A l’occasion de la
commémoration du martyre de dr. Fathi Shiqaqi, assassiné par le Mossad sioniste
le 26/10/95, CIREPAL publie, en hommage au martyr et à tous les martyrs et martyres
palestiniens tombés au cours de la lutte contre l’entité coloniale sioniste,
des extraits du document politique du Mouvement du Jihad islamique en
Palestine, fondé par le martyr Shiqaqi au début des années 80.
Le nouveau document politique du Mouvement du Jihad
islamique en Palestine, publié vers le milieu de l’année 2018, peut être
considéré comme le texte ayant servi de base aux élections internes qui se sont
déroulées et ayant abouti à l’élection de M. Ziyad Nakhalé au secrétariat
général du mouvement, en remplacement de dr. Ramadan Shallah, qui a occupé le
poste pendant 23 ans, et à l’élection du nouveau bureau politique. Ce document,
fruit de longues discussions à l’intérieur des rangs du mouvement, a été
supervisé par dr. Ramadan Shallah, qui insistait sur la nécessité d’expliciter
les constantes du mouvement et de les développer. Il s’agit en réalité d’une vision
globale du mouvement, de sa lecture du conflit et des positions qu’il adopte
envers tous ses acteurs.
Le document traite de quatre questions (le
Mouvement du Jihad islamique, la Palestine, la nation arabo-musulmane et la
situation internationale) mais développe surtout le second point, la Palestine,
en présentant d’abord ce qu’est la Palestine, puis le projet sioniste, puis la
question palestinienne, qui traite de la lutte, du règlement et de la situation
interne.
Le mouvement du Jihad islamique a tenu à produire
ce document en vue de lever les ambiguités politiques et conceptuelles qui ont
brouillé la pensée politique palestinienne et arabe, notamment après les
accords d’Oslo (1993), où « la victime s’est transformée en gardien de son
oppresseur » et où « Israël » est devenue « l’unique valeur
sûre » dans la région. C’est pourquoi le document a tenu à rappeler les
constantes de la question palestinienne et du conflit dans des termes clairs.
1 -
Concernant le Mouvement du Jihad islamique, le
document le définit en tant que « mouvement palestinien de résistance,
l’islam est sa référence, la libération de la Palestine de l’entité sioniste
son but et la lutte (jihad) son moyen ». Il est « un mouvement
indépendant, fondé par une volonté palestinienne consciente, en vue d’accomplir
un devoir légal, par souci d’assumer une responsabilité nationale, arabe,
islamique et morale, en réponse aux exigences de la confrontation globale avec
le projet sioniste sur la terre de Palestine ».
La priorité du mouvement est d’assumer le devoir du
jihad et de la résistance en vue de libérer la Palestine… Il est un des cercles
de la lutte du peuple palestinien et de la nation, tout au long de notre
histoire, contre les envahisseurs et les colonialistes… et fait partie
intégrante des constituants du mouvement national palestinien
contemporain ». Le mouvement fait partie du courant islamique mondial dans
le monde, sans y être « organiquement rattaché ou dépendant » dans le
sens où il considère que l’islam est « la source de notre force et de
notre grandeur, et le secret de notre identité particulière parmi les
nations ». Le mouvement rappelle « la liaison entre son engagement
islamique et et entre son appartenance enracinée à la patrie » et sa
fierté de son identité arabo-islamique et nationale.
La Palestine est pour le mouvement une « unité
régionale indivisible », elle s’étend du Jourdain à la Méditerranée, et de
Ras al-Naqura au nord vers le golfe d’al-Aqaba au sud. Elle est la terre du
peuple palestinien et sa patrie. Personne n’a le droit d’y porter atteinte.
Elle est « une terre arabo-islamique, elle fait partie de la grande patrie
arabo-islamique et la nation arabo-islamique y a un droit naturel, religieux et
historique ». Les Juifs n’ont aucun droit sur la terre de Palestine, leur
invasion, l’expulsion de son peuple par la force et l’instauration de leur
entité, la reconnaissance de cette entité par certains parmi notre peuple et de
notre nation n’y fondent aucun droit et ne suppriment pas le droit légitime et
fixe du peuple palestinien sur l’ensemble de la terre de Palestine.
2-
Abordant le sujet du peuple palestinien, le
document affirme que les chrétiens palestiniens font partie intégrante du
peuple palestinien et de la nation arabo-islamique. « Ils sont les
partenaires dans la patrie ». Le
droit du peuple palestinien à sa terre entière et à sa patrie est un
« droit global et indivisible », il a le droit de résister pour la
libérer, le droit à l’auto-détermination sur sa terre et à y instaurer son
entière souveraineté, ainsi que « le droit d’y retourner et d’y vivre, et
de matérialiser ses choix politiques, qui conservent son appartenance et son
identité et qui affirment sa place naturelle en tant que partie de la nation
arabo-islamique ».
Tout projet ou programme politique qui porte
atteinte à l’intégrité du peuple palestinien ou qui ne prend en compte qu’une
partie perd toute légitimité et ne représente pas le peuple palestinien.
Après un survol de l’histoire de la Palestine et de
la lutte des Palestiniens contre les envahisseurs, au cours de l’histoire, le
document affirme que la ville d’al-Quds est le « cœur de la Palestine,
elle est sa capitale et le symbole de sa sacralité, elle occupe une place
religieuse, historique et civilisationnelle particulière dans la conscience et
la raison de tout arabe et tout musulman. Elle est, avec ses lieux saints
musulmans et chrétiens, un droit fixe pour le peuple palestinien et une
propriété de la nation, dans le passé, le présent et le futur, il en est de
même pour toute la terre de Palestine. Il est interdit, quelles que soient les
circonstances, d’en concéder une partie ou de négocier à propos d’un grain de
son sable.
Toutes les solutions qui limitent le droit du
peuple palestinien, des Arabes et des musulmans à al-Quds, à sa partie
orientale, ou à la vieille ville ou ce qu’ils appellent « al-Quds
al-Sharif » ou qui limitent leur relation à al-Quds à une forme de
direction religieuse, sans que la ville ne soit libérée de l’occupant, sont
nulles et refusées.
Les réfugiés palestiniens sont les habitants de la
Palestine expulsés de leur pays, arrachés à leurs terres par la force et
l’agression, au cours des deux Nakba de 1948 et 1967, et qui furent interdits
de retourner à leur patrie, à leur pays, à leurs terres et propriétés dont se
sont emparés les sionistes. Le droit au retour du peuple palestinien à sa
terre, son pays et ses propriétés est un droit naturel, individuel et
collectif, légitime, transmis de génération en génération. La question de la
Palestine n’est pas une question de réfugiés, mais une question nationale,
arabe et islamique, et humaine, en vue de libérer la patrie du peuple
palestinien. Le droit au retour des réfugiés à leurs terres et leur pays est « un
droit qui dérive du droit du peuple palestinien à l’ensemble de sa terre et
patrie, la Palestine ».
Le projet sioniste est un projet d’invasion
coloniale et colonisatrice, visant à remplacer un peuple par des colons. Il est
raciste, agressif et expansionniste. Il est organiquement lié aux forces
impérialistes occidentales et fait partie de la collision historique entre
l’occident et l’islam et de la « reconquista ». Son rôle est
d’affermir le morcellement de la région et de sa dépendance. L’entité sioniste
vise la nation toute entière. Il ne s’agit pas d’un conflit sur une terre, ni
un conflit de classes, mais un conflit civilisationnel global. Il ne s’agit pas
d’un conflit avec un régime d’apartheid, car la présence « d’Israël »
signifie la disparition de la Palestine.
La vie militaire dans l’entité est le fondement.
Tout est au service du militaire, et « tout individu dans l’entité est un
soldat en permission provisoire ». Le judaïsme n’est pas un nationalisme.
C’est pourquoi le mouvement affirme que « le critère de notre position
envers les autres est leur attitude envers la Palestine » et qu’il ne doit
pas être reconnu ou reconnaître le droit à l’existence de cette entité.
La question palestinienne est la question centrale
de la nation arabo-musulmane, à cause de sa sacralité, son histoire et son
importance stratégique et civilisationnelle. De même qu’elle concerne tous les
peuples et toutes les nations désirant instaurer la paix et la stabilité dans
le monde, sur « la base du droit et de la justice, et non sur la base de
la force agressive et de la contrainte ».
La question palestinienne est la question de
l’occupation de toute la terre de Palestine. « Elle est intimement liée
aux questions des Arabes et musulmans, qui ne pourront se libérer du
morcellement, de l’arriération et de la dépendance, ni de tous leurs problèmes,
tant que la Palestine n’est pas libérée. Le changement de l’état de la nation
et la libération de la Palestine sont deux faits complémentaires, l’un prépare
la réalisation de l’autre. L’éveil de la nation, son indépendance et son unité
sont le chemin vers la libération de la Palestine, et l’action pour libérer la
Palestine est le moyen de l’éveil et de l’unité ».
Le droit du peuple palestinien et de la nation à
résister et à lutter contre l’ennemi sioniste spoliateur de la Palestine, par
tous les moyens et les méthodes, en premier lieu la lutte armée, pour libérer
la terre et récupérer les droits et la dignité, est un droit légitime reconnu
et confirmé par toutes les lois célestes, les coutumes et les traités
internationaux.
La lutte armée contre l’ennemi sioniste est le
moyen stratégique principal de notre lutte. C’et un devoir religieux et
cultuel, un devoir national, nationaliste et moral. Il a été prouvé que la
lutte armée est le moyen le plus réaliste et le plus apte à libérer la
Palestine. Rien n’empêche d’emprunter d’autres moyens de lutte, notamment les
soulèvements populaires. Les opérations martyres sont la forme la plus élevée
de l’autodéfense face à la terreur de l’ennemi sioniste. Le mouvement insiste
sur le droit absolu du peuple palestinien et des forces de la résistance à
posséder des armes, à les obtenir et à les fabriquer et refuse l’abandon des
armes de la résistance ou toute tentative d’y porter atteinte.
Le mouvement affirme que l’objectif stratégique de
la lutte du peuple palestinien et de sa résistance est la récupération de
l’ensemble de la terre et des droits, et considère que « tout retrait des
forces de l’occupation sioniste de toute parcelle de la terre de Palestine, du
fait de la résistance, et non conditionné, est un acquis national, et un pas
sur la route de la libération entière ». La voie fixe de la lutte et de la
résistance consiste à poursuivre la confrontation avec l’ennemi sioniste, à
l’épuiser et l’ébranler pour l’obliger à s’en aller, avant d’arriver à la
libération totale de la Palestine.
Il est impossible de réaliser la paix avec le
projet sioniste, car de par sa nature, il est en contradiction avec toute paix.
Ce qu’il entend par paix c’est se soumettre au fait accompli et poursuivre à
s’emparer ce qui reste de la terre de Palestine et la judaïser.
Le mouvement refuse de reconnaître l’entité
« israélienne », ou de faire un traité ou de négocier avec lui, car
notre droit sur la Palestine n’est pas relatif, mais un droit absolu
indivisible et non négociable, et toute reconnaissance de l’entité signifie la
suppression de l’existence de la Palestine. Le mouvement refuse la réduction du
droit de notre peuple et de notre nation à un Etat palestinien dans les
frontières de 1967 comme solution à la question palestinienne, car cela
signifie la dilapidation de la majeure partie de la terre de Palestine, et la
reconnaissance du droit à l’existence de l’entité sioniste, et la concession
sur le droit au retour et à l’autodétermination, et à la libération de la
Palestine.
Le mouvement refuse la normalisation des relations
avec l’ennemi sioniste sous toutes ses formes, par n’importe quel pays arabe ou
musulman, à quelque niveau que ce soit, et affirme la nécessité de faire
revivre et d’appliquer les décisions du boycott arabe de l’entité. La véritable
paix à laquelle appellent le peuple palestinien et les peuples de la nation est
la paix basée sur la réalisation du droit, la suppression de l’oppression, de
l’agression et de l’occupation, la récupération de la Palestine occupée, de son
fleuve à sa mer, par son peuple et ses
propriétaires d’origine, et leur retour à leur terre et leur pays dont ils ont
été expulsés.
Concernant la situation interne, les points les
plus importants concernent l’Organisation de libération de la Palestine et
l’Autorité palestinienne. Au sujet de l’OLP, le document affirme que la
légitimité de tout organisme ou institution et son aptitude à représenter le
peuple palestinien découlent de son engagement fidèle à l’ensemble de son droit
à sa terre la Palestine, à sa lutte pour la récupérer, et son refus de tout
règlement qui limite ce droit, et sa représentativité de l’identité nationale
dans toutes ses composantes, et sa matérialisation de l’unité du peuple dans
toutes ses composantes et là où il se trouve. Or, une grande partie du peuple
palestinien, représenté par le Hamas et le mouvement du Jihad islamique, et de
larges secteurs palestiniens, n’y sont pas intégrés. Ce qui signifie qu’à
l’heure actuelle, l’OLP n’est pas un cadre unificateur des composantes du
peuple, ce qui limite sa légitimité représentative, et de ce fait, elle
n’exprime pas la volonté totale du peuple palestinien.
L’Autorité palestinienne est une autorité d’autonomie,
issue des accords d’Oslo, accords nuls et illégaux, signés en dehors de la
volonté du peuple palestinien. Elle n’a aucune souveraineté sur le sol, ses
prérogatives se limitent à des affaires civiles et de service, dans le cadre ce
qu’autorise l’ennemi en contrepartie de la coordination sécuritaire avec lui
pour protéger l’occupant et la colonisation. Le projet de l’Autorité ne
concerne pas l’ensemble du peuple palestinien. Il est basé sur la dilapidation
de l’unité du peuple et de la terre, et menace l’unité de l’identité
palestinienne. Le mouvement du Jihad islamique entretient des relations avec
l’Autorité en tant que fait sur le terrain, tout en se gardant le droit de
protester contre le projet de l’Autorité et de son parcours.
Les relations nationales : pour le
Mouvement, « l’unité nationale palestinienne, sur la base de la
résistance à l’occupation, est de la plus grande importance pour affronter le
plan sioniste ». Agir pour réaliser cette unité « n’empêche pas les
différentes visions et la différence des buts et des moyens entre les forces et
les organisations palestiniennes, mais vise à instaurer l’action nationale dans
la rencontre sur des points communs ».
Le mouvement refuse le principe de l’affrontement, ou l’utilisation de
la violence, pour régler les problèmes internes palestiniens, comme « il
refuse la réduction du principe du partenariat à la concurrence ou l’accord,
pour le partage du pouvoir de l’autonomie » qui dépend entièrement de
l’entité « israélienne » et de l’aide étrangère conditionnée. Le vrai
partenariat national signifie la participation de l’ensemble des organes,
organisations et actifs palestiniens à construire la décision nationale, ce qui
nécessite la reconstruction des institutions nationales palestiniennes pour
correspondre à un mouvement de libération nationale.
3 – La nation arabo-islamique
« Le mouvement considère que la question de la
Palestine est une question centrale pour la nation arabo-musulmane. Elle a foi
dans l’unité de la nation avec toutes ses composantes dans leur diversité. Le
principe de l’unité a été pratiquement occulté depuis des décennies, remplacé
par l’état de morcellement et de la division, la formation des axes, les
relations basées sur les intérêts étroits ». L’absence d’unité et la
prédominance du morcellement ne supprime pas la conception de l’unité de la
nation, dans la conscience arabe et islamique, et ne délie pas les gouvernants
et les peuples de leur responsabilité envers la défense des questions vitales
de la nation, en premier lieu la Palestine. De même, le fait de n’avoir pas
réalisé « la centralité de la question de la Palestine » dans la
réalité arabe, officielle et populaire, actuelle, et les préoccupations des Arabes
et musulmans par leurs affaires internes et leurs conflits régionaux, ne
suppriment pas l’arabité de la Palestine, ni son caractère musulman, ni ne
suppriment le fait qu’elle est prioritaire, car la question de la Palestine est
la question centrale dont dépend le sort du monde arabe et musulman dans
l’avenir.
Le mouvement appelle au refus de la présence
militaire étrangère sur toute terre arabe ou islamique, et au refus de toute
forme de dépendance étrangère. Il appelle à la suppression des accords de paix
et de tous les accords signés par des Arabes et musulmans, avec l’ennemi
sioniste, la cessation de toute forme de normalisation et de coopération
sécuritaire avec lui.
Le mouvement insiste sur le rôles des intellectuels
arabes et musulmans pour accomplir leur mission, pour la défense des
constituants culturels de la nation et de son identité, et protéger sa mémoire
historique. Pour briser le mur de la position négative arabe et islamique,
envers la Palestine et ses lieux saints, et retenir le flux des normalisateurs,
ceci exige en premier lieu que les Palestiniens prennent l’intiative et se
libèrent du programme du règlement et des accords d’Oslo, et redonnent
considération à la résistance et la développent.
4 – la situation internationale
Les forces occidentales qui gouvernent l’ordre
international contemporain poursuivent leur hostilité historique envers
l’islam, le considèrant comme l’ennemi numéro un de la civilisation
occidentale, et que toute tentative de renouveau arabe et islamique représente
un danger sur l’occident. Elles jugent toute forme de résistance à la
domination américano-sioniste sur la région et le monde comme un acte
« terroriste ».
L’attitude occidentale envers la question de la
Palestine part de la centralité de l’entité « israélienne » dans la
culture et la politique de l’occident. L’alignement global et absolu des
Etats-Unis et son soutien permanent à
l’entité « israélienne » et à son agression incessante contre le
peuple palestinien, sa terre, ses droits et ses lieux saints, sont une attitude
hostile aux Arabes et musulmans en général.. La mise par l’administration
américaine et les Etats européens des mouvements de la résistance et de la
lutte contre l’occupation sioniste sur des listes appelées « liste du
terrorisme » est une implication directe dans l’agression contre notre
peuple et notre nation..
« On ne peut se fier ni prendre pour arbitre
ce qui se nomme « légalité internationale » pour l’exercice de
l’autodétermination de notre peuple et de sa question, cette prétendue légalité
a préparé l’instauration de « Israël » et l’a reconnu en tant que
« Etat aimant la paix ». Le mouvement a foi dans l’importance des
relations et de la coopération avec toutes les forces et courants solidaires de
la juste question de la Palestine dans le monde, qui critiquent le racisme et
les pratiques de l’entité sioniste, et soutiennent la résistance à
l’occupation, et dénoncent les crimes et le terrorisme de l’entité sioniste et
qui s’opposent à ses plans contraires aux droits légitimes et nationaux
palestiniens.
ça va encore prendre combien d'années?tout est fait pour toujours trouver le grain de sable,israêl avec toutes ces condanations sans tire toujours haut la main
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