Le résistant prisonnier Kamil Abu Hneish |
Il y a deux ans, en octobre 2011,
étaient libérés près de 500 prisonniers, dans le cadre de l’accord d’échange
« Fidélité aux êtres libres » conclu par la résistance palestinienne
(Hamas principalement) et l’entité coloniale, sous l’égide du premier
gouvernement issu de la révolution égyptienne. Quelques mois plus tard, plus de
500 prisonniers étaient libérés, la plupart pour « raisons
médicales », soit au total 1027 prisonniers. Au cours de cet échange, des
centaines de résistants, appartenant à toutes les formations politiques, et
condamnés à la prison à vie, furent libérés.
1 - Prisonniers grévistes de la faim dans les prisons de l’occupation
Aux côtés des
prisonniers Abdel Majid Khdayrat de Toubas qui poursuit la grève de la faim,
qu’il a entamé il y a plus de quatre mois et du prisonnier Kifah Khattab (52 ans, condamné à la
perpétuité) qui a entamé une grève de la faim pour réclamer le statut de
« prisonnier de guerre », dès le milieu du mois de septembre, deux
prisonnier ont entamé la grève de la faim :
Le prisonnier Muammar
Banat, du camp al-Aroub dans la région d’al-Khalil, a entamé la grève de la
faim le 16 octobre, protestant contre sa détention
« administrative ». Il a été placé en isolement par mesure de
vengeance.
Le prisonnier Akram
Al-Fassissi du village Idhna dans la province d’al-Khalil a entamé une grève de
la faim le 29 septembre dernier pour protester contre sa détention
« administrative ». Appartenant au mouvement du Jihad islamique, le
résistant a été placé en isolement pour l’obliger à cesser son mouvement de
protestation. Sa détention « administrative » a été renouvelée
plusieurs fois depuis sa dernière arrestation.
2 – Libérer les prisonniers malades
Le ministre aux affaires des prisonniers et libérés, dans l’AP de
Ramallah, Issa Qaraqe’ a annoncé que la « partie palestinienne » a
livré aux Américains une liste de 80 prisonniers malades, réclamant leur
libération. Pour Qaraqe’, cette liste comprend les noms des prisonniers les
plus atteints, tout en soulignant que des centaines de prisonniers doivent être
immédiatement soignés. Mais l’AP n’a toujours pas reçu de réponse de la part
des Etats-Unis.
16 prisonniers malades détenus dans la prison de Eschel souffrent de
maladies graves. Ils n’ont subi aucun examen médical depuis des années, ce qui
a accentué leurs maladies. Parmi eux le prisonnier résistant Mu’tassam Raddad,
condamné à 24 ans de prison, qui a été transféré à la prison de Haddarim, Le
prisonnier résistant Mohammad Mardawi, condamné à 28 ans de prison, le
résistant Abd al-Jabbar Shamali, condamné à 28 ans de prison, le résistant Iyad
Abu Sabra, condamné à 12 ans de prison, Hussain Qawasmeh, qui est arrêté depuis
deux ans, et non encore « jugé », le résistant Saad Gharable,
condamné à la prison à vie et Thaer Halahla, arrêté depuis avril dernier, et
non « jugé ».
Détenu depuis 2001 et condamné à 15 ans de prison par les tribunaux de
l’occupation, le prisonnier résistant Imad Asfour (de la région de Jénine) a
été atteint d’une maladie pulmonaire, à cause des conditions de détention dans
la prison d’Eschel.
Yusri al-Masri, 30 ans, est détenu depuis juin 2003. Depuis trois ans,
il souffre de cancer, mais les autorités de l’occupation ont refusé de le
soigner.
Le prisonnier résistant Naïm Younes Shawamra, condamné à la perpétuité,
et détenu depuis 1995. Le résistant Shawamra est incapable de parler et de
bouger et la maladie envahit son corps.
Le résistant Thaer Halahla est emmené d’urgence à ce qui tient lieu
d’hôpital dans la prison de Ramleh, à cause de la détérioration de sa santé. Depuis
son arrestation au mois d’avril dernier, Thaer Halahla a été victime de la
« négligence intentionnelle » médicale de l’occupation, qui a
provoqué une hépatite.
3 – Abolir la détention « administrative »
Un rapport du ministère chargé des prisonniers a signalé en début du
mois d’octobre que les 168 détenus « administratifs » ont commencé
des mesures de protestation contre leur maintien en prison, alors qu’aucune
charge n’a été retenue contre eux. Ils ont l’intention de boycotter les tribunaux
de l’occupation, et commencer une grève de la faim si l’occupant ne met pas un
terme à la politique de la détention « administrative ». Le mouvement
de boycott des tribunaux militaires de l’occupation débute le 25 octobre.
Nahil Abu Aycha, 35 ans, de la ville d’al-Khalil a été condamnée, sept
mois après son arrestation, à la détention « administrative », du
fait qu’aucune preuve n’a été apportée
pour l’emprisonner. Elle fut arrêtée au mois de mars dans sa propre maison,
accusée de vouloir défendre sa maison.
Le tribunal militaire de l’occupation dans la prison de Ofer a décidé de
confirmer la détention « administrative » de Ahmad Qatamesh, 60 ans,
pour 4 mois supplémentaires. Ce serait, a–t-il décidé, le dernier
renouvellement, après qu’il ait été détenu deux ans et demi, en tant que détenu
« administratif ». La séance du tribunal fut longue, d’après son
avocat Jawad Boulos, qui a rapporté que le tribunal avait déjà prononcé
« un dernier renouvellement » qui devait se terminer le 28 septembre
dernier, mais la cour suprême de l’état de l’occupation est intervenue pour
qu’une autre décision soit prise.
Le tribunal militaire a renouvelé de six mois la détention
« administrative » de Mus’ab Manasra, 25 ans, de la ville
d’al-Khalil. Il est détenu depuis un an.
4 – Répression
Le directeur d’un centre de solidarité avec les prisonniers a souligné
la nécessité d’assurer une protection aux prisonniers détenus dans la prison du
Naqab, qui subit des incursions répétées de la part des forces spéciales de la
répression. 31 incursions ont été menées depuis le début de cette année. Elles
commencent souvent en plein milieu de la nuit et durent jusqu’au matin, pour
empêcher les prisonniers de dormir et de se reposer. Les chiens policiers sont
souvent utilisés pour les fouilles. Les prisonniers détenus dans les sections
de la prison d’al-Naqab sont battus, aspergés de gaz et insultés, et leurs
affaires détériorées intentionnellement.
Les forces de l’occupation ont investi la prison de Gilboa le 15 octobre
pour soumettre les prisonniers. Trois d’entre eux ont été déplacés vers la
prison de Nafha, dans le sud du pays.
Les forces militaires de l’occupation lancent une campagne d’arrestation
de membres du FPLP dans la ville de Nablus. Le siège du FPLP a été investi et
son contenu cassé ou confisqué ; Zaher Shashtari, Thabet Nassar, Youssef
Abu Ghalmeh et Muhammad Shatawi ont été arrêtés.
Quatre enfants de la région de Qalqylia, dans le village de Azzoun, ont
été arrêtés par l’occupation. Il s’agit des enfants Ikrima Sweidan, 8 ans, de
son cousin Yazan Sweidan, 12 ans, de Ahmad Salim 11 ans et de Ahmad Zahran, 12
ans. Les quatre enfants participaient à la cueillette des olives, alors que
l’occupation les accuse d’avoir lancé des pierres.
Tension dans la prison de Ramon, où l’occupant a isolé le prisonnier
Mohammad Abu Khatla pendant sept jours et privé de visites familiales pendant
un mois. Le prisonnier maqdisi Murad Mahmoud Nimr, 28 ans, de Sour Baher, a été
placé en isolement après son retour du centre d’interrogatoire Petah Tikva. Il
est détenu depuis le 3/1/2010 et condamné à 10 ans de prison pour appartenance
aux Brigades al-Qassam (branche militaire du mouvement Hamas).
Le forum des journalistes palestiniens dénonce l’arrestation par les
services de renseignements de l’Autorité Palestinienne du journaliste Alaa
Rimawi, le 4 octobre, dans sa propre maison, qui a été fouillée de fond en
comble. Il a été remis en liberté, mai accompagné d’un ordre de comparution. Le
forum dénonce la multiplication des arrestations de journalistes palestiniens
par les services sécuritaires de l’AP (12 journalistes au cours du mois
précédent), qui fait partie d’une politique consciente visant à museler la
parole et à endormir les consciences face à la corruption qui sévit dans l’AP.
Les services sécuritaires de l’AP lancent plusieurs incursions dans le
camp de Jénine, pour justifier leur application stricte de la coordination
sécuritaire avec l’occupant. Les maisons et les familles des prisonniers et des
martyrs sont la cible : plusieurs fils et frères de résistants prisonniers
sont arrêtés, d’autres sont recherchés, par l’occupant et par les services
sécuritaires de Mahmoud Abbas.
5 – Prisonnières palestiniennes
- Le tribunal sioniste a
reporté le « jugement » de la résistante Mona Qaadan, 43 ans, du
village de Arraba dans la province de Jénine. Malgré son état de santé
difficile, Mona Qaadan est détenue prisonnière par l’occupant, sans aucune
charge. Son passage au tribunal de l’occupation a été maintes fois reporté. Les
membres de sa famille ont été interdits de la visiter.
L’occupant maintient en détention 14 prisonnières dans la prison de
Hasharon, la plupart en attente de comparution devant un tribunal. In’am Kukumbo est condamnée à 7 mois de
prison pour participation à une manifestation contre l’occupation dans la ville
d’al-Quds.
Témoignage
La prisonnière Sirine Khdayr raconte le moment (il y a quelques mois) où
elle a rejoint les autres prisonnières : « A peine j’ai été
introduite dans la prison de Hasharon, j’ai entendu une voix réjouie :
« la nouvelle fille est arrivée » comme si elles attendaient une
nouvelle invitée !! Je me suis dit : « une nouvelle ruse, cela
doit être sûrement la pièce des « oiseaux » (les
collaborateurs) ». En passant par le couloir des cellules, la première
chose que je remarquai est la couleur des portes, elles sont peintes en bleu,
avec une ouverture grillagée. Je me suis dit : « ce qui veut
dire qu’il n’y a pas d’isolement individuel, et que je pourrai voir qui vient
et qui sort ». Une jeune s’approche de moi et me prend dans ses bras. J’ai
commencé à creuser ma mémoire pour me rappeler où je l’avais vue. Il fallait
que je me rappelle pour savoir si elle est digne de confiance… Alaa Abu Jaaba…
C’est à ce moment que j’ai compris que j’étais parmi celles qui représentent ma
famille et mes amies.. Une seule main et un seul souci.. J’ai acquis la
certitude que je n’étais pas chez les « oiseaux ». Les filles sont
venues me saluer, Mona Qaadan m’a expliqué les règles de la prison et m’a remis
de nouveaux vêtements, avant de me dire, en souriant, que j’allais vite
m’habituer.
A 16 heures 30, le moment de préparer le repas. Intissar, Mona et
Habbuch s’y mettent. Nous nous asseyons autour de la table (Mona Qaadan,
Intissar Sayyad, Alaa Abu Zaytoun, Hiba Bdair, Nahil Abu Aycha (celle qui
s’était écriée à mon entrée), Hadeel, Nawal Sa’di, Tahrir Qinni, In’am Hasanat,
In’am Kulumbo, Salwa. Elles se sont mises à parler de l’opération chirurgicale
que devait subir Lina (Jarbouni), qui se trouvait à l’hôpital, et qui est
privée de visites familiales. Mona explique que Lina est en prison depuis 11
ans…. Le lendemain, Lina arrive. Elles étaient toutes réjouies de la voir,
comme si cela faisait vingt ans qu’elles ne l’avaient pas vue. Elleles salue
une à une, en utilisant leurs noms d’emprunt, et arrivée à moi, elle m’en
délivre aussitôt un, Salsabil.
Lina Jarbouni… toujours souriante quand elle parle. Ses paroles sont
tout profit, elle te transporte dans un autre monde, elle t’ensorcèle par son
sourire qui refuse toutes les pressions, un sourire de résistante. Nous
t’aimons et nous te respectons, Lina. »
6– Libération
L’occupation a décidé de libérer le prisonnier Hassan Turabi, 22 ans, de
la ville de Nablus, après l’aggravation de son état de santé, étant atteint de
leucémie. Hassan Turabi se trouve à présent à l’hôpital Afoula (en Palestine
occupée en 48).
De même, le prisonnier Hatem Amrou (50 ans) de Doura, dans al-Khalil, a
été libéré pour qu’il puisse subir une opération cardiaque dans un hôpital
palestinien. Les autorités de l’occupation craignent d’une part le décès d’un
prisonnier malade dans leurs prisons ou hôpitaux, et essaient autant que
possible de ne pas supporter les charges médicales de toute intervention
chrirugicale dans leurs hôpitaux.
L’occupation a libéré le résistant Hussayn Imawi, de Qarara, au nord de
Khan Younes, après sept ans de détention.
Le résistant Raed Sarass du camp Askar près de Nablus a été libéré après
dix ans de détention.
7 – Statistiques
Un rapport du ministère chargé des prisonniers et libérés signale que le
nombre des prisonniers palestiniens s’est élevé à 5200 prisonniers. Ils sont
détenus dans 17 prisons, camps de concentration et centres de détention. Depuis
le début de 2013, l’occupant a arrêté 2450 Palestiniens, dont 476 enfants et 49
femmes. D’après le ministère chargé des prisonniers, le nombre des prisonniers
appartenant au mouvement Fateh serait de 2650 Palestiniens, soit 52% de
l’ensemble, dont 600 employés par l’AP. Les prisonniers appartenant au
mouvement Hamas seraient au nombre de 1100, ceux appartenant au mouvement du
Jihad islamique 560, au FPLP 365. 13 députés élus au conseil législatif de l’AP
sont toujours détenus (dont Marwan Barghouty et Ahmad Saadate).
Les enfants détenus à ce jour par l’occupant sont au nombre de 210.
8– Histoire du mouvement national des prisonniers
La prisonnière libérée Mariam
Abdallah Jalgoum est décédée à l’âge de 80 ans, dans la région de Jénine. Elle
fut la première prisonnière du nord de la Cisjordanie à être arrêtée, en 1970,
et emprisonnée dans la prison centrale de Nablus, avec tous les membres de sa
famille, accusée d’appartenir au FPLP et de mener des opérations contre
l’occupation. Après sa libération, elle
poursuivit sans relâche sa solidarité avec les prisonniers détenus par
l’occupation.
C’est au mois d’octobre que le mouvement du Jihad islamique commémore le
martyre de sheikh Musbah Souri, mort sous la torture le 2 octobre 1987, après
avoir organisé l’héroïque opération de fuite de la prison centrale de Gaza,
menée par plusieurs de ses cadres, avant le déclenchement de la première
intifada.
Le 17 mai 1987, soit le 9 du mois
de Ramadan, le combattant Musbah Souri parvient à obtenir un morceau de scie.
Il planifie alors le moment où il doit agir avec deux de ses compagnons, Imad
Eddine Shehade et Abdel Salam Sarhad. Ils travaillent chaque jour, pendant 10 à
13 minutes, à couper la grille de la fenêtre des toilettes utilisées par 25
prisonniers. Après avoir coupé la grille, le combattant Musbah choisit
plusieurs prisonniers aux lourdes condamnations pour faire partie du groupe
devant prendre la fuite.
Le jour J prévu pour cette
opération, les prisonniers attendent dans la prière et l’invocation. En pleine
nuit, ils commencent à sortir par la fenêtre : Saleh Ishtiwi, puis Musbah
Souri, puis Sami Sheikh Khalil, puis Mohammad Jamal, puis Imad Saftawi, puis
Khaled Saleh.. Ils se réunissent sur le toit de la cuisine, se dirigent vers la
porte de la pièce réservée à la police militaire, puis vers la partie orientale
du bâtiment du Saraya, couverte d’arbres. Les combattants grimpent sur les
arbres puis en descendent, loin des barbelés. Les deux combattants ayant aidé à
couper les grilles ne sortent pas, leur condamnation devait s’achever bientôt,
mais ils participent au camouflage. Les sionistes ne découvrent la fuite que
vers 6 heures du matin, soit 4 heures après la fuite.
L’occupant devient furieux. Il arrête les membres de la famille de
Musbah Souri, voulant l’obliger à se rendre. La direction du mouvement du Jihad
islamique demande à Musbah Souri et à ses compagnons de partir vers le Sinaï
puis vers un pays arabe, le temps que la situation se calme. Mais les
combattants refusent et choisissent de rester et de reprendre la lutte. Les
renseignements sionistes parviennent, grâce aux collaborateurs, à encercler
puis à blesser et arrêter le combattant Musbah Souri, début octobre. Le 2, il
meurt sous la torture, la maison familiale est démolie. Avant son arrestation
et son martyre, Musbah avait réussi, avec ses compagnons, à mener plusieurs
opérations armées contre l’occupant, dont l’exécution d’un membre des services
de renseignements militaires de l’occupant (Qalil Aqrassi), et du dirigeant de
la police militaire (Ron Tal).
9 – Solidarité
Un centre de solidarité avec les prisonniers lance un appel pour
« internationaliser » la question des « enfants prisonniers »,
en riposte à la recrudescence de l’arrestation des enfants palestiniens, qui
sont soumis aux diverses tortures, par les forces de l’occupation. Le centre
ajoute que la majorité des témoignages recueillis par les enfants faits
prisonniers rapportent qu’ils ont été soumis à la torture par le service de
renseignements sioniste, le Shabak, dont les activités de torture sont
légalisées par le parlement de l’occupation.
La solidarité palestinienne avec les prisonniers n’a jamais cessé, bien
que faiblement suivie d’après les prisonniers et leurs familles. Plusieurs
sit-ins et plusieurs marches ont été organisés à Gaza ou dans les villes de la
Cisjordanie pour réclamer la libération des prisonniers malades. Au cours des
fêtes d’al-Adha, les familles des prisonniers ont accueilli les délégations de
plusieurs mouvements politiques venues apporter un peu de réconfort. Des
membres des familles des prisonniers ont reçu l’autorisation d’accomplir le
pèlerinage à la Mecque, en signe de solidarité avec les leurs.
Soyez solidaires du mouvement des prisonniers
« administratifs » qui réclament la fin de cette forme de détention
arbitraire et barbare. Ecrivez et faites connaître leur lutte, protestez et
dénoncez les pratiques de l’occupant.
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