé la fermeture de la porte al-Magariba par laquelle passent les
colons.
Des affrontements ont eu lieu
entre les jeunes maqdisis et les forces sionistes près du dôme du Rocher. Ces
affrontements se sont étendus jusqu’au quartier de la porte Hatta, où les
policiers sont montés sur les toits des maisons pour arrêter les jeunes.
Les porte-parole des mouvements
de la résistance palestinienne ont fermement dénoncé, dans des communiqués, les
projets de colonisation dans la ville et ont appelé l’Autorité Palestinienne à cesser
tout contact avec l’occupant.
Des affrontements ont opposé les
jeunes de Issawiya aux forces de l’occupation le premier février, qui étaient
venues pour prendre en photo des immeubles et des rues du quartier.
Des militants ont organisé un
sit-in devant le siège de l’Union européenne le 13 février, dans le quartier
Sheikh Jarrah, protestant contre la destruction des maisons et l’épuration
ethnique dans la ville d’al-Quds. Une lettre a été remise au représentant de
l’Union européenne, réclamant la protection européenne et la fin des
communiqués « creux » de celle-ci.
Dimitri Diliani, membre du
conseil révolutionnaire du Fateh, a dénoncé les crimes de l’occupation qui vise
à l’épuration ethnique de la ville. Il a souligné que l’occupation a détruit
202 maisons l’année dernière dans la ville d’al-Quds.
Le mufti d’al-Quds, sheikh
Mohammad Hussayn, a appelé tous ceux qui peuvent rejoindre la mosquée al-Aqsa
d’y venir, pour la protéger contre la judaïsation. Il a dénoncé le silence
international envers les pratiques de l’occupation.
La Bibliothèque d’al-Aqsa, qui
contient plus de 130.000 volumes, dont 4000 manuscrits, certains datant de plus
de 1000 ans, a commmencé un travail de numérisation des livres et documents,
afin d’aider les étudiants et chercheurs désireux d’entreprendre des recherches
dans différents domaines, de pouvoir le faire, à partir d’internet.
IV- Al-Quds occupée : Beit-Safafa, le morcellement d’un quartier
Un des moyens les plus usités par
l’occupation en vue de coloniser et de judaïser un lieu est de le morceler en
petites unités, en traçant des routes ou des lignes de chemin de fer, ou des
voies rapides, en plein milieu. C’est ce qu’a fait l’administration coloniale
en Palestine depuis 1948. Après un premier morcellement, vient le second, qui
consiste à morceler ce qui l’est déjà, en unités encore plus petites, jusqu’à
la disparition du quartier, de la ville ou de la région.
Beit Safafa, quartier d’al-Quds,
fut morcelé la première fois en 1948, lorsque une partie du quartier a été
occupée. Depuis un an, un projet de construction d’une route passant en plein
milieu du quartier plus ou moins intact est en cours. La route prévue porte le
numéro 4, elle devrait traverser le quartier en longueur alors qu’il y a quelques
années, la route 70 a coupé le quartier en largeur. Ces routes coloniales sont
interdites aux Palestiniens, et relient les colons aux colonies qui entourent
le quartier. Des familles ont ainsi été séparées, elles ne peuvent plus se voir
qu’occasionnellement, en faisant des détours de plusieurs kilomètres. Les
Maqdisis de Beit Safafa ne vont pas seulement perdre l’identité de leur
quartier, mais leurs propriétés, les terres, ont été confisquées pour
construire ces routes. Des 5000 dunums
appartenant aux Maqdisis du quartier, il ne reste plus à présent que 1200
dunums sur lesquelles leurs maisons sont bâties. Tout le reste a été confisqué,
pour agrandir des colonies ou pour construire les routes. Faire disparaître le
quartier de Beit-Safafa et judaïser le lieu, c’est ce que compte faire
l’administration coloniale pour relier des colonies vers Bethlehem et al-Khalil
aux colonies qui entourent al-Quds.
V - Al-Quds occupée : solidarité
La chaîne al-Jazeera a présenté un
documentaire sur la vie du prisonnier maqdisi Mahmoud Issa. Ce héros
palestinien a dirigé une « Unité Spéciale », qui a mené plusieurs
opérations pour faire libérer les prisonniers palestiniens des geôles de
l’occupation.
Plusieurs pays européens ont
condamné le projet de l’occupation visant à élargir les colonies en
construisant des logements. L’Espagne a rappelé que ces projets violent le
droit international et sont illégaux. De même, le secrétaire général de
l’Organisation de la Coopération islamique a dénoncé ces projets, considérant
qu’il s’agit d’une nouvelle agression contre les droits du peuple palestinien.
Tunis solidaire de la ville
d’al-Quds : Le 6 février, une campagne a été lancée à Tunis pour soutenir
la résistance des Maqdisis. La campagne se poursuivra jusqu’au 30 mars 2014 et
vise à conscientiser la population sur les dangers de la judaïsation qui menacent
la ville et la mosquée al-Aqsa.
Le ministre palestinien des
affaires d’al-Quds, Adnan al-Hussayni, a donné un aperçu de la situation de la
ville au consul britannique, appelant la Grande-Bretagne et l’Europe à mettre
fin aux violations de l’entité sioniste.
Le pouvoir jordanien a dénoncé
l’incursion menée par les services sécuritaires dans la mosquée al-Aqsa, avec
leurs armes, considérant qu’un tel acte est très grave.
« Des Khalijis en faveur
d’al-Quds » est une initiative rassemblant plusieurs personnalités du
Golfe, réunie au Koweit pour son premier forum.
L’union parlementaire arabe s’est
réunie au Koweit le 19 janvier dernier avec pour slogan « la ville
d’al-Quds, capitale de l’Etat palestinien » pour affirmer le soutien arabe
à la ville martyre d’al-Quds.
Un séminaire à Londres (UK) sur
la déportation « silencieuse » des Maqdisis a eu lieu le 19 février.
« Depuis 1967, 14.000 Maqdisis ont perdu leur résidence » annonce le
séminaire.
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