La révolte des jeunes Maqdisis,
suite à l’enlèvement et l’exécution de sang-froid de l’adolescent Mohammad Abu
Khdayr (15 ou 16 ans) risque de s’étendre et d’embraser, non seulement tous les
quartiers encore arabes de la ville occupée d’al-Quds, mais également les
villes et bourgs demeurés arabes dans les territoires palestiniens occupés en
1948.
Si le martyre du jeune Abu Khdayr
a déclenché la révolte des jeunes Maqdisis, il faudrait l’expliquer par des
dizaines d’années de pratiques colonialistes dans la ville d’al-Quds :
terreur exercée par les colons, confiscation ou destruction des maisons,
arrestations, expulsions, colonisation accrue, dépeçage non seulement de la
ville mais des quartiers et destructions de la vie sociale et familiale
palestinienne, judaïsation de l’enseignement dans les écoles maqdisies. Pendant
toutes ces dernières années, les enfants maqdisis furent la cible de choix de
la terreur de l’entité coloniale : arrêtés et brutalisés lorsqu’ils ne
sont pas tués, ils sont emprisonnés dans des conditions épouvantables et
torturés, avant d’être relâchés pour être placés sous « résidence
surveillée ». C’est contre leur humiliation quotidienne et l’humiliation
de leurs parents et de leur peuple que les jeunes se sont emparés des cocktails
molotov et des pierres, ainsi que des fusées d’artifice, pour les lancer contre
les soldats et affirmer qu’ils veulent « libérer la Palestine ».
Les scènes nocturnes de la
révolte ont suscité la peur, non seulement des sionistes, mais également d’une
classe politique palestinienne qui craint pour ses privilèges et son statut
accordés par les accords d’Oslo. Cette classe politique, secondée par les
intellectuels à sa solde, est déjà en mouvement pour stopper la révolte des
jeunes, sous les divers prétextes : « le moment n’est pas mûr »,
« nous porterons plainte devant les Nations-Unies », « il faut
rester civilisé » quand elle n’accuse pas tout simplement les jeunes
maqdisis d’être des « voyous » pour n’avoir pas attendu ses directives.
I - Al-Quds occupée : asphyxie et purification ethnico-religieuse
Le quartier Rabat al-Kurd (Hawsh
Shihabi) dans la vieille ville d’al-Quds, est menacé par la judaïsation. Ce
quartier se situe à proximité de la mosquée al-Aqsa. Les colons extrémistes
tentent de s’y infiltrer, soit en creusant des tunnels qui passent sous le
quartier soit en y établissant des points de colonisation. L’un des habitants
maqdisis du quartier, Khodr Shihabi explique : le quartier connu par le
nom de Hayy Shihabi est l’un des sept « ribat » construits tout au
long des siècles passés, il est même le troisième, afin de servir les fidèles qui
passent par la ville d’al-Quds. Il a affirmé que les sionistes essaient de s’en
emparer à cause de sa proximité du dôme du Rocher et parce qu’il comprend une
place appelée « place Samawiya » où se trouve une extension du mur
al-Bouraq, que les sionistes considèrent comme faisant partie de leur prétendu
temple. La famille s’est adressée au tribunal central d’al-Quds et a arrêté la
fin des travaux « de rénovation » menés par la municipalité de
l’occupation, car le site appartient à la famille.
L’occupant déclare qu’il lui faut
des mois pour réparer les dégâts occasionnés par les jeunes à la ligne du tram
de l’occupation, à She’fat et Beit Hanina, lors de leur révolte. Ce tram non seulement
divise les localités palestiniennes puisqu’il passe en plein milieu, mais il
est spécialement conçu pour relier les colonies entre elles.
L’occupant a installé un radar
militaire au poste militaire aérien de Qalandia, au nord d’al-Quds, pour protéger
la colonie Modi’in contre la résistance.
De nouvelles unités de logement
sont prévues dans les colonies Pesgat Zeev et Jabal Abu Ghnaym (Har Homa).
Les colons agressent les
Maqdisis : des dizaines de Maqdisis ont été agressés et insultés dans la rue
Yafa, dans la partie occidentale d’al-Quds. Les colons ont essayé de kidnapper
des jeunes à Beit Hanina. Un chauffeur de taxi maqdisi a été violemment tabassé
par les colons à Selwan. Le jeune Zayn Sayouri (18 ans) de Ras al-Amud a été
violemment attaqué alors qu’il entrait dans un supermarché.
L’occupant ordonne le 24
juin la fermeture d’une autre antenne de
« l’institution d’al-Quds pour le développement » située rue
Salaheddine dans la ville occupée d’al-Quds. L’avocat Khaled Zabarqa, directeur
de l’institution a déclaré que l’occupant veut interdire tout soutien social à
la population maqdisie et briser sa résilience.
L’occupant poursuit son projet de
construire le parc colonial sur les pentes de Jabal al-Masharef, malgré les
protestations légales des habitants d’al-Tour et de Issawiya. La construction
de ce parc vise à empêcher toute extension démographique de ces deux quartiers
qui sont déjà surpeuplés. C’est ce qu’a d’ailleurs affirmé le porte-parole d’un
parti sioniste de gauche (Meretez).
L’occupant a renouvelé
l’interdition d’entrer dans la ville d’al-Quds, au sheikh Raed Salah, pendant 6
mois, le 26 juin. Pour sa part, Sheikh Raed Salah a déclaré que cette
condamnation se situe dans le cadre d’une campagne visant à interdire le
mouvement islamique, ajoutant qu’à présent, il lui est interdit d’entrer dans
la mosquée al-Aqsa, dans la ville d’al-Quds, en Cisjordanie et interdit de
voyager.
II – Al-Quds occupée : répression
Exécution et immolation par le
feu du jeune Mohammad Abu Khdayr par des colons établis dans al-Quds le 2
juillet. Des affrontements entre les forces armées de l’occupation et les
jeunes maqdisis dans plusieurs quartiers se soldent par l’arrestation de 200
jeunes environ. Les services médicaux de la ville ont déclaré que 207 citoyens
ont été blessés par la violence de l’occupation.
Le cousin du martyr Mohammad Abu
Khdayr, Tareq, a été violemment battu par les forces armées de l’occupation,
avant de l’arrêter. Ayant un passeport américain, le consulat a réclamé sa
libération. Mais Tareq a été placé en détention à domicile, pour 15 jours.
Aucune enquête n’a été ouverte pour découvrir les policiers qui l’ont roué de
coups. Mais la soi-disant enquête de l’occupant pour l’exécution de Mohammad
Abu Khdayr a ciblé les colons qui en seraient responsables. Trois d’entre eux auraient
été relâchés, les autres traduits devant des psychiatres, en vue de les
relâcher.
Les colons on essayé d’enlever
des jeunes dans le quartier de Sheikh Jarrah.
Les tribunaux de l’occupation ont
renouvelé la détention de 14 Maqdisis arrêtés le 3 juillet.
Le 8 juillet, l’occupant arrête 4
jeunes près des murailles de Bab Sahira, dans la vieille ville. 3 autres ont
été arrêtés à Beit Safafa au sud d’al-Quds.
L’occupant annonce avoir arrêté
la nuit du mardi au mercredi 8-9 juillet 42 jeunes Maqdisis.
Dimanche 13 juillet, les
policiers de l’occupation expulsent les fidèles de la mosquée al-Aqsa. Ils les
ont agressés et ont tiré des balles en leur direction pour les faire sortir.
Les forces sionistes préparent ainsi l’entrée massive de colons dans la
mosquée. Dès l’aube, la mosquée est encerclée par les barrages placés même dans
les ruelles de la vieille ville qui y mènent.
III - Al-Quds occupée : les lieux saints
Au cours de la première semaine
du mois de Ramadan, les autorités de l’occupation ont fermé à deux reprises les
accès à la mosquée al-Aqsa, et ont autorisé des dizaines de colons à la
profaner. Elles ont également interdit aux fidèles d’y prier le premier
vendredi du mois, sauf à quelques centaines de fidèles. Les autres, plusieurs
centaines, n’ont eu accomplir la prière du vendredi que dans les rues
adjacentes à la mosquée. Les forces armées de l’occupation ont mené une
incursion dans la mosquée immédiatement après la fin de la prière du vendredi et
y ont lancé des bombes sonores, pendant que ses snipers montaient sur les toits
pour « surveiller » les fidèles.
Le deuxième vendredi du mois de
Ramadan, les sionistes ont interdit aux fidèles de prier dans la mosquée
al-Aqsa. Seulement une dizaine de milliers de fidèles ont pu entrer, alors que
normalement, c’est plusieurs centaines de milliers de fidèles qui se dirigent
vers la mosquée les jours de vendredi du mois de Ramadan.
Les mesures restrictives de
l’occupation empêchent les fidèles d’accéder à la mosquée et d’accomplir les
prières des Tarawih. Le premier vendredi du mois de Ramadan cependant, 40 cars
ont réussi à amener les Palestiniens de 48 pour y accomplir ces prières,
portant le nombre des fidèles à 20.000.
Plusieurs associations s’activent
pendant le mois de Ramadan pour présenter le repas d’al-Iftar à la population
maqdisie dans la mosquée al-Aqsa.
L’occupant interdit aux
étudiantes d’entrer à la mosquée pour suivre les cours organisés par
« Masateb al-‘Ilm ». Elles ont riposté et une jeune (22 ans) de
Sheikh Jarrah a été arrêtée, au moment où l’occupant autorisait des dizaines de
colons à y entrer et à la profaner.
L’institution « ‘Amarat
al-Aqsa » a publié les derniers chiffres relatifs aux colons ayant profané
la mosquée au mois de juin : 2134 colons. L’augmentation du nombre des
colons va de pair avec la diminution du nombre des fidèles musulmans pouvant
entrer dans la mosquée. L’institution d’al-Aqsa considère que l’occupant
cherche à consacrer une présence physique permanente des colons à l’intérieur
de la mosquée, en vue d’imposer son partage dans le temps et l’espace, avant de
la détruire pour construire « le temple ».
IV - Al-Quds occupée : résistance palestinienne
L’invasion militaire de la région
d’al-Khalil et d’autres villes et villages palestiniens de la Cisjordanie et la
férocité de l’occupation contre la population maqdisie ont incité la résistance
militaire basée à Gaza à envoyer des « messages » à l’occupant pour
qu’il mette fin à la vague de répression et de destruction qu’il mène. Mais ce
dernier avait pris prétexte de la disparition des trois colons pour lancer son
offensive pour détruire la résistance. Il a lancé son agression contre Gaza,
qui résiste et riposte : des centaines de fusées lancées par la résistance
ont touché les abords d’al-Quds, les colonies situées entre Tel Aviv et al-Quds
et al-Khalil, sans mentionner toutes les fusées lancées sur les colonies
situées près de la bande de Gaza. L’occupant a été surpris par la force de
frappe de la résistance, et poursuit ses attaques : plusieurs dizaines de
martyrs sont tombés, la plupart étant des civils, des familles entières sont
décimées, montrant une fois de plus que l’occupant tue le maximum de gens parce
qu’il n’arrive pas à toucher les résistants.
Pour le deuxième vendredi du mois
de Ramadan, les Maqdisis qui ont été interdits de prier dans la mosquée al-Aqsa
se sont révoltés et ont tenu tête aux policiers de l’occupation. Des
affrontements ont eu lieu entre les jeunes et les occupants, dans plusieurs
quartiers de la ville, et des témoins ont assuré que les policiers prenaient la
fuite pour éviter la colère des Maqdisis.
Tout au long de l’agression
sioniste contre les Palestiniens de la bande de Gaza, les Maqdisis n’ont cessé
leur mouvement de révolte : les jeunes ont cassé les caméras de
surveillance dans des quartiers de la vieille ville (le chemin de Bab Hatta),
ils ont affronté le poste militaire situé à Qalandia, séparant al-Quds de la ville
de Ramallah, ils ont affronté l’occupant à Selwan et al-Issawiya, et à Abus
Dis, le jeune Adam Urayqat a été touché par balle avant d’être arrêté. A chaque
fusée envoyée par la résistance à Gaza sur al-Quds et ses environs, la
population se massait sur les toits des maisons pour saluer les résistants.
Avant même le mois de Ramadan et
l’agression criminelle contre Gaza, les étudiants de la mosquée al-Aqsa ont
chassé un groupe de 35 colons qui ont profané la mosquée, le 26 juin. Ils ont
riposté à l’entrée de 60 colons (juifs et touristes) le premier jour de
Ramadan, le 30 juin.
V- Al-Quds occupée : « Masâteb al-‘Ilm » dans la mosquée al-Aqsa
Depuis plusieurs années, les
associations palestiniennes musulmanes agissant pour la défense de la mosquée
al-Aqsa ont mis en place ce qui est désigné par « Masâteb al-‘ilm »,
soit des cours dispensés à l’intérieur même de la mosquée par plusieurs maîtres
et sheikhs, sous la forme de cercles d’études, bien que le terme « masâteb
al-‘Ilm » désignât historiquement des endroits aménagés à l’intérieur de
la mosquée pour accueillir enseignants et étudiants. Il s’agit d’abord de
renouer avec le statut même de la mosquée al-Aqsa et plusieurs autres mosquées
centrales dans le monde musulman où la mosquée fut un lieu d’enseignement autant
qu’un lieu de recueillement et de prière, mais aussi d’assurer une présence
quasi-permanente des fidèles dans la mosquée pour empêcher sa profanation par
les juifs extrémistes.
Depuis que quelques rabbins
extrémistes ont donné l’autorisation aux juifs de mener des pratiques
talmudiques dans ce qu’ils considèrent « le mont du temple », pas un
jour ne passe sans que la mosquée al-Aqsa ne soit profanée, que ce soit par des
membres d’organes sécuritaires de l’entité sioniste, des députés ou des
personnalités politiques ou alors des groupes de colons. Les « Masâteb
al-‘Ilm » furent une des réponses à la recrudescence des actes
profanateurs.
La mosquée al-Aqsa est
historiquement un lieu de savoir, comme l’attestent la venue de milliers de
savants musulmans, pour y enseigner ou assister à des cours dispensés par
d’autres savants et la présence de nombreux « masâteb », les plus
connus étant « Mastabat al-Sanawbar » ou « Mastabat Abu Bakr
as-Siddîq », « Mastabat Sabra wa Shatila » et « Mastabat
al-Ghazâli », fondée en l’honneur
du savant Al-Ghazali qui rédigea son fameux « Ihy’a Ulum ad-Dîn »
dans une des pièces de la mosquée. Initié en 2010, les « Masâteb
al-‘Ilm » ont accueilli au départ près de 30 étudiants, mais ce chiffre va
augmenter jusqu’à atteindre 600 étudiants et étudiantes par jour en 2013,
répartis en divers cercles d’étude, qui comprennent des cours des sciences
religieuses et de langue arabe. Les étudiants choisissent leurs cours et y
assistent, plusieurs fois par semaine.
Cette présence quasi-permanente
des étudiants à l’intérieur de la mosquée al-Aqsa a gêné les plans de
l’occupant, qui souhaitait s’emparer d’une mosquée abandonnée par les fidèles.
C’est alors qu’il a lancé, depuis 2013, une vague de répression contre les
étudiants dans la mosquée, sous le prétexte qu’ils empêchaient les juifs de la
profaner comme bon leur semble, puisque les étudiants ont réussi à maintes
reprises à les en chasser. Non seulement les enseignants furent interdits
d’entrer dans la mosquée, mais les étudiants furent poursuivis, leurs cartes
d’identité confisqués et ils furent souvent emprisonnés, rien que pour avoir
assisté à ces cercles d’études. Le nombre d’étudiants et d’étudiantes arrêtés a
dépassé plusieurs centaines, au cours des derniers mois. De plus, la police vole
ou détruit les chaises installées par les organisateurs de ces cercles d’étude.
Les « Masâteb al-‘Ilm » sont un des moyens mis en œuvre par les
Palestiniens pour résister à l’occupation.
Lors de l’interrogatoire des
étudiants arrêtés (des centaines au cours des derniers mois), les services de
renseignements de l’occupation essaient de rassembler les informations non
seulement sur les étudiants, mais sur leurs milieux familiaux, leurs quartiers,
leurs voisins, ayant trouvé une nouvelle source d’espionnage et d’infiltration
dans le milieu maqdisi. Les avocats des étudiants et étudiantes arrêtés ont
dénoncé les pratiques de l’occupant et mis en garde les Maqdisis arrêtés de
founir des renseignements à l’occupant.
VI - Al-Quds occupée : solidarité
Un communiqué de solidarité avec
la résistance à Gaza, rédigé par la campagne ALI (contre l’Islamophobie en
France) souligne le lien entre l’islamophobie, la colonisation sioniste de la
Palestine et les agressions contre la mosquée al-Aqsa et rappelle que les
sionistes veulent détourner les musulmans du soutien à al-Quds.
Un journaliste palestinien
écrit : « où sont vos millions de dollars pour soutenir la ville et
la population d’al-Quds ? » après avoir décrit les travaux de
judaïsation menés par l’occupation grâce aux millions récoltés par les
sionistes. La population maqdisie est menacée d’expulsion et la mosquée al-Aqsa
et les lieux saints, chrétiens et musulmans, sont menacés par la judaïsation.
La défense de l’arabité d’al-Quds, et le maintien de sa civilisation,
poursuit-il, ne se réalisent pas par les slogans et les déclarations, ni par
les communiqués de dénonciation.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire