L’Intifada al-Quds, dont certains
situent le déclenchement au premier octobre, est la poursuite, à plus grande
échelle, et de manière plus intense, de la révolte quasi-permanente des
Maqdissis, depuis plus d’un an, depuis l’assassinat de Mohammad Abu Khdayr plus
précisément, au mois de juin 2014. Depuis cette date, la ville d’al-Quds est
devenue le champ d’affrontement à tous les niveaux entre les Palestiniens
Maqdissis et les forces coloniales. Dans les rues et ruelles de la vieille
ville, dans les bourgs et quartiers d’al-Quds, les jeunes se sont opposés à la
terreur sioniste, celle qui consiste à tuer, arrêter, blesser, asperger d’eaux
usagés, à lancer les grenades à gaz asphyxiant, écraser, détruire les
propriétés palestiniennes, réprimer toute expression indépendante et expulser.
Mais l’arrogance sioniste n’ayant pas de limite, les dirigeants de l’entité
coloniale ont voulu profiter de l’absence de l’intérêt arabe et musulman pour
la Palestine, pour activer le plan de la judaïsation de la mosquée al-Aqsa.
Tout au long des mois de 2014 et 2015, les occupants s’en sont pris à la
présence musulmane dans la mosquée, en interdisant l’entrée des fidèles, en les
soumettant à des contrôles humiliants, en arrêtant femmes et hommes aux portes
ou à l’intérieur de la mosquée, quand ces derniers s’opposent aux profanations
de la mosquée par les colons et officiels de l’entité, en émettant des dizaines
d’ordres d’éloignement de la mosquée al-Aqsa, ou d’al-Quds, à des Palestiniens
venus des territoires occupés en 48 ou à des Maqdissis. Al-Quds et la mosquée
al-Aqsa sont menacés par la judaïsation. Ce fut la cause directe de la
généralisation de la révolte palestinienne contre l’occupation.
Revenir aux premiers moments de
l’Intifada al-Quds peut aider à comprendre son déclenchement. Les scènes de
violence perpétrée contre les Murabitat (femmes gardiennes de la mosquée
al-Aqsa), alors que les juifs entraient sous escorte sécuritaire, par
centaines, dans la mosquée, prétendant qu’il s’agit de l’emplacement d’un
temple juif, et le silence complice des dirigeants arabes et musulmans devant
de tels actes provocateurs, ont poussé les Palestiniens à riposter comme il se
doit : les opérations de poignard, la première menée le 3 octobre par le
martyr Muhannad Halabi, membre de la Ligue estudiantine du Mouvement du Jihad
islamique, immédiatement suivie par d’autres opérations semblables, les
manifestations, jets de pierre et de cocktails molotov sur l’occupant dans les
bourgs maqdissis, puis aux points de confrontation avec les forces armées de
l’occupation en Cisjordanie, et notamment dans la ville d’al-Khalil et les
camps palestiniens. Ce soulèvement dans al-Quds et quelques villes et villages
de la Cisjordanie est accompagné par un soulèvement dans les territoires
occupés en 48, principalement dans les villes et grands bourgs. Quelques jours
après, les Palestiniens de la bande de Gaza affirment leur participation à
l’Intifada en manifestant près la « zone sécurisée ». Les sionistes
commettent un massacre en tirant : onze martyrs tombent.
Les causes de l’Intifada al-Quds
sont multiples, et la défense de la mosquée al-Aqsa, comme lors de la seconde
intifada en 2000, est le motif déclencheur. S’il faut établir un ordre dans
l’énumération des causes, il faut placer en second lieu les horribles crimes
commis par les colons, restés impunis malgré les protestations de quelques
dirigeants sionistes, poussant la colère palestinienne à son comble. Puis la
colonisation rampante, les barrages humiliants, les arrestations par centaines,
les guerres contre Gaza et le blocus maintenu, malgré les victoires militaires
de la résistance palestinienne. Les discours creux de l’Autorité palestinienne
et de son chef ont confirmé la nécessité de se prendre en main, et de ne rien
attendre de la direction, d’autant plus que la division inter-palestinienne
semble perdurer. Et pour clore, l’absence totale de la question palestinienne
dans les discours prononcés à l’assemblée générale de l’ONU, le 29 septembre.
Le fait de faire du 30 septembre « la journée du drapeau
palestinien », saluée par l’Autorité palestinienne, est apparu comme une
piètre mascarade qui ne répond en rien aux crimes de l’occupation coloniale.
Résistance palestinienne et répression :
Fin septembre, l’opération de la
résistance palestinienne contre des colons de « Itamar » a prouvé qu’il
était possible de mener des opérations armées en Cisjordanie, bravant la
coordination sécuritaire entre l’Autorité palestinienne et l’occupant. Bien que
certains analystes essaient de la séparer des événements qui ont suivi, cette
opération a signalé que la colère palestinienne est à son comble, surtout
depuis l’immolation par les colons de la famille Dawabsheh, deux mois plus tôt.
Mais c’est dans al-Quds occupée, dans les ruelles de la vieille ville, que l’opération
de poignard menée par le martyr Muhannad Halabi, le 3 octobre, que le coup d’envoi
est donné pour les futures opérations de poignard, malgré la vague répressive
et meurtrière de l’occupation qui a suivi et qui se poursuit. Plus de 1200
Palestiniens sont arrêtés au cours de trois semaines d’Intifada, la plupart
dans les villes d’al-Quds et d’al-Khalil. Selon les statistiques, 23% sont des
enfants âgés entre 13 et 18 ans. Le nombre de blessés a dépassé les 2000, entre
blessés graves et blessés légers, victimes des tirs à balle réelle, du gaz asphyxiant,
et des brutalités de l’occupation. 64 martyrs sont tombés depuis le 3 octobre,
dont 20 de la ville d’al-Khalil, 15 dans la ville d’al-Quds, 14 dans la bande
de Gaza, où se rassemblent régulièrement des jeunes, en soutien à l’Intifada
al-Quds, et parmi eux 14 enfants de moins de 18 ans. Le nombre élevé des
martyrs est dû au fait que l’occupant a intentionnellement exécuté des
Palestiniens, surtout des jeunes et des enfants, prétendant qu’ils avaient l’intention
de poignarder des colons ou des soldats sionistes. Tout comme il a préféré
exécuter les résistants qui ont effectivement poignardé ou écrasé des colons,
plutôt que de les blesser et de les arrêter. En procédant à leur exécution sur
le terrain, les sionistes pensent d’une part pouvoir arrêter la révolte
palestinienne, alors que le crime de l’exécution ne fait que raviver la colère et
la détermination palestiniennes, et d’autre part, poursuivre leur politique
d’extermination lente du peuple palestinien. Pour les sionistes, l’individu
palestinien ne compte pas. Il faut mentionner que la tuerie exécutée sur les
Palestiniens de Gaza, le 10 octobre, ressemble en tout point à celle executée
en mai 2011 sur les réfugiés palestiniens, qui s’étaient regroupés aux
frontières palestino-libanaises et dans le Golan, réclamant leur droit au
retour en Palestine. Dans les deux cas, les dirigeants sionistes tirent dans la
foule pour tuer. Ces tueries prouvent que les sionistes ont peur, même lorsque les
Palestiniens avancent sans armes, vers les « frontières ». Juste le
fait de marcher vers les « frontières » avec une possibilité de les
franchir les rend hystériques.
Croyant pouvoir réprimer la
colère des Palestiniens, les sionistes ont décidé de ne plus livrer les corps
des martyrs aux familles, afin d’éviter les marches funèbres, qui sont souvent
des manifestations contre l’occupant. Mais cette décision a suscité des
manifestations réclamant les corps des martyrs.
L’hystérie bat son splein dans l’entité
coloniale, avec 56 opérations de poignard exécutées par les résistants
palestiniens, rien qu’au cours de ce mois d’octobre. Les opérations
palestiniennes ont entraîné la mort de 11 sionistes, et blessé quelques
centaines, parfois de manière indirecte, car elles ont entraîné une telle
panique au sein des colons, vivant dans les territoires occupés en 1948 ou en
1967, que les sionistes se ruaient par les hublots des trains pour fuir des
soit-disant menaces qu’ils voyaient partout. Ou alors, les sionistes se
tiraient les uns sur les autres, pensant qu’il s’agissait d’ « Arabes ».
Cet état de panique généralisée au sein de la colonie a eu des répercussions
sur l’économie de l’entité, notamment dans al-Quds, même dans sa partie
occidentale. La presse sioniste a consacré des articles à ce propos, mettant en
avant que ce sont les petits et moyens commerçants sionistes dans la ville d’al-Quds
qui ont « souffert » le plus de l’Intifada al-Quds.
Martyrs palestiniens tombés depuis le 3 octobre :
1 - Muhannad Halabi (al-Bireh), 19 ans ; 2 – Fadi Aloun (Al-Quds), 19 ans ; 3 – Amjad Jundi (Yata, Al-Khalil), 20 ans ; 4 – Thaer Abu Ghazale (Kfar Aqab, Al-Quds), 19 ans ; 5 – Abdel Rahman Ubaydullah (Camp Ayda, Bayt Laham), 11 ans (tombé le 5 octobre) ; 6 – Hudayfa Sulayman (Tulkarm), 18 ans ; 7 – Wissam Jamal (Camp She’fat, al-Quds), 20 ans ; 8 – Mohammad Jaabari (Khalil), 19 ans ; 9 – Ahmad Jamal Salah (Camp She’fat, al-Quds), 20 ans ; 10 - Ishâq Badran (Kfar Aqab, al-Quds), 16 ans (tombé le 10 octobre) ; 11 – Mohammad Sa’id Ali (Camp She’fat, al-Quds), 19 ans ; 12- Ibrahim Awad (Bayt Ummar), 28 ans ; 13 – Ahmad Sharaka (Camp al-Jalazon) 13 ans (assassiné le 11 octobre) ; Mustafa al-Khatib (Sour Baher, al-Quds), 17 ans (assassiné le 12 octobre) ; 15 – Hassan Manasra (Bayt Hanina, al-Quds), 15 ans ; 16 – Mohammad Shamasne (Qatana, al-Quds), 22 ans ; 17 Baha’ Alaayn (Jabal Mukabber, al-Quds), 22 ans ; 18 – Alaa Abu Jamal (Jabal Mukabber, al-Quds), 33 ans ; 19 – Mu’tazz Zawahra (Bayt Laham), 27 ans ; 20 – Bassel Sard (al-Khalil), 20 ans ; 21 – Ahmad Sha’ban (al-Quds), 23 ans ; 22 – Riyad Dar Youssof (Ramallah) 46 ans ; 3 – Fadi Darbi (Jénine, décédé en détention), 30 ans ; 24 – Ihab Hanini (Bayt Fourik, Nablus), 19 ans : 25 – Iyad Awawdeh (al-Khalil), 26 ans ; 26 – Tareq Natché (al-Khalil), 17 ans ; 27 – Bayan Usayli (al-Khalil), 16 ans ; 28 – Fadl Qawasmeh (Al-Khalil), 18 ans ; 29 – Omar Faqih (Qatana, al-Quds), 23 ans ; 30 – Mu’tazz Uwaysat (Jabal Mukabber, al-Quds), 16 ans ; 31 – Muhannad Uqbi (Naqab), 21 ans ; 32 – Hoda Darwish (Issawiya, al-Quds), 65 ans ; 33 – Uday Musalma (al-Khalil), 24 ans ; 34 – Hamza Amleh (Bayt Ula, al-Khalil), 25 ans ; 35 – Hussam Jaabari (al-Khalil), 18 ans ; 36 - Bashar Jaabari (al-Khalil), 15 ans ; 37 – Mu’tazz Qassem (Izariya, al-Quds), vingtaine ; 38 – Hashim Hashim (al-Khalil), 54 ans ; 39 – Mahmoud Ghunaymat (Sourif), 20 ans ; 40 – Ahmad Kamil (Qabatya, Jénine), 17 ans ; 41 - Dania Irshid (Al-Khalil), 17 ans ; 42 - Saad al-Atrach (al-Khalil), 20 ans ; 43 – Raed Jaradat (Sa’ir, al-Khalil), 22 ans ; 44 – Iyad Jaradat (Sa’ir, al-Khalil), 19 ans.
45 – Shadi Hussam Dawla (Gaza),
20 ans ; 46 – Ahmad Herbawi (Shaja’iya, Gaza), 20 ans ; 47 – Abd Wahidi
(Shuja’iya), 20 ans ; 48 – Mohamad Raqab (Gaza), 15 ans 49 – Adnan Abu
Alayan (Khan Younes, Gaza), 22 ans ; 50 – Ziyad Sharaf (Gaza), 20 ans ;
51 – Jihad Ubayd (Dayr Balah, Gaza), 22 ans ; 52 – Marwan Barbakh (Gaza),
13 ans (tombé le 10 octobre) ; 53 – Khalil Uthman (Gaza), 18 ans ; 54
– Nour Hassan (Gaza), 30 ans ; 55 - Rahaf Hassan (Gaza), 2 ans (bombardée
le 11 octobre) ; 56 – Shawqi Ubayd (Bayt Hanoun) 37 ans ; 57 – Yahya Farhat
(Shuja’iya, Gaza), 24 ans ; 58 – Mahmoud Hamida (Gaza), 22 ans ; 59 –
Ahmad Sarhi (Gaza), 20 ans ; 60 – Yahya Karira (Gaza), 20 ans ; 61 –
Khalil Abu Ubayd (Khan Younes), 25 ans; 62 - Izzidine Abu Shakhdam
(al-Khalil) ; 63 - Shadi Qudsi (al-Khalil); 64 – Human Sa’id (al-Khalil),
22 ans
Déclarations : le refus de l’accord américano-jordanien-sioniste sur la mosquée al-Aqsa
Nombreux sont les responsables
palestiniens qui ont riposté à l’accord conclu entre le sioniste Netanyahu,
l’Américain Kerry et le régime jordanien, concernant la mosquée al-Aqsa.
L’accord qui affirme revenir à la situation antérieure ne change rien en fait,
puisqu’il autorise les sionistes et les étrangers à profaner la mosquée, et
accorde aux sionistes le droit d’autoriser les fidèles palestiniens à entrer
dans leur mosquée, s’ils montrent « patte blanche », c’est-à-dire
s’ils prouvent qu’ils sont « paisibles », selon les critères
sionistes. De plus, des caméras seraient installés tout autour de la mosquée,
pour le contrôle des fidèles à l’intérieur de la mosquée. Dans cet accord,
Netanyahu a effrontement menti, lorsqu’il a affirmé que les sionistes n’ont pas
eu l’intention de modifier le statut de la mosquée al-Aqsa, ce qui est
contredit par les manuels scolaires des sionistes où la mosquée al-Aqsa
n’existe pas. Dans les déclarations de Netanyahu et de tous les sionistes, de
gauche et de droite, , c’est toujours du « Mont du temple » qu’ils
parlent, ne reconnaissant pas la présence de la mosquée al-Aqsa, ce qui
confirme leur intention de la détruire.
Le Mouvement Islamique dans
l’intérieur palestinien (occupé en 48) a commenté l’accord disant que « la
« situation antérieure » que nous connaissons historiquement et que
nous considérons comme étant une solution est l’entière souveraineté musulmane
sur la mosquée al-Aqsa et la fin de l’occupation israélienne. » Le Mufti
d’al-Quds, Mohammad Hussayn a pour sa part déclaré : « la mosquée
al-Aqsa est une mosquée intégralement musulmane, et pour les musulmans seuls.
Personne ne peut partager avec eux cette souveraineté et elle ne peut être
soumise à des entretiens ou consultations ». Il a ajouté :
« al-Aqsa subit des agressions menées par différentes parties
israéliennes, avec le souien du gouvernement israélien et sa police. S’ils
veulent s’éloigner de la mosquée et arrêter leurs agressions, qu’ils le fassent
tous seuls, car nous ne participatons pas à ce genre de rencontres (proposition
sioniste d’organiser une réunion conjointe). Al-Aqsa n’est pas soumis à la
discussion entre musulmans et juifs, ou pour toute sortes d’initiatives. C’est
une mosquée intégralement musulmane, aux Arabes et musulmans seuls, et les
Juifs n’y ont aucun droit. »
Le président du « Conseil
Islamique », sheikh Ikrima Sabri, a affirmé que le fait d’accepter
d’installer des caméras de surveillance « israéliennes » dans la
mosquée al-Aqsa et ses places, sous l’égide des Awqaf islamiques et les
autorités de l’occupation, signifie accepter de collaborer avec l’occupation
pour la gestion de la mosquée et des lieux saints dans al-Quds occupée, ce qui
est très grave ». Il a poursuivi que les Palestiniens ne le permettront
pas.
L’Autorité palestinienne, par la
voix de son ministre des Affaires Extérieures, a déclaré que les caméras qui
seraient installés sont prévues pour contrôler les Palestiniens. Cette
déclaration a a uscité la colère des responsables jordaniens qui expliquent que
les caméras sont conçues pour documenter sur les agressions sionistes, et
qu’elles ne sont pas sous surveillance de l’entité coloniale, mais que « des
équipes jordaniennes et israéliennes se mettront d’accord » sur la
question, pour faire « régner le calme dans la mosquée ».
Le mouvement du Hamas a
déclaré à ce propos qu’il est « nécessaire de confirmer l’état
historique de la mosquée al-Aqsa, comme cela était avant l’occupation par
l’entité israélienne de la mosquée et de la ville d’al-Quds, avant 1967, car il
s’agit d’un lieu intégralement et exclusivement musulman, et le département des
Awqaf d’al-Quds est responsable de sa gestion, cela d’un point de vue
juridique, légal et historique. »
Concernant la visite de Ban Ki
Mon, en Palestine occupée, pour rencontrer les dirigeants sionistes et les
Palestiniens, le député du mouvement Hamas, Isma’il al-Achkar a déclaré le
20/10 : « A mon avis, la visite du secrétaire général de l’ONU à
l’entité sioniste vise à se rassurer sur la capacité de l’entité à supporter la
révolution des poignards et l’intifada menée par les jeunes de notre peuple
palestinien ». Il a dénoncé cette visite comme servant à propager les
mensonges de l’occupation et à faire pression sur l’Autorité palestinienne pour
qu’elle arrête l’Intifada al-Quds. Cette position est partagée par l’ensemble
de la classe politique et des mouvements de la résistance palestinienne, qui
ont dénoncé la visite de Ban Ki Mon en affirmant que ce dernier cherche avant
tout à arrêter l’Intifada, pour assurer les intérêts de l’occupation.
Analyses :
Dans un article paru le 27
octobre intitulé « Une fois encore, à propos des objectifs de la lutte
palestinienne » Munir Shafiq, penseur arabo-palestinien, revient sur les
objectifs de la révolution palestinienne et ses stratégies. Il affirme que le
fait d’avoir introduit comme objectif la création d’un Etat palestinien est au
centre de la crise vécue par le mouvement national palestinien. Car cette
revendication a entraîné les concessions, d’autant plus qu’il s’agissait d’un
Etat qui n’a pas sa base, la terre, qui est occupée. Cette revendication a été
placée à la tête de toutes les autres, comme si le but était de fonder un Etat,
et non de libérer la Palestine occupée. Pour l’auteur, les objectifs actuels
sont clairs et ne réclament pas de longs débats : chasser l’occupant
des territoires occupés en juin 1967, démanteler les colonies, libérer les
prisonniers. Pour ce faire, la lutte palestinienne doit inclure la lutte armée,
la résistance et les luttes populaires.
Dans un article paru le 21
octobre, l’ancien responsable au Fateh, Mu’in Taher, défend l’idée que la
résistance armée n’est pas la « militarisation » de l’Intifada. En
effet, depuis le début du déclenchement de l’Intifada, certains intellectuels
proches de l’Autorité palestinienne et de la gauche palestinienne ont mis en
garde contre la « militarisation » de l’Intifada, considérant que
cette militarisation nuira au mouvement populaire, mais ces intellectuels
craignaient en fait l’utilisation des armes dans la lutte actuelle. Mu’in Taher
répond en montrant la différence entre la résistance armée et la
« militarisation », la première étant légitime et doit être présente
aux côtés des luttes populaires, alors que la « militarisation » n’a
pas lieu d’être, puisque c’est un phénomène maladif qui s’est plutôt retourné
contre le peuple, l’apparition publique en armes ne signifie pas mener la
résistance. La résistance armée peut et doit être le soutien de la lutte
populaire, qui peut prendre des formes très différentes, comme organiser les
comités de surveillance pour protéger les villages, couper les routes,
boycotter les produits sionistes, arrêter de travailler dans les marchés
sionistes, arrêter de payer les impôts, dénoncer ceux qui collaborent avec
l’ennemi, etc… La résistance armée ne doit pas s’isoler des masses en lutte,
sinon elle est vite encerclée par l’ennemi. C’est le peuple qui protège la
résistance.
Dans un article daté du 28
octobre, intitulé « Kerry et la légalisation de la profanation d’al-Aqsa »,
le professeur Abdel Sattar Qassem dénonce le plan Kerry concernant la mosquée
al-Aqsa, affirmant d’abord que les Etats-Unis sont des alliés de l’occupation et
ne peuvent jouer le rôle de médiateur dans ce conflit. Pour lui, Kerry a
légalisé la présence et profanation par les non-musulmans de la mosquée
al-Aqsa, alors que les Nations-Unies avaient jusque là voulu maintenir un
statu-quo. Mais les Etats-Unis sont allés contre ce statu quo en proposant que
les juifs aient « droit de visite » dans la mosquée. Ce droit, seuls
les Palestiniens sont autorisés à l’accorder à qui bon leur semble, et nul
autre. En fait, la proposition de Kerry légalise, pour la première fois, au
niveau international, le « droit » des Juifs à se trouver dans la
mosquée al-Aqsa et d’autres lieux saints en Palestine. L’auteur compare la
proposition de Kerry à la promesse Balfour, qui a d’abord proposé un « foyer »,
puis il y a eu le partage entre « Juifs et Arabes », puis toute la Palestine
est sous occupation sioniste à présent. Il peut être de même pour la mosquée
al-Aqsa, qui de « exclusivement musulmane », passe à un « droit
de visite », puis devient « juive et musulmane » pour finir « juive ».
Dans la presse sioniste :
La décision de Netanyahu de
supprimer le droit de séjour aux Palestiniens de certains quartiers de la ville
occupée suscite des remous dans la presse sioniste, notamment libérale comme
Haaretz, tout comme l’ordre de bloquer certains quartiers (Jabal Mukabber,
Issawiya) par des murs ou des blocs en béton. Cette dernière mesure est
considérée comme allant à contre-courant de la déclaration de l’unification de
la ville d’al-Quds. Pour certains analystes, al-Quds n’a jamais été unifiée
(Est et Ouest), car les différences sont très vives entre les deux parties, non
seulement par la population, mais aussi par les services fournis par la
municipalité, la partie orientale d’al-Quds, occupée en 1967, reste très
en-deça de l’égalité avec la partie occidentale. Si la presse sioniste rapporte
généralement les opérations de poignard ou les prétendues opérations,
justifiant les assassinats et les exécutions, elle souligne par ailleurs l’état
de panique dans la société coloniale. La presse libérale essaie cependant de
mettre en garde contre la répression des « Arabes israéliens » (les
Palestiniens de 48), en les empêchant de s’exprimer « dans les limites
fixées par les lois » sionistes, et de leurs députés, car une forte
répression entraînera des dommages dans la « société israélienne ».
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