Jabal al-Baba dans al-Quds : expulsion de la population |
Dans al-Quds et dans les territoires occupés en 1948, la répression coloniale sévit également, dans Umm al-Fahem, à Haïfa, dans al-Issawiya et She’fat ou la vieille ville, dans le pourtour de la mosquée al-Aqsa. Profitant de la « disparition mystérieuse » de trois colons il y a près de deux semaines, l’occupant a lancé une opération préparée il y a plusieurs mois pour arracher ce qui ne peut être arraché : la résistance. Il ne réussira qu’à déstabiliser l’Autorité palestinienne et son président Abbas, qui craint déjà pour sa place, malgré l’accord de former un gouvernement d’union nationale. Ce gouvernement qui a vu le jour n’est en fait qu’une réplique des gouvernements de Abbas, mais accepté bon gré mal gré par le Hamas.
Dans la ville d’al-Quds, la
nouvelle vague de terreur lancée par l’occupation s’est manifestée dans les
nombreuses arrestations, dont d’anciens prisonniers libérés en 2011, et
l’arrestation de Samer al-Issawi, le héros maqdisi ayant mené la plus longue
grève de la faim dans le monde, pour réclamer sa libération. Mais cette vague
de répression renouvelée n’a pas mis un terme, même momentané, aux efforts des
sionistes de poursuivre leur plan de judaïsation de la ville et des lieux
saints, au contraire, les colons les plus extrémistes lèvent la tête et
réclament du sang et des terres et des « droits » pour profaner la
mosquée al-Aqsa.
A la veille du mois de Ramadan,
nous ne pouvons que souhaiter une résistance encore plus ferme de la part des
Maqdisis et des Palestiniens en général contre la machine de guerre de
l’occupant, une déroute encore plus marquée pour l’occupant criminel, une
solidarité plus active de la part des Arabes et musulmans dans le monde avec le
peuple palestinien, et une dénonciation plus ferme de tout recul ou abandon.
I - Al-Quds occupée : asphyxie et purification ethnico-religieuse
Dans son rapport relatif à la
colonisation, le « Bureau national pour la défense de la terre et la
résistance à l’occupation » indique que le plan des sionistes consiste à
construire 12000 unités de logement dans les colonies implantées dans la ville
d’al-Quds au cours des quatre années à venir.
La commission de la colonisation
dans la municipalité de l’occupation a entériné le projet du bâtiment Kadim
dans Wadi Helwa, au sud de la mosquée al-Aqsa.
« Hawsh Shehabi », un
quartier jouxtant la mosquée al-Aqsa est menacé de confiscation et de
judaïsation.
La famille Shqayr dans le
quartier de Selwan a reçu un ordre « administratif » de démolition de
sa maison le 17 juin dernier, déjà détruit au cours de 2013. La municipalité de
l’occupation a remis des ordres de démolition pour 5 constructions dans le
quartier al-Bustan, Ayn Lawza, Wadi Rababa et Wadi Helwa.
La compagnie d’électricité de
l’occupant menace de priver les Maqdisis d’électricité, sous le prétexte de
non-paiement par la compagnie maqdisie de ses « dettes ». la
compagnie d’électricité des sionistes prétend que la compagnie maqdisie lui doit
des sommes d’argent, celle-ci fournissant de l’électricité aux quartiers situés
à l’Est de la capitale palestinienne occupée.
La commision locale pour
« la planification et la construction », c’est-à-dire pour la
colonisation, dans la ville d’al-Quds, a décidé de construire 172 unités de
colonisation dans la colonie située dans Jabal Abu Ghnaym (Har Homa).
Le « département de la
poste » de l’occupant a décidé de vendre ce qu’il considère comme étant sa
part dans le bâtiment de la poste situé rue Salah Eddine, pris d’assaut par
l’association coloniale Atarit Cohenim suite à une « vente » menée
par une compagnie sioniste pour une partie du bâtiment. Bâtiment palestinien
par excellence et considéré par l’occupant comme étant un bien dont les
propriétaires sont « absents », les sionistes qui s’en sont emparés
sont en train de le « vendre » à une association coloniale pour ses
projets.
Le festival sioniste « les
lumières » organisé par la municipalité de l’occupation et le ministère du
tourisme investit la porte al-Amoud, où des films sionistes sont exposés, qui
reprennent des mythes inventés de toute pièce sur l’histoire de la ville
d’al-Quds et la pseudo-présence des juifs en Palestine il y a 2000 ans. Ce
festival qui attire les touristes et colons est une occasion supplémentaire
pour l’occupant d’effacer la véritable histoire de la ville et d’éloigner les
Maqdisis de leur ville.
Pour vider la ville d’al-Quds des
Palestiniens, les dirigeants sionistes menacent d’interdire le mouvement
islamique dirigé par sheikh Raed Salah, qui organise depuis plusieurs années la
défense de la mosquée al-Aqsa et participe activement à la défense de la ville
contre sa judaïsation. Les autorités de l’occupation ont renouvelé
l’interdiction de se rendre à al-Quds au sheikh Raed Salah.
II – Al-Quds occupée : répression
30 fidèles ont été blessés lors
de la profanation par les forces de l’occupation de la mosquée al-Aqsa (13
juin).
« Allah Akbar » est la
phrase qui entraîne l’arrestation et les coups, surtout si elle est prononcée
dans la mosquée al-Aqsa. Quotidiennement, les fidèles sont soumis aux coups et
arrestations lorsqu’ils s’opposent à la profanation de la mosquée par les sionistes.
Les 10 et 18 juin, les forces de
l’occupation ont réprimé des manifestations de soutien aux prisonniers
grévistes de la faim, organisée devant le siège du CICR dans la ville (10) et
par les étudiants palestiniens de l’Université hébraïque (18).
L’occupant ferme deux
institutions charitables dans la ville d’al-Quds, le 19 juin,
« al-Ibdaa » dans Beit Safafa et « les comités
charitables » dans Sour Baher, sous le prétexte qu’elles agissent pour le
compte du mouvement Hamas.
Le tribunal de l’occupation
condamne Alia Sheikh Ali Abbassi (49 ans) à 40 mois de prison ferme, et
l’accuse d’avoir voulu poignarder un soldat en 2012. Mère de 6 enfants, dont le
prisonnier maqdisi Issa Abbassi, détenu depuis 2010 et condamné à 10 ans de
prison.
6 anciens prisonniers maqdisis
libérés en 2011 par l’opération d’échanges des prisonniers ont été arrêtés par
les forces de l’occupation le 18 juin. Il s’agit de : Adnan Muragha de Selwan, Alaa Dine Baziane,
de la vieille ville, Jamal Abu Saleh, de Selwan, Ibrahim Mechaal de Jabal
Mukabbir, Rajab Tahhan de Ras al-Amoud, Isma’il Hijazi de Jabal Mukabbi et
Nasser Abd Rabbo de Sour Baher.
Le centre Wadi Helwa indique que
l’occupant a lancé une campagne d’arrestations le 23 juin, dans al-Azariyya,
Abu Dis, Sawahra, et parmi les bédouins Jahhalin, arrêtant 12 citoyens, et 6
autres dans le camp de She’fat et Issawiya. Une incursion suivie d’arrestations
a été menée le 11 juin à al-Issawiya. Ont été arrêtés Lutfi Khalil Dari (44
ans), Ali Derbas (38 ans), Mohamad Ubayd (19 ans), Yasser et Mohammad Darwish.
Des barrages ont été installés dans plusieurs endroits du quartier et des
affrontements ont opposé les jeunes Maqdisis aux forces de l’occupation.
Le prisonnier libéré Samer Issawi
a été arrêté.
Les services de renseignements de
l’ocupation imposent la détention administrative de 3 mois sur le député
maqdisi Mohamad Tawtah et l’ancen ministre Khaled Abu Arfa, déjà expulsés de la
ville d’al-Quds.
L’étudiant Tamer Shala’ta, de la
ville occupée de Sakhine, en Galilée, a été arrêté le 24 juin.
III - Al-Quds occupée : les lieux saints
Le ministre de l’entité
coloniale, Neftali Benet, chef du parti « la maison juive » a déclaré
vouloir mettre sur pied les moyens de consacrer la présence juive dans la
mosquée al-Aqsa. Dans une interview à la radio sioniste, il a dit soutenir le
« devoir national » consistant à « monter au mont du
temple » ce qui veut dire en termes clairs, investir et profaner la
mosquée.
La commission Tsour (ministère de
l’intérieur de l’occupation) recommande l’accentuation de la répression des
fidèles, et la permission aux juifs de profaner la mosquée al-Aqsa les samedi.
Concernant la répression des fidèles, la commission recommande des mesures
punitives contre ceux qui suscitent des « troubles », c’est-à-dire
ceux qui s’opposent à la profanation de la mosquée par les sionistes et leurs
services sécuritaires et l’élargissement des prérogatives du chef de la police
de l’occupation.
Selon une association
palestinienne, 1396 sionistes ont profané la mosquée al-Aqsa depuis le début du
mois de juin (chiffre du 12 juin).
Les fidèles se sont opposés à la
présence sioniste dans la mosquée à plusieurs reprises au cours de la dernière
semaine de juin. Ils ont réussi à empêcher des prières
« talmudiques » devant la porte al-Rahma et les portes de la mosquée
al-Marwani, comme ils ont empêché le député Galik d’y entrer avec 8 colons. Le
24 juin, les fidèles ont réussi à empêcher des membres des services
sécuritaires de l’occupant de profaner la mosquée al-Qibali et la mosquée du
Dôme du Rocher.
IV - Al-Quds occupée : résistance palestinienne
Ripostant à l’interdiction
d’entrer dans la mosquée al-Aqsa, des centaines de fidèles accomplissent les
prières dans les rues avoisinantes. Les forces de l’occupation ont craint la
présence massive des fidèles. Elles ont fait survoler des hélicoptères pour les
surveiller (20 juin).
Des jeunes défient l’occupant
dans al-Issawiya le 17 juin. Suite aux provocations de l’occupant, les jeunes
lancent des pierres sur les policiers.
Le 22 juin, les forces sécuritaires de l’occupant investissent le
quartier et provoquent les passants. Elles arrêtent le jeune Majdi Mahmoud, 24
ans, avant de le rouer de coups.
V- Al-Quds occupée : les accords d’Oslo en 1993 ont détruit la ville d’al-Quds
Dans un article écrit en 2010,
Jamal Zahalqa, membre du Rassemblement national démocratique et membre de
l’organe colonial qu’est la Knesset, analyse les effets des accords d’Oslo sur
la ville d’al-Quds, disant : ayant accepté de remettre les discussions sur
la ville d’al-Quds à plus tard, la partie palestinienne a porté un coup à la
capitale palestinienne. Dès la mise en place des accords, l’occupant sioniste a
fermé toute représentativité officielle palestinienne dans la ville d’al-Quds,
et en premier lieu « la maison de l’Orient » où siégeait feu Fayçal
al-Husseiny, qui était la référence politique des Palestiniens, ainsi que
toutes les institutions palestiniennes. La ville d’al-Quds a été vidée de toute
référence politique nationale. L’Autorité Palestinienne a essayé de remplir ce
vide en instaurant plusieurs bureaux pour al-Quds, dont un ministère spécial,
mais leur nombre n’a eu aucun effet sur le terrain. La population d’al-Quds se
plaint de n’avoir pas de soutien de la part de ces différents organes face aux
tentatives sionistes de les expulser.
Avant les accords d’Oslo,
poursuit l’auteur, la ville était en fait la capitale politique, économique et
commerciale de la Cisjordanie, qui s’ajoute à son rôle religieux. Elle vivait
grâce à la population de la Cisjordanie qui y venait pour tout faire. Les
accords d’Oslo ont mis fin à cela, et pour y entrer à présent, il faut avoir un
laisser-passer délivré par l’occupant. La construction du mur de la
colonisation a accentué l’isolement de la capitale palestinienne, comme il a coupé
la province d’al-Quds en trois parties : à l’intérieur du mur, où vivent
20.000 Palestiniens, hors les mus où vivent 80.000 Palestiniens qui ne peuvent
entrer dans la ville sans passer par les barrages de l’occupant, et 120.000
Palestiniens vivant dans les villages de la province d’al-Quds, qui sont reliés
économiquement et socialement à la ville mais interdits d’y entrer.
Depuis l’isolement de la ville
d’al-Quds de son environnement palestinien, la judaïsation s’étend avec la
colonisation, les expulsions, les démolitions des maisons. Les plans concoctés
par la municipalité de l’occupation se comportent avec les quartiers
palestiniens comme des ilôts séparés et non un centre de vie et de civilisation
uni.
L’occupant se comporte avec la
population maqdisie comme étant « entrée » dans l’entité d’Israël en
1967, et tout enfant palestinien qui y naît est un « émigrant » vers
l’entité coloniale. Les maqdisis portent un permis de séjour dans leur ville,
selon la loi sioniste. Cette loi autorise les autorités coloniales à le leur
confisquer sous divers prétextes. Avant les accords d’Oslo, les autorités de
l’occupation ont confisqué 3000 permis de séjour, privant leurs détenteurs de
vivre dans leur ville. Après les accords d’Oslo, ce dont des dizaines de
milliers de permis confisqués pour obliger les Maqdisis à abandonner leur
ville.
Les accords d’Oslo ne protègent
pas les lieux saints palestiniens. Le cimetière historique de Ma’manullah est
profané pour construire ce que les sionistes appellent « le musée de la
tolérance », parce que la tolérance est, aux yeux des sionistes, le droit
de profaner la sacralité des morts palestiniens et arabes. Après les accords
d’Oslo, les revendications sionistes sur la mosquée al-Aqsa se sont multipliées
et les creusements de tunnels se sont intensifiés.
Avant les accords d’Oslo, les
Palestiniens vivant en Cisjordanie et dans la bande de Gaza pouvaient venir
prier dans la mosquée al-Aqsa et autres lieux saints, ce qui est désormais
interdit. De plus, le document dit « Abu Mazen (le président actuel,
Mahmoud Abbas) – Beilin » discute de déplacer la « capitale al-Quds »
vers le bourg d’Abu Dis, c’est-à-dire que la discussion ne porte plus sur la
division de la ville d’al-Quds entre partie occidentale (occupée par les colons
en 48) et partie orientale (occupée en 1967) mais sur le partage de la partie
orientale entre l’Etat de l’occupation et l’Autorité palestinienne. Celle-ci ne
revendique plus l’application du « droit international » et le retour
aux frontières de juin 1967 mais a fait des concessions sur la partie orientale
de la ville. Les accords d’Oslo sont responsables de la catastrophe qui s’est
abattue sur la ville d’al-Quds.
VI - Al-Quds occupée : solidarité
Les ministres des relations extérieures de
«l’organisation de la coopération islamique » dénoncent l’attitude
de l’Australie, qui a refusé de considérer que la partie orientale de la ville
d’al-Quds est occupée, au cours de leur réunion du 19 juin. Ils réclament le
respect de « la légalité internationale » qui admet le statut
d’occupé pour cette partie seulement de la ville.
L’UNESCO a décidé de porter un
regard aux violations sionistes dans la ville d’al-Quds, lors d’une réunion
tenue à Qatar. 12 délégations ont voté la résolution de l’UNESCO visant à
protéger le patrimoine d’al-Quds, contre 8 abstentions et une voix contre.
Le Forum arabo-européen dénonce à
Athènes les violations sionistes dans la ville occupée d’al-Quds : le
délégué marocain au Forum a déclaré qu’il est nécessaire d’avoir une approche
politique saine de la situation dans la ville pour faire cesser « l’écoulement
de sang des innocents ».
En signe de solidarité avec la ville occupée,
l’organisation de la coopération islamique a proclamé la ville d’al-Quds
capitale du tourisme arabe pour l’année 2016, et à la rigueur en 2015, si la
ville turque de Konya accepte de se désister. Reste à savoir ce qu’un tel geste
signifie concrètement : s’agit-il de normaliser les relations avec
l’occupant et de se diriger en masse en touristes vers la ville sous
occupation, ou bien d’agir dans les médias, arabes, musulmans et mondiaux pour
diffuser du matériel médiatique à grande échelle pour expliquer la situation
historique de la ville et briser le monopole sioniste sur les médias,
concernant la ville d’al-Quds ?
C’est ce qu’a proposé d’ailleurs
l’institution al-Aqsa pour le Waqf et le patrimoine à la conférence tenue par
le bureau des affaires d’al-Quds relié à l’OLP, réclamant des médias des
efforts pour traiter la situation dans la ville et ses lieux saints.
Des parlementaires tunisiens
proclament la fondation d’une association juridique « les parlementaires
pour al-Quds ».
L’association jordanienne
« des architectes pour al-Quds » annonce le début de la quatrième
phase de son programme de reconstruction de la vieille ville, commencé il y a
quelques années. 26 projets ont été réalisés comprenant 45 unités de logement,
et deux écoles.
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