Profanation du cimetière historique de Ma'manullah |
I - Al-Quds occupée : asphyxie et purification ethnico-religieuse
Le ministre américain Kerry, qui
s’acharne à soumettre l’Autorité palestinienne aux plans sionistes, a proposé que
la ville d’al-Quds soit une capitale pour les deux Etats, palestinien et
« israélien », ce qui signifie en réalité que la capitale palestinienne
soit installée dans un bourg d’al-Quds, à Abou Diss et que l’occupation
sioniste soit « légalisée ». Jusqu’à présent, l’Autorité de Ramallah
semble tenir tête, malgré les menaces d’asphyxie économique.
Le député d’al-Quds Mohammad Tawtah et
l’ancien ministre Khaled Abu Arfa ont été expulsés vers Ramallah, après avoir
été libérés. Les deux responsables palestiniens avaient été kidnappés du siège
du CICR dans al-Quds en janvier 2012 et placés en détention pour être entrés
« illégalement » dans leur ville. L’Etat colonial avait confisqué les
documents d’identité qu’il délivre aux Maqdisis pour qu’ils puissent continuer
à vivre dans leur ville, et avait considéré que leur présence dans al-Quds
était « illégale ».
Un nouveau projet de colonisation
dans la ville d’al-Quds a été dévoilé au début du mois de janvier. Il s’agirait
de la construction d’un « village du patrimoine » sur les terres de
Jabal Zaytoun, à l’est des murs de la vieille ville. Détruire le patrimoine et
l’histoire du peuple palestinien pour inventer et construire un
« patrimoine juif » sur la terre de Palestine, c’est le but du
sionisme que continuent à appliquer les dirigeants de l’Etat colonial. Jabal
Zaytoun est également un lieu stratégique pour la mosquée al-Aqsa, visée par ce
projet.
Les employés de la municipalité
sioniste ont remis des ordres de démolition de deux immeubles appartenant à la
famille Siyam dans Selwan. Les deux bâtiments abritent onze personnes. D’autre
part, Samer Zaatara a été contraint de démolir lui-même sa maison, sous les
ordres de l’occupation, située dans le quartier al-Qirami dans l’ancienne
ville. Il en a été de même pour Adel Umayra qui a été contraint de démolir
trois appartements en construction à Sour Baher, le 30 novembre dernier.
L’occupant creuse de nouveaux
tunnels sous Selwan et poursuit la construction d’un centre biblique dans la
zone.
La municipalité de l’occupation a
accepté le projet d’installer une déchetterie à l’entrée du camp de She’fat,
sans aucun souci pour la population du camp. Le 21 janvier, la population du
camp a manifesté refusant ce projet. Jamal Zahalqa, député à la Knesset
sioniste, a déclaré que cette déchetterie est un prélude à la confiscation du
terrain, expliquant que c’est de cette manière que les sionistes parviennent à
grignoter mètre par mètre la terre palestinienne.
Les services de la municipalité
de l’occupation ont mené une incursion dans Selwan, le 5 janvier dernier, et
ont pris en photo plusieurs bâtiments des quartiers al-Abbassiyé, Wadi Helwa,
Ayn Lawzé et Ras al-Amoud, puis collé des ordres de démolition sur plusieurs
magasins, dont ceux revenant à la famille Siyam et datant de 1816. Une aire de
sports dans Wadi Helwa a également été menacée de démolition, avec tous les
bâtiments utilisés par les sportifs. Ce terrain appartient d’ailleurs à la
famille Siyam. Jawad Siyam, directeur du centre d’information de Wadi Helwa, a
reçu un ordre de démolition de sa maison qui date de 1952. Il a déclaré
concernant l’aire de sports menacée par la démolition que les autorités de
l’occupation visent cette aire depuis un certain temps, afin de relier des
points de colonisation épars, en passant par cette aire qui serait également
livrée aux colons.
Une vague de répression a touché
les prisonniers libérés de la ville d’al-Quds. Haytham Jumaa, Khalil Ghazawi,
Mohammad Hadmi, Muayyad et Hamed Bibouh, tous prisonniers libérés, ont été
conduits au centre de détention et d’interrogatoire de Moskobiyya. Deux enfants
de la vieille ville, Ayman Hushayma (12 ans) et Radi Daddo (14 ans) ont été
arrêtés par les forces de l’occupation, leurs maisons familiales ont été
fouillées de fond en comble.
Le centre d’information de Wadi
Helwa publié son rapport annuel concernant
les agressions de l’occupation. Il a dénombré l’incursion de 9050 extrémistes
juifs dans la mosquée al-Aqsa pendant l’année, dont 2342 membres des services
de renseignemens de l’occupant.
L’occupant a refoulé plus de 350 Maqdisis de la mosquée al-Aqsa, pour
une durée située entre une semaine et six mois. La personnalité la plus
importante ayant été refoulée est sheikh Najeh Bkayrat.
Le centre a également dénombré
l’arrestation de 1450 Maqdisis au cours de l’année, parmi eux 450 enfants et 25
femmes.
II - Al-Quds occupée : les lieux saints
Un pas de plus vers
l’instauration d’une présence juive dans la mosquée al-Aqsa vient d’être
franchie par les officiels de l’entité sioniste : alors que jusque là les
incursions se faisaient par la porte al-Maghariba, c’est par la porte
al-Silsila que la dernière incursion a eu lieu, en présence du premier ministre
canadien. De plus, des tentatives sont menées pour que les incursions soient
menées à partir de toutes les portes de la mosquée al-Aqsa, et notamment la
porte al-Qattanin.
L’institution « al-Aqsa pour
al-Waqf et le patrimoine » a annoncé dans un communiqué datant du 14
janvier que les autorités sionistes représentées par le département des
fouilles ont exécuté 22 creusements dans la ville occupée d’al-Quds en 2013,
les plus importantes étant sous la mosquée al-Aqsa, à la recherche d’illusions,
mais en fait pour judaïser la ville sainte et masquer le caractère
arabo-musulman de la ville.
Les forces de l’occupation ont
arrêté le 13 janvier l’enseignant Ihab Jallad dans la mosquée al-Aqsa. Au même
moment, 25 juifs extrémistes menaient une incursion dans la mosquée.
Tout au long des semaines de ce
mois, des incursions quotidiennes dans la mosquée al-Aqsa ont été menées par
des colons, civils protégés par des forces sécuritaires sionistes, et souvent
accompagnés par le député Yehuda Gleck, ou militaires, dans leurs tenues. Le
premier ministre canadien a également mené une incursion dans la mosquée, lors
de sa visite à l’entité sioniste, accompagné des services de renseignements et
des colons.
Début janvier, la député Miri
Regev a réclamé la présence permanente de représentants du département des
vestiges sioniste pour contrôler les travaux d’entretien entrepris par le
département des Awqaf musulmans dans la mosquée al-Aqsa.
Les « activistes du
temple » ont réclamé dans une lettre envoyée au ministre sioniste du
tourisme l’autorisation aux touristes d’entrer dans la mosquée al-Aqsa, par
toutes les portes, comme les musulmans, pour éviter les longues files d’attente
et pour faciliter les incursions.
Le conseil supérieur islamique et
le département des Awqafs ont dénoncé la mise en place de caméras d’espionnage
à l’intérieur de la mosquée al-Aqsa, considérant cet acte d’agression
caractérisée. Ils ont réclamé le retrait des caméras, la restitution de la clé
de la porte al-maghariba, confisquée depuis 1967 par l’occupant et la
restitution de l’école historique d’al-Tankaziyya, confisquée depuis 1969.
Plusieurs étudiants poursuivant
leurs études dans la mosquée al-Aqsa ont été arrêtés, et certains interdits
d’entrer dans la mosquée pour une durée de 15 jours.
Le cimetière musulman historique
de Ma’manullah a été profané par les colons juifs, qui y ont installé une
cafétaria et un parc pour les chiens.
III - Al-Quds occupée : résistance palestinienne
Khaled Zir, dont l’occupant a
détruit la maison au mois d’août 2013 et qui a été obligé de vivre dans une
caverne, avec ses enfants, a été arrêté pour « tentatives d’écraser un
colon ». Il a été remis en liberté par manque de preuves. Le département
« des vestiges » de l’occupation a réclamé son expulsion de la
grotte, prétextant qu’il y aurait des vestiges que Khaled Zir aurait détruit,
en aménageant la grotte, mais M. Zir a expliqué au tribunal que la grotte et la
terre qui l’entourent lui appartiennent.
Plusieurs jeunes de Selwan ont
été remis en liberté, après avoir été condamnés à payer des sommes
exhorbitantes à l’Etat de l’occupation, qui les a emprisonnés pour résistance
et jets de pierre et de cocktails molotov. Il en est de même pour le jeune Shadi
Labban, dont la famille a été obligée de payer 5000 shekels, qui a été libéré
mais éloigné de son quartier dans la vieille ville, et placé en résidence
surveillée.
Les jeunes maqdisis parviennent à
annuler deux réunions placées sous le signe de la normalisation des relations
avec l’occupant. Les participants « israéliens » furent obligés de
quitter les hôtels dans lesquels se déroulaient ces réunions, l’une à al-Bireh
et l’autre à sheikh Jarrah, dans al-Quds.
Un jeune palestinien parvient à
poignarder un colon dans la ville d’al-Quds, le 10 janvier dernier et réussit à
s’enfuir.
Les Maqdisis ont affronté le 3
janvier les forces de l’occupation au cours de manifestations dénonçant la
colonisation et la construction du mur de l’annexion. Des dizaines de Maqdisis
ont été asphyxiés par les gaz lancés par l’occupant.
Les étudiants de l’université
al-Quds dans Abu-Diss ont affronté les soldats de l’occupation le 20 et 21
janvier. Des dizaines d’entre eux ont été asphyxiés par les balles lacrymogènes
lancés par l’occupant. 7 étudiants ont été blessés par les balles enrobées de
caoutchouc. L’occupant craint les mouvements des jeunes à proximité du mur de
l’annexion, d’autant plus qu’à plusieurs reprises, les jeunes ont cassé des
parties du mur.
IV- Al-Quds occupée : le quartier al-Qirami menacé
Le quartier al-Qirami, dans la
vieille ville d’al-Quds, date de la période mamelouke (plus de 6 ou 7 siècles).
Ses maisons sont menacées d’effondrement, à cause des creusements menés par
l’occupant, qui espère détruire le patrimoine historique de la ville d’al-Quds.
L’appelation du quartier remonte au savant sheikh Shamseddine Mohammad
al-Qirami, mort en 1386 de l’ère chrétienne.
Dès l’occupation du quartier en
1967, et à cause de sa proximité de la mosquée al-Aqsa, les sionistes ont
entrepris de le judaïser, en s’emparant de ses maisons et en creusant des
tunnels. L’administration coloniale dans la ville d’al-Quds a empêché les
Palestiniens de rénover et de réparer les maisons, et notamment les plus
anciennes, afin de pouvoir les vider de leur population et de mettre la main
dessus. Les habitants du quartier, comme la plupart des Maqdisis, croulent sous
les dettes, ne pouvant payer les taxes exorbitantes réclamées par
l’administration coloniale, par vengeance pour leur attachement à leur ville. Au
mois de septembre dernier, l’occupant a donné l’ordre à 28 familles du quartier
al-Qirami de s’en aller, sous prétexte que leurs maisons sont devenues
dangereuses.
La vague de froid qui s’est abattue au mois de décembre dernier a
contribué à l’expulsion des familles de leurs maisons, car les pluies
torentielles qui se sont abattues sur la ville ont aggravé les fissures dans
les murs. Les familles ont dû partir, pour se loger momentanément chez leurs
parents ou en location autour de la vieille ville. Depuis le mois de septembre,
les familles expulsées attendent l’aide promise par les Etats de la Ligue
arabe, qui a promis de financer la rénovation de leur quartier, afin d’empêcher
les sionistes de s’en emparer. Les familles nouvellement déplacées, au mois de
décembre, ont juste reçu des compensations pour les loyers qu’elles sont
obligées de payer ailleurs. Cependant, les familles n’ont pas baissé les
bras : bien que leurs familles habitent momentanément ailleurs, les mères
de famille passent leur journée dans leurs maisons, menacées d’effondrement,
pour empêcher les colons de s’en emparer. Elles sont obligées de faire le
trajet quotidien entre leurs demeures momentanées et leur quartier, et se
relaient les unes les autres pour protéger les maisons de celles qui ne peuvent
y venir. Les aides promises par l’Autorité palestinienne et les divers
organismes de solidarité, arabes ou musulmans, ne sont pas arrivées. Aujourd’hui, quelques familles sont revenues
habiter dans ces maisons et avec l’aide des jeunes du quartier, elles ont
réussi à colmater quelques brèches, en attendant les grands travaux. Un
habitant du quartier a expliqué que les commissions chargées de la rénovation
viennent et repartent, ne s’adressent à aucun habitant, mais promettent.
Celles-ci cherchent à obtenir l’accord des autorités de l’occupation, qui
refusent de l’accorder.
V - Al-Quds occupée : solidarité
Entre le 9 et le 11 décembre
2013, le conseil des ministres de l’Organisation de la coopération islamique
s’est tenu en Gambie, la situation dans al-Quds ayant été déclaré comme
prioritaire. Un plan de 13 points a été adopté pour stopper le bras de l’Etat colonial.
L’ALECSO (organisme de la Ligue
arabe pour l’éducation) a dénoncé les tentatives sionistes de partager la
mosquée al-Aqsa entre Juifs et musulmans.
La population maqdisie manifeste
son soutien aux réfugiés palestiniens soumis au blocus dans le camp al-Yarmouk,
en Syrie, dans un rassemblement organisé devant le siège du CICR (8 janvier),
un autre dans l’enceinte de la mosquée al-Aqsa.
La ville d’al-Quds a été choisie
par « le conseil de l’union des médias arabes » réuni à Amman pour
être « la capitale de la presse arabe » en 2014. L’initiative a été
prise pour attirer l’attention des médias sur la situation dans la ville
occupée.
L’association « ‘Amarat
al-Aqsa » produit un film sur les cours organisés dans l’enceinte de la
mosquée, en vue d’y maintenir une présence régulière musulmane, pour la
protéger.
Le conseil islamo-chrétien pour
le soutien à al-Quds dénonce les violations répétées des officiels et colons
sionistes de la mosquée al-Aqsa. Il réclame des mesures fermes envers l’entité
coloniale de la part de l’ONU.
La conférence d’al-Quds réunie à
Rabat au milieu du mois de janvier a été l’occasion, pour le quotidien al-Quds al-Arabi
(Londres) de rappeler que les beaux discours prononcés ne sont qu’une redite et
un copier-coller des précédents discours. Le quotidien a souligné que le
discours de Ban Ki-Moon affirmant que les mesures de l’occupant « n’ont
aucune légalité juridique » puisqu’elles s’opposent au droit
international, ne fait que répéter ce qui fut déjà dit, alors que sur le terrain,
l’occupant viole tous les jours le « droit international » et M.
Ban-Ki Moon a les yeux tournés ailleurs.
Un seul point nouveau cependant, qui suscite beaucoup de questions, est
un appel lancé aux capitaux arabes de s’investir dans al-Quds. Serait-ce un
appel à la normalisation avec l’Etat colonial et un appel à participer à
l’économie sioniste, sous couvert de soutenir les Palestiniens ?
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