Au fur et à mesure que les
élections du Knesset approchent, les menaces pèsent de plus en plus sur
al-Quds, et sur la bande de Gaza, plus particulièrement. En effet, les partis
sionistes de tous bords ont décidé la surenchère entre qui profanera le mieux
et le plus la mosquée d’al-Aqsa, entre qui couvrira le mieux la ville occupée
de colonies et de colons, entre qui frappera le plus fort la bande de Gaza et
détruira la résistance.
I - Al-Quds occupée : résistance palestinienne
Les militants de plusieurs
associations construisent un village « la porte d’al-Quds » sur des
terres confisquées, situées à Abu Dis, et prévues par l’occupant pour une
colonie. Les forces de l’occupation ont détruit, tout au long du mois, le
village et volé tout le matériel, mais les militants insistent à le
reconstruire, dans une volonté d’empêcher l’extension de la colonisation et le
maintien des bédouins menacés d’expulsion.
Les fidèles palestiniens des
territoires occupés en 1948 poursuivent leur visite quotidienne, venus en car,
à al-Quds et la mosquée al-Aqsa. La campagne « al-Bayareq » lancée
par le mouvement islamique reprend ses tours quotidiens, malgré le décès de 8
palestiniennes, lorsqu’un car transportant des fidèles du Naqab a été percuté,
en pleine tempête, par un engin conduit par un colon. Presque tous les jours,
ce sont 300 fidèles qui prennent le chemin d’al-Quds, pour affirmer la présence
palestinienne et musulmane dans cette ville.
Le 11 février, ripostant à une
provocation des forces sionistes, la population de Ras al-Amoud attaque les
policiers et les colons. Le 5 février, des jeunes ont fermé la route menant au
quartier Sweyh, dans Ras al-Amoud devant l’avancée des forces sionistes qui
tiraient des bombes sonores et autres projectiles. Le 9/2, des affrontements
ont eu lieu à Ras al-Amoud entre les jeunes et les forces de l’occupation qui
ont essayé d’encercler l’école des filles. Des affrontements ont eu lieu
également devant Bab al-Amoud.
Le dimanche 21 février, un colon
est poignardé près de la maison du maire de l’occupation. Dans la nuit du 20 au
21 février, des affrontements ont opposé les jeunes du quartier Al Issawiya aux
soldats et policiers de l’occupation.
Deux jeunes ont lancé des bouteilles
incendiaires contre les voitures de colons dans la nuit du 3/2, sur la route
Ayn Lawzé –Selwan, le 2 février. Le 3, des affrontements ont eu lieu entre
l’occupant et les Palestiniens dans le camp de Qalandia et Kfar Aqab, au nord
d’al-Quds. Ils ont duré toute la nuit. Le premier février, des jeunes lancent
des projectiles sur le tram dans la zone de She’fat.
Fin janvier, une rencontre à Bir
Zeit a eu lieu pour proclamer le soutien et l’engagement envers la ville
occupée d’al-Quds, organisée par le conseil islamo chrétien, sous la direction
du père Manuel Msallam.
II - Al-Quds occupée : asphyxie et purification ethnico-religieuse
La judaïsation
« touristique » de la ville d’al-Quds bat son plein, avec le projet
de construction de 850 chambres d’hôtel dans Jabal al-Mukabber, à l’est de la
ville occupée, sur 70 dunums confisqués par l'occupant. Ce projet date de 2003,
mais il fut gelé. Netanyahu le reprend, dans le cadre de la campagne
électorale. Cependant, la judaïsation « touristique » est plus large
encore, puisque des quartiers sont visés à Wadi al-Joz, Sheikh Jarrah, Beit
Safafa.
Début février, les bulldozers de
l’occupant ont démoli une maison à Selwan, appartenant à Ma’mun Abbassi. Selon
des chercheurs maqdissis, l’occupation a prévu la démolition de plus de 20.000 maisons
dans la ville d’al-Quds, toutes appartenant à des Palestiniens, en vue de les
expulser, sous le prétexte de construction sans autorisation. Mais les
occupants sionistes accordent des permis de construction aux Palestiniens,
moyennant 40 à 50.000 dollars, avec un délai de 5 à 8 ans. Le 10/2, l’occupant
a démoli la maison de Mohammad Abbassi, qui abrite 14 personnes, dans Ras
al-Amoud. La famille a été expulsée de force de la maison et ses membres
battus, avant la démolition.
Le maire sioniste de la ville
occupée d’al-Quds a déclaré vouloir consacrer plusieurs centaines de millions
de shekels pour judaïser la ville, notamment dans le tourisme et la culture
« à caractère juif et biblique » et dans l’enseignement des Maqdissis
qui devrait être modifié, soit sionisé.
Le village de Lifta à l’entrée
occidentale d’al-Quds, est menacé par la judaïsation « touristique ».
Village dont les maisons n’ont pas été détruites, mais d’où ses habitants ont
été expulsés, le village de Lifta assiste à une nouveau plan sioniste, visant à
le faire considérer par l’UNESCO comme un patrimoine juif, à cause d’une
prétendue source d’eau datant de la Bible. En inventant une histoire biblique
en Palestine occupée, les sionistes tentent de s’emparer du pays tout entier.
Un plan de confiscation renouvelé
par l’armée sioniste vise à s’emparer de la zone située à l’est d’Abu Dis, pour
rattacher des milliers de dunums aux colonies existantes et poursuivre le
projet du « grand Jérusalem ». Des 35.000 dunums appartenant à Abu Dis,
l’occupant a confisqué 30.000 dunums, du côté Est. Pour ce faire, il compte
expulser les bédouins, environ 10.000 personnes.
Le tourisme au service de
l’occupation : en construisant les hôtels sur les terres palestiniennes
confisquées, l’occupant essaie de promouvoir le tourisme dans la ville
d’al-Quds, qui n’est pas uniquement un projet financier, mais surtout idéologique,
où il essaie de mettre en avant une histoire falsifiée grâce à des moyens
technologiques modernes, au détriment de la vraie histoire de la ville et du
pays.
L’occupant prévoit d’expulser des
centaines de Palestiniens et de confisquer 520 dunums pour construire une
déchetterie. Les terres confisquées appartiennent à des Palestiniens de
Issawiya et She’fat. En plus des expulsions et des terres confisquées, les
associations des habitants de la zone visée ont expliqué que leur santé est en
danger puisque la déchetterie prévue se trouve à proximité de leurs maisons.
Pour Khalil Tefakji, directeur du centre de cartographie dans al-Quds, ce projet
est en fait une tentative de prendre les terres de Anata pour agrandir la
colonie de Tallat Faransia et rejoindre plus tard la colonie de Maale Adomim.
Un nouveau projet de judaïsation
est en cours, vers la porte al-Jadid, une des portes de la ville ancienne. Les
sionistes prévoient de changer les dalles historiques et de faire des travaux
de voirie pour attirer les touristes, et de mettre une plaque célébrant la
thora sur la porte, « pour que la porte devienne juive », de modifier
les devantures des magasins et les signalisations. La porte al-Jadid a été
construite en 1886, et est connue par le nom de « Bab Abdel Hamid
II ». La porte donne accès au quartier chrétien et à l’Eglise du St
sépulcre. Pour l’institution al-Aqsa, la modification des traits du quartier
vise à dominer toute la zone, notamment à cause de la proximité du tram. 350
millions de shekels (90 millions de dollars) ont été consacrés entre 2013 et
2019 à judaïser la vieille ville, sous le prétexte de rénovation et de
développement touristique.
III – Al-Quds occupée : répression
L’arrestation des Maqdissis se
poursuit, que ce soit dans les divers quartiers palestiniens de la ville ou
dans la mosquée al-Aqsa. Un des gardiens de la mosquée, Muhannad Idriss, a été
condamné le 16/2 à trois mois de prison ferme pour avoir empêché la police
sioniste d’aider les colons à profaner la mosquée.
Les colons tentent d’enlever
l’enfant du martyr Ghassan Abu Jamal alors qu’il jouait devant sa maison. Ses
oncles parviennent à le libérer. Un colon tire des coups de feu sur le jeune
Mohamad Burqan, 17 ans, au quartier Thawri, au sud de la mosquée al-Aqsa. Mohammad
a été transporté d’urgence à l’hôpital.
L’occupant a arrêté le jeune
Atiya Rajabi au poste militaire installé devant le camp de She’fat (10/2), et
le jeune Yihya al-A’war, 22 ans, dans le quartier Ayn Lawze, à Selwan, après
l’avoir roué de coups. Deux mineurs ont été arrêtés le 15/2 dans Selwan et 4
jeunes ont été arrêtés le 16/2, dont deux du bourg Izariyyé, et le mineur Ahmad
Abu Fuli, 16 ans, a été arrêté à sheikh Jarrah, Mohammad Ziyad Abu Isbitan, 16
ans à At-Tour. Mohammad Abu Tayeh a été arrêté pour « contacts avec
l’ennemi » (Hamas) à Selwan. Les enfants Mohammad Jaffal, 15 ans et
Salameh Hadidoun, 16 ans, ont été arrêté à Abu Dis et immédiatement transférés
vers un centre de l’armée de l’occupation, pour interrogatoires. L’enfant
Hassan Nasser, 14 ans, a été arrêté à Ras al-Amoud et emmené au poste de police
de l’occupant, où il fut roué de coups.
L’enfant Mahmoud Daoud Abul Hawa,
10 ans, a été arrêté à Tour, le 4 février, et emmené au poste de police. Les
autorités sionistes ont réclamé le paiment de 750 shekels pour le faire sortir.
Selon le centre d’informations de Wadi Helwa, les sionistes ont arrêté 150
Maqdissis au cours du mois de janvier, dont 65 enfants, 27 femmes et 8 hommes
âgés entre 40 et 60 ans. Le 10 février, les jeunes Kadhem Abu Sbeih (17 ans) et
Majd Shqayrat (19 ans) ont été arrêtés à Jabal Mukabber, au sud d’al-Quds.
Le 2/2, 5 Palestiniens ont été
arrêtés dans le camp de Qalandia, ainsi qu’une étudiante, Jihaz Ghazzawi, 30
ans, lors de sa sortie de la mosquée al-Aqsa. Le 3/2, le jeune Jihad Qaws, 21
ans, a été arrêté dans sa maison dans la vieille ville.
Des colons installés dans la
colonie Maale Hazeetim, sur les terres de Ras al-Amoud, se sont constitués en
milices armées, pour seconder les forces armées sionistes dans la répression
des Palestiniens. Sous la direction d’un membre ultra de la municipalité de
l’occupation, la milice des colons, dont les membres ont fait partie de l’armée
d’occupation, est un nouveau pas dans l’intensification de la lutte entre
l’entité coloniale et les Palestiniens.
Les autorités de l’occupation ont
libéré les jeunes Ayman Abbassi, 16 ans, de Ras al-Amoud, après 17 mois de
prison, et Bassem Baana, 23 ans, après deux mois de prison à Haddarim, accusé
d’avoir frappé un soldat et lancé des pierres.
Les adolescents Mohammad Mustafa
(14 ans) et Fadi Atiyyeh (17 ans) ont été libérés, après versement de 3000
shekels, et leur détention à domicile.
IV - Al-Quds occupée : les lieux saints
Une pancarte a été installée par
l’occupant devant une des portes de la mosquée al-Aqsa, portant le nom de
« mont du temple » en indiquant la mosquée. Le département des Awqafs
musulmans a protesté, disant que le changement de nom vise à s’emparer de la
mosquée al-Aqsa.
Le ministre sioniste du logement,
Uri Ariel, a déclaré que « cette année assistera à la possibilité pour les
juifs de pratiquer leurs droits religieux et nationaux dans le Mont du
Temple », ce qui signifie, pour le conseil islamo-chrétien, qu’il s’agit
d’une claire déclaration du partage de la mosquée al-Aqsa et la poursuite de sa
judaïsation, car « les droits » dont parle le ministre signifie la
mise en place d’une synagogue à l’intérieur de la mosquée. Par ailleurs, sheikh
Raed Salah a annoncé sa crainte que les sionistes ne fassent exploser une bombe
à l’intérieur de la mosquée, après les élections de la Knesset, ce qu’il aurait
entendu dire par des responsables officiels arabes.
L’institution Al-Aqsa pour le
waqf et le patrimoine a dénoncé les creusements à l’ouest de la mosquée
al-Aqsa, soi-disant pour installer une pièce centrale de contrôle de
l’électricité. Ces creusements se déroulent dans la place al-Bouraq et le
quartier al-Maghariba détruit en 1967 par l’occupant. De nombreux vestiges
musulmans ont été détruits par les creusements.
Plusieurs sites historiques
musulmans sont transformés en salles d’eaux pour les touristes et les colons.
Dans le cadre de Bab al-Maghariba, dans la zone historique appelée « Jisr
al-Banat », située à 50 mètres à l’ouest de la mosquée, les autorités
sionistes ont consacré un lieu historique musulman pour servir de salles
d’eaux.
La profanation de la mosquée
al-Aqsa est devenue presque quotidienne, avec un nombre de plus en plus
importants de profanateurs, au fur et à mesure que les élections de la knesset sioniste
se rapprochent. Policiers, colons anciens et nouveaux, hommes des
renseignements, armée et hommes politiques, tous considèrent que la judaïsation
de la mosquée al-Aqsa doit être réalisée au plus tôt. Les profanateurs sont
accueillis par les Palestiniens par des « Allahu Akbar », et parfois
un peu plus, ce qui entraîne une répression des fidèles musulmans, qui sont
arrêtés, bousculés, frappés, avant d’être emmenés aux postes de police, et
jugés puis interdits d’entrer dans leur mosquée pour un temps précis. Selon le
centre d’informations de Wadi Helwa, 660 colons ont profané la mosquée au cours
du mois de janvier dernier. Ces derniers ont insulté les fidèles musulmans qui
s’y trouvaient, et tenté de monter sur le dôme du Rocher.
V – al-Quds occupée : le quartier al-Buqaa (d’après un article de l’écrivain historien Ussama Ayssa)
Malgré les efforts de judaïsation
incessants depuis 1948, le quartier d’al-Buqaa a préservé son caractère arabe.
Près de la gare ottomane du chemin de fer al-Quds-Yafa, les maisons du quartier
sont là, depuis des dizaines d’années. Le quartier est situé au sud de la
vieille ville, près de la route de Bethlehem. Le voyageur Elia Chelebi
mentionne le quartier en 1670, disant que la zone n’était pas construite mais
qu’elle était plantée de vignes et de vergers. Certaines sources mentionnent le
palais du mufti des Shafi’ites à al-Quds, Mohammad Khalili, à la fin du XIXème
siècle. Al-Buqaa fut également connu par la « vallée des roses », à
cause de l’abondance des roses qui servaient à fabriquer de l’eau de rose pour
les églises et pour les habitants. Les sionistes avaient réclamé, lors de
l’occupation britannique, à changer le nom du quartier, mais les britanniques
ont refusé, pour ne pas susciter la colère des Arabes.
Les sionistes parlent de projets
de colonies dans al-Buqaa dans les années cinquante et soixante du XIXème
siècle, mais qui ne furent pas exécutés. Le quartier d’al-Buqaa s’agrandit avec
la construction de « la colonie allemande » en 1873, puis « la colonie
grecque », puis le quartier Namamra, qui sera connu par al-Buqaa al-Fawqa
(en hauteur), et le quartier Wa’riya (Buqaa al-Tahta, en bas). C’est avec la
construction de la ligne de chemin de fer en 1892 que l’urbanisation du
quartier se développe. Des maisons modestes furent construites près du chemin
de fer pour les employés, puis ces maisons ont été démolies, pour que prennent
place des maisons plus imposantes, pour les Maqdissis et familles palestiniennes
aisées et cultivées. Au cours de l’occupation anglaise, fut inauguré le club
orthodoxe arabe, qui avait une salle pouvant accueillir 100 peronnes, et qui a
accueilli des activités sociales et culturelles. Le quartier avait son terrain
de football, son hôpital, et de nombreuses familles de la bourgeoisie palestinienne
y ont élu domicile.
Le 16 mai 1948, le quartier est dévasté par les
colons sionistes, la plupart de ses habitants se sont réfugiés dans la partie
Est d’al-Quds, en attendant le retour après la fin des combats. Très peu
d’Arabes y sont restés. Selon les témoignages, aucune résistance n’a eu lieu
dans le quartier. En juin, après le cessez-le-feu, les bandes sionistes pillent
les maisons, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien. L’armée sioniste a envahi
les maisons, elle fut suivie par la population juive qui a tout pris, des
aliments jusqu’aux matériels électriques, les meubles, les tapis, les armoires
furent éventrées et leur contenu pillé, les vêtements, les bijoux… pendant
plusieurs mois. Les pilleurs ont arraché les dalles, les céramiques des salles de
bains, les boites électriques, les canalisations d’eau, rien n’est laissé. Les
portes et les fenêtres ont été démontées. Au mois de septembre, les colons
commencent à être installés dans le quartier. Les quelques familles
palestiniennes demeurées dans le quartier sont rassemblées par l’armée sioniste
dans un camp de concentration entouré de barbelés. Ce n’est qu’en novembre 1949
que ces familles ont pu circuler, après avoir obtenu des cartes d’identité de
l’entité. Les maisons palestiniennes furent confisquées et considérées
« biens des absents ». Les familles qui ont essayé de retourner dans
leurs maisons, dans le quartier Namamra, alors qu’elles s’étaient réfugiées
dans l’église allemande, furent interdites de retourner par l’armée de l’occupation.
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